Chapitre 19 Rude voyage

319 34 4
                                    

        De retour au village humain, on entreprit immédiatement de préparer notre départ pour la forêt sombre. Le périple promettait d'être rude : des chevaliers du roi croiseront certainement notre route.

J'aurais voulu proposer à Danayel de nous accompagner mais je n'en eus pas l'opportunité : ne trouvant l'elfe nulle part, on fut contraint de partir sans lui.

J'étais assise sur mon lit, attendant qu'on vienne m'annoncer le départ. Lilian ouvrit la porte, entra, et referma derrière lui. Le petit dragon leva la tête vers lui alors que le vampire s'approchait :

- Tu es prête ?

- Oui.

Mais alors que je me levai, il me prit les mains pour me retenir face à lui.

- Tu as l'air soucieuse...

Je soupirai et baissai les yeux. Oui j'étais soucieuse... Danayel avait disparu je ne sais où, on s'apprêtait à engager un voyage dangereux, j'allais revoir ma sœur... Et Lilian occupait une place bien trop importante dans mon esprit.

Lilian me prit le menton pour me regarder dans les yeux :

- Dis-moi ce qui ne va pas.

- C'est rien.

- Aliane...

Je fini par céder après un instant de silence :

- Danayel m'inquiète.

- Pourquoi ?

- Il a disparu.

- Il est peut-être simplement parti...

- Oui, mais où ?

Il ne répondit pas. Il n'avait pas de réponse, et moi non plus.

Finalement on sortit tous les trois, le dragon dans mes bras, pour rejoindre Matéo et les autres dehors. Neuf personnes au total, sans compter le petit dragon. On s'installa tous sur des chevaux puis on partit... un rude voyage comme je me le répétais depuis plusieurs heures.

Une troupe assez... insolite, trois humains et deux vampires sur des chevaux, cinq hommes, plus trois nains sur des chevaux un peu plus petits, trois hommes également et une elfe... transportant sur son dos, dans une écharpe, un bébé dragon.

On n'eut pas à attendre longtemps après la sortie des montagnes pour rencontrer notre premier obstacle : un groupe de chevalier du roi nous arrêta au détour d'un chemin de forêt.

- Des nains... quelle étrange surprise.

Le chevalier qui avait parlé, chef du groupe, leva ensuite les yeux sur moi.

- Et une elfe... quelle chance.

Matéo avança légèrement son cheval, s'approchant des chevaliers :

- Bon messieurs, on se bat ou vous nous laisser passer ?

Les chevaliers rigolèrent. Ils ne semblaient pas provenir directement de l'entourage du roi... de simples petits soldats entraînés pour maîtriser les paysans. Alors qu'ils allaient répliquer, je les coupai :

- Messieurs, puis-je m'en occuper ?

Tous me regardèrent avec étonnement alors que je descendais déjà de ma monture. Je marchai jusqu'à Lilian et lui tendis les rênes de mon cheval, puis détachai l'écharpe où reposait le dragon et le lui tendit. Je marchai ensuite calmement jusqu'aux chevaliers, qui étaient tous descendus de leur monture.

- Une femme qui veut se battre contre des soldats ? On aura tout vu.

Oui... une femme qui avait déjà bien trop souffert à cause de soldats tel que ceux-là...

Je souris et sortis lentement l'épée que j'avais à la ceinture.

A vrai dire, inutile de décrire le... combat, ou plutôt l'humiliation que j'infligeai à cet homme... Tous ses soldats en restèrent figés, regardant leur chef, le cul dans la boue, avec étonnement. Ils finirent par lever les yeux vers moi :

- D'autres volontaires ?

Se regardant, les chevaliers enfourchèrent leurs montures sans demander leur reste ! Quelle bande de mauviette...

Je retournai vers ma monture et me réinstallai avec le dragon dans le dos. Matéo se tourna vers moi :

- J'ignorais que les elfes savaient manier l'épée.

- C'est assez rare.

On reprit notre route, plusieurs groupes de soldats vinrent nous ralentirent ainsi mais finalement, on parvient jusqu'à la forêt sombre. Matéo me laissa passer devant. Les humains s'approchaient très peu de cette partie du continent : les immenses arbres feuillus devaient les effrayer. Des érables principalement, allant du rouge vif au vert sombre. Les troncs larges perçaient le sol un peu partout, ne laissant place à aucun chemin, voilà peut-être pourquoi les humains ne venaient pas : ils avaient peur de s'y perdre.

Faisant lentement avancer ma monture sur le sol escarpé, je me délectai des odeurs de ces lieux. Cela faisait longtemps que je n'étais pas venu... Depuis le mariage de ma sœur...

Je levai un bras, faisant signe au groupe de s'arrêter. Nous étions alors dans une petite clairière.

- Aliane ? Que se passe-t-il ?

Je n'eus pas à répondre à Matéo : des elfes nous entourèrent, pointant leurs arcs vers nous. Je descendis de ma monture, imitée par les hommes. Un elfe s'avança parmi les autres, portant son arc autour du buste, ce devait être le chef de troupe.

- Que faites-vous ici messieurs ?

Les humains et les nains se regardèrent puis Matéo chercha mon regard. Je soupirai mais m'avançais face à l'elfe. Immédiatement les autres elfes baissèrent leurs armes et s'agenouillèrent. Au moins ils m'ont reconnue... L'elfe face à moi resta un instant figé, avant de s'agenouiller en bégayant :

- Je... je... désolé princesse... je ne savais pas...

- Relevez-vous.

Tous obéirent mais ne me regardèrent pas dans les yeux.

- Ces hommes ne sont pas nos ennemis.

- Mais... princesse, il y a des vampires parmi eux.

Je fronçais les sourcils. Des vampires ? Oui... mais depuis quand les vampires sont-ils ennemis de mon peuple ? Je regardai Castiel puis Lilian avant de demander :

- Depuis quand les vampires sont-ils nos ennemis ?

- De... euh... vous... vous n'êtes pas au courant ?

Je croisai mes bras sur ma poitrine, attendant qu'il poursuive. L'elfe leva légèrement les yeux vers moi :

- Les vampires nous ont attaqué il y a maintenant 4 lunes, nous accusant de crimes contre leur famille royale, on se défend comme on peut et le roi ne répond pas à nos appels.

Je me raidis. Le roi... ils ne savaient donc pas qu'il était mort. Je me tournai vers Castiel et Lilian, les deux frères se regardèrent avant de s'avancer vers nous. Lilian fut le premier à parler :

- Ces crimes... dont ils vous accusent, serait-ce pour la mort de la princesse ?

- Et de la reine oui.

Lilian regarda son frère avec inquiétude. Je les interrogeai du regard mais aucun des deux vampires n'osa m'expliquer. L'elfe intervient alors :

- Nous devons retourner à notre village princesse... ils peuvent attaquer à n'importe quel moment.

- Bien, nous vous accompagnons.

Princesse des peuples : La grande rébellionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant