#1 Le Sang Des Anges ▶ Narry◀

Chapitre 4

Harry était assis dans Central Park, fixant du regard des canards qui tournaient en rond dans un étang. Il était venue là pour mettre de l'ordre dans ses idées, mais l'initiative n'était pas couronnée de succès. Il n'arrivait qu'à se demander si les canards rêvaient ou pas.

Il penchait pour la négative.

De quoi pourrait bien rêver un canard ? De pain frais, d'un vol sympa vers n'importe quel putain d'endroit où les canards se rendaient. Voler. Sa respiration resta bloquée dans sa poitrine alors que sa mémoire lui renvoyait des images - celles de superbes ailes striées d'or, de regards prouvant la puissance, d'éclats de poussière d'ange. Il se frotta les yeux dans un effort pour effacer ces souvenirs. Cela ne marcha pas.

C'était comme si Niall avait implanté une maudite suggestion subliminale dans son esprit et ce dernier ne cessait de faire remonter à la surface de sa mémoire les images des choses auxquelles précisément il ne voulait pas penser. Cela ne l'aurait pas étonnée de la part de l'Archange, mais il n'avait certainement pas eu le temps nécessaire pour mettre autant le bordel dans sa tête. Il était partie moins d'une minute après qu'il lui avait dit de ne pas échouer. Étonnamment, il l'avait laissée faire

Les canards se battaient maintenant, caquetant et se piquant du bec. Mon Dieu, même ces volatiles n'arrivaient pas à rester en paix. Putain, comment pouvait-il espérer réfléchir avec tout ce raffut ? En soupirant, il s'adossa au banc et leva les yeux vers le ciel, clair, lumineux. Cela lui rappela les yeux de Niall. Il grogna.

La couleur n'en était pas plus proche qu'un bout de zircon ne ressemble à un diamant. Ce n'en était qu'une pâle imitation. Mais c'était joli. Peut-être que si il fixait le ciel suffisamment longtemps, il oublierait les ailes qui hantaient sa vision. Comme à la minute présente. Elles s'étalaient le long de la ligne d'horizon, transformant le bleu céleste en un bleu doré.

Fronçant les sourcils, il essaya de passer pardessus l'illusion.

Il se retrouva à fixer de parfaits fils à bouts dorés. Son cœur battait la chamade, mais il n'avait pas l'énergie de se montrer surprise.

- Vous me suivez.

- Vous semblez avoir besoin de temps pour vous.

- Pourriez-vous baisser vos ailes ? demanda-t-il poliment. Vous me ca- chez la vue.

Elles se replièrent dans un doux murmure et il sut que dorénavant il ne pourrait plus associer ce bruit à autre chose qu'à des ailes. Celles de Niall.

- Vous ne me regardez pas, Harry ?

- Non.

Il restait les yeux levés vers le haut.

-Quand je vous regarde, les choses deviennent confuses.

Un gloussement, mâle, bas, rauque.., et dans sa tête.

- Eviter mon regard ne vous fera rien gagner.

- Ne croyez pas ça, dit-il doucement; la colère lui brûlant la gorge comme un charbon ardent. C'est comme cela que vous tirez vos coups - en forçant les hommes et les femmes à se prosterner à vos pieds ?

Silence. Puis le bruit d'ailes se déployant et se refermant sèchement.

-Ne poussez pas trop votre chance.

Il prit le risque de le regarder. Il se tenait au bord de l'eau, lui faisant face, ses yeux d'un bleu impossible maintenant sombres comme la nuit.

-Hé, de toute manière, je mourrai un jour.

Cela sonnait comme de l'insolence.

-Vous l'avez dit vous-même, vous pouvez m'entuber grâce à votre esprit à chaque fois que l'envie vous en prend. Je suppose qu'il s'agit là du plus basique de vos petits tours de magie, non ?