Je déteste tes mots

1K 66 11
                                    


L'air frais faisait du bien à ma peau, mes cheveux s'emmêlant a cause du vent.
Tout en marchant, je revoyais les yeux de Cinq quand j'avais eu l'audace de prononcer cette phrase. Ils s'étaient d'abord écarquillés, surpris, puis une lueur indescriptible les avait traversés. Il y avait eu la peine, la colère, la honte, le dégoût et pour finir la tristesse. Il avait serrer la mâchoire en hochant la tête avant de lâcher un faible « très bien ».
Après ça, la fête avait prit fin.

Je ne ressentais aucune colère en moi, je n'avais plus celle qui avait grondé il y a quelques minutes. Non maintenant j'étais heureuse, euphorique, dans un petit nuage de buée parfumé au rhum coca. J'entendais ses pas derrière moi et quand le bruit de quelqu'un qui marche dans une flaque atteignit mes oreilles, je remarqua qu'il gouttait légèrement.

Celia : il pleut.

Je m'arrêta en soulevant ma main à hauteur de mon épaule, laissant une goutte d'eau roulée dessus, alors qu'il me dévisageait, intrigué.
Je releva la tête, appréciant l'humidité et la fraîcheur de l'eau sur mon visage.

Cinq : viens, on va être trempé.
Celia : j'aime bien la pluie. Et la musique qu'elle joue quand elle termine sa course sur un obstacle. Elle reste jolie malgré tout.

Je me secoua les cheveux puis, remarquant que nous étions sur un pont au rebord assez large, monta sur ces deniers telle une enfant. Je fis quelque pas titubant, les bras un peu écartés pour garder l'équilibre, un sourire innocent sur les lèvres.

Cinq : Tu ferais mieux de descendre.

Mais je ne l'écoutais pas. Je ne pouvais pas savoir si il se fichait de mon sort ou si une peur montait en lui, faisant naître une drôle de douleur dans son ventre, même si j'avais une petite idée de la réponse.

Cinq : Celia descend c'est dangereux.

Justement c'est le but. Le frisson de l'incertitude. Ne pas savoir si le prochain pas sera le dernier ou non. C'est paradoxal mais c'est pour ça que je vivais. Mon cœur battait pour savoir quand il allait s'arrêter. Je fis un tour sur moi même, toujours dans cette idée de défit. J'étais plus habile qu'un chat et la boule qui se formait dans mon ventre à la vue du vide si proche était tellement excitante.

Cinq : Arrête ça, maintenant.

Je tourna encore une fois puis m'arrêta les deux pieds vers le vide, chancelant légèrement.
Je rigola doucement, sentant la pression qui se relâchait dans ma cage thoracique alors qu'elle y avait éruption en un millième de secondes.
J'entendis ses pas qui se rapprochaient derrière moi, ce qui me fit rouler des yeux.

Cinq : descends. S'il te plaît.
Celia : ou quoi ?
Cinq : ne joue pas à ça, pas maintenant.

Je ne répondis pas immédiatement, les différents scénarios possibles défilant dans ma tête. J'opta pour celui que j'aimais le plus puis me retourna vivement, manquant de perdre l'équilibre. Il réagit rapidement, tendant ses bras vers moi.

Celia : si je décidais de me laisser tomber là maintenant tu ferais quoi ?
Cinq : Celia je t'en prie ne fais rien de stupide.
Celia : vérité. Tu ferais quoi ?
Cinq : je n'ai pas envie de jouer. Descend.
Celia : répond.

Il planta ses yeux dans les miens, l'inquiétude flamboyant en eux. J'étais parfaitement calme et posée, alors que ma vie menaçait de s'arrêter d'une seconde à l'autre.
C'est drôle hein ? La perception du temps. Parfois une minute peut sembler dérisoire, le temps passe si vite qu'on ne le voit même pas.
Et parfois les secondes sont interminables. Comme si tout fonctionnait au ralentis.
Tout cela dépendait de la situation dans laquelle on était, bien évidemment.
Mais le temps s'était subjectif, une pure invention humaine, la seule vrai conception du temps qu'on peut avoir, c'est la nôtre.
J'inspira grandement, laissant mon poids se diriger vers une mort certaine. Et comme je l'avais prévu, il fut plus rapide, sa main agrippant ma taille et me projetant sur le sol. Je ferma les yeux lors du choque, alors que les siens me scrutaient attentivement, toujours dans cette état de panique constante. J'avais l'impression d'entendre son cœur battre beaucoup trop vite pour un humain normal, son visage n'étant qu'à quelque centimètres du mien, alors que nous étions allongés sur le sol, lui au dessus de moi.

Action ou vérité ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant