Chapitre 14 - L'Instéo

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Aphte se précipitait à l'adresse où se trouvait, temporairement implanté, l'édifice du Conseil des sages et Haute Autorité décisionnelle de Tora. En effet, l'institut, qui se voulait touriste et publiciste, déménageait régulièrement son quartier général, afin d'encourager la découverte des diverses régions du terroir. Et heureusement pour Ayk, cette année, le nouveau domicile de ses « conseillers préférés » n'était autre que la Capitale Ordest. Très précisément, les nouvelles coordonnées étaient le : 752, jardins Iznik, rue Foghe ; donc, à deux pas de chez lui.

Arrivé sur les lieux, l'Hano (Génie en mécanique) fut agréablement escorté par une série d'arches métalliques aux ornements courants. Les arabesques constituaient des plantes lynes disposées en enroulements successifs. Chaque arche, quant à lui, avait une inclinaison différente. Mais, collectivement, l'intégralité des ouvrages formait une œuvre artistique à l'image d'une lyne gigantesque aux reflets argentés. De ce fait, la rose fleurissait au fur et à mesure qu'Aphte progressait sur le pont qui surplombait le lac artificiel du jardin.

En avançant sur le tablier, Aphte eut l'illusion de marcher sur l'eau puisque la passerelle avait été réalisée avec un métal rare, aux propriétés translucides. De plus, le cours d'eau en dessous de lui, au blanc cristallin, l'autorisait à distinguer avec admiration : des poissons excentriques, des coraux enluminés, des cailloux difformes et autres habitants scintillants du lac Iznik.

Lorsqu'il se trouva à quelques pas des entrées de l'Instéo, les yeux riboulants, l'Hano laissa s'échapper :

— Waouh ! Certes, ce n'est pas une plante ! Mais... cette bâtisse est une véritable beauté !

Le mécanicien se perdait en émerveillement. Pour lui, c'était un privilège inespéré que de contempler, une seconde fois, ce chef-d'œuvre. À ce propos, sa première visite remontait à son enfance, à l'âge de quatre ans, lors d'une coutumière « sortie découverte » avec sa mère Chadi. Depuis, les horaires impossibles du métier n'autorisaient que, rarement, au fils Cowe des déplacements hors d'Ordest.

Et maintenant, devant le visiteur impromptu, se tenait une magnifique construction cubique dont le côté mesurait cent mètres. En outre, ce géant bâtiment se dressait, stable, verticalement et majestueusement, sur un de ces sommets. De telle sorte qu'à distance, l'illusion donnait à l'architecture la forme d'un rhomboèdre.

L'Instéo était la dénomination qu'avait attribuée le concepteur et constructeur de cette édification volante : l'Énia Hano Iznik Kelse. Par la suite, ce patronyme finit par désigner également le Conseil des intellectuels Toraïtes qui s'y réunissait.

À ce moment-là, Aphte C. se remémora sa première visite.

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Pendant que sa mère Chadi, le tenait tendrement par la main droite. Elle lui décrivait, par la senestre, l'histoire de l'immense cube.

Regarde, Ayk ! C'est maman qui a construit ce bâtiment, avec ton oncle Kelse ! dit-elle, radieuse, alors qu'ils traversaient la passerelle, à petits pas.

Dès lors, son mari Iffa, qui les accompagnait, prit le garçon dans ses bras. Et précautionneusement, il le plaça sur ses épaules. Désormais, en hauteur, Cowe junior appréciait davantage les explications de la mère Hano.

Ayk ? appela Chadi, d'une voix doucereuse.

Aussitôt, le petit détourna ses yeux, brillants d'éblouissement, des façades en verres de l'institut et observa le visage rayonnant de sa mère.

Peux-tu deviner avec quel matériau a été réalisé l'ossature ? demanda le Maître Hano, à son apprenti.

Euh...

Les habitants de ToraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant