Juste un jeu

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Une partie de moi essayait de le pousser à l'abandon, jouant chaque coup avec une précision et une prédiction visant le mat.
J'allais le faire craquer, même si cela devait le faire rager avant.

~•~

Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il pouvait être, et à vrai dire, cela m'importait peu. Étant peu réveillée, j'avais toujours la tête dans le flou, c'était agréable. Les cheveux du garçon allongé contre ma poitrine chatouillaient la racine de mon cou au fur et à mesure qu'il respirait. Son souffle aussi me caressait. Presque par automatisme, je passa ma main dans ses fils bruns et joua avec. Il poussa un soupir d'aise.
Pourquoi fallait il qu'à chaque fois où je me réveillais à ses côtés, la culpabilité m'envahisse ? Pire que ça, je m'en voulais de culpabiliser. J'aurais aimer que cela ne soit pas le cas. Mais que pouvais je y faire ?
Son bras droit était plié sous sa tête, son bras gauche entourait ma taille, me retenant inconsciemment, comme si il avait peur que je m'en aille. Quand sa respiration devint irrégulière, je compris qu'il était réveillé lui aussi. Aucun de nous ne parlait. Sa main resserra sa poigne sur ma hanche, ses doigts caressant ma peau et me titillant légèrement, puis il m'embrassa au niveau de la clavicule, ce qui déclencha un frisson dans tout mon corps.
Je le sentis sourire et rigoler légèrement.

Cinq : madame est chatouilleuse ?

Il réitéra l'action plusieurs fois, montant maintenant le long de ma gorge. Il traça le contour de ma mâchoire puis posa un baiser sur ma joue avant de recommencer sur mes lèvres. C'était un chaste baiser, comme pour conclure la fin de son châtiment. Il me détailla, son sourire fanant un peu, et passa sa main sur mon visage, dégageant une mèche de cheveux.

Cinq : qu'est-ce qu'il y'a ?

Je réfléchis en le regardant un moment.

Celia : tu t'es déjà demander ce qu'était la vérité ?
Cinq : non. Pas vraiment.

Il s'allongea à côté de moi, fixant le plafond, un bras plier sous la tête.

Cinq : pourquoi ? Toi oui ?
Celia : au fond la vérité ce n'est qu'une convention pour aider l'humain à accepter les fait. Rien n'est jamais totalement parfaitement vrai, à part un mensonge.

Il se tut un instant, méditant sûrement sur mes paroles.

Cinq : pourquoi tu penses à ça ?

Je tourna la tête vers lui.

Celia : a défaut de ce que je pense, je n'aime pas mentir.
Cinq : ...et ?
Celia : et j'ai envie de te dire la vérité, ou ce qui s'en rapproche le plus du moins.
Cinq : de quoi tu parles ?
Celia : l'amour. Ce qui se passe entre nous.

Il me regarda aussi, perplexe.

Celia : je me suis rendue compte que... j'étais incapable d'aimer. J'ai essayé, je n'y arrive pas. Et que donc si un jour je te disais que je t'aimais et bien... ce serait un mensonge.

Il ne me répondit plus, se contentant de soupirer. En fait il ne voulait même plus réagir, il essuyait juste un autre revers que je venais de lancer. C'était bancale. Comme si je venais de mettre son roi en échec et qu'il se contentait de le déplacer, sans plus aucune idée technique. Il savait que même si je ne pouvais pas lui porter d'amour, j'avais une attirance envers lui, et qu'il devrait s'en contenter. Il se déplaça en soufflant à nouveau puis posa sa main sur ma joue, caressant ma pommette avec son pouce.

Cinq : oui mais tu l'as dis hier, je suis devenu addicte à toi. Et je sais aussi tu connais la force d'une dépendance et que tu ne voudras pas m'en priver, j'ai tord ?
Celia : tu t'engages dans un jeu dangereux ?
Cinq : ça fait bien longtemps que la partie a commencé.

Action ou vérité ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant