Chapitre 17 Des alliés

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        Lorsque Lilian ouvrit la petite porte de bois, je l'agressai immédiatement d'une voix tremblante :

- Ferme !

Rapidement il entra dans la pièce sombre et referma derrière lui. La chambre délimitée par des murs de pierres lisses était assez étroite, juste une petite salle. Une bougie était posée sur un bloc de pierre qui servait de table, seul éclairage de la pièce. Autre que cela, un lit, une armoire de bois. Tout avait été fait à la main, même la porte et même la salle complète, creusée dans la pierre avec minutie. Une pièce comme savaient parfaitement les faire les nains.

J'étais allongée sur le ventre sur un matelas de paille très inconfortable. Au-dessus de moi, Castiel s'affairait sur mes blessures. Après la bataille avec Arax, le dragon de pierre, les humains n'avaient pas attendus pour agir, profitant que je sois déjà blessée par le dragon pour m'affaiblir plus encore.

Voyant la scène, Lilian ouvrit de grands yeux. Castiel était alors penché sur... le bas de mon dos, soignant une blessure assez gênante.

- Vous faites quoi là ?

Castiel leva des yeux amusés vers son frère :

- Je la soigne juste, t'en fais pas.

- Pourquoi tu as du sang plein la bouche alors ?

Cette fois se fut à moi de les regarder avec étonnement. Mais Lilian avait raison, Castiel avait du sang dans le coin des lèvres... Il m'en avait prit ?! Et je n'avais rien sentis... en même temps avec les douleurs qui me prenaient dans tous le dos... 

- Chut...

Je me redressai et regardai Castiel :

- Tu m'as pris du sang ?

- C'est pas de ma faute... il est délicieux.

Lilian se mit à rigoler bruyamment alors que Castiel se repenchait sur mes plaies.

- Vous allez finir accros à force...

- C'est fort possible.

Lorsqu'il eut enfin fini, le vampire s'éloigna pour me laisser me rhabiller. Castiel serra la main de son frère puis sortit sans un mot en refermant derrière lui.

- Comment tu te sens ?

- Ça va.

Il vient s'assoir près de moi et m'observa avec inquiétude.

- Les nains et les humains débattent pour une attaque.

- Alors ils vont faire alliance ?

- Maintenant que les nains ont été attaqués ils veulent entrer dans la guerre.

- C'est une bonne chose dans un sens.

- Nous ne serons tout de même pas assez.

Je baissai les yeux, réfléchissant. Les humains ennemis étaient nombreux. Très nombreux. Trop nombreux. Les rebelles ne représentaient même pas un tiers de leurs effectifs. Et les nains étaient un petit peuple. Nous étions certes deux dragons... enfin deux et demi, mais le roi avait un dragon sous ses ordres, et des sorciers. En résumé, deux dragons contre un, étant presque aussi âgé qu'Arax, nous serions obligés de nous mettre à deux minimum contre lui pour le vaincre assurément. Une armée immense contre une petite. Et des sorciers contre qui aucun de nous ne saurait se battre hormis moi... Nous n'étions pas prêts.

- Il nous faut d'autres alliés.

- Qui ?

Je me levai en soupirant et allai près de la bougie. Lilian resta assit, me fixant de son regard noir. D'un geste lent je sortis la pierre que je gardai cachée sur moi et l'approchai de la flamme pour pouvoir l'observer. Cette pierre lisse que j'avais prise dans la gorge de Maïrouk, la bête qui avait détruit la cité des elfes. Un objet très dangereux entre de mauvaises mains.

- Te souviens-tu de Maïrouk ?

- La bête lors de notre rencontre ?

- Oui. J'ai pris quelque chose dans sa gorge.

Il se leva alors et vient derrière moi, posant son menton sur mon épaule pour observer ce que j'avais dans les mains.

- Tu ne m'as toujours pas dit ce que s'était.

Je poussai un soupire et me retournai pour lui faire face.

- On appelle cela une hiness empli, une pierre de pouvoir.

- A quoi sert-elle ?

- C'est un peuple très ancien qui les utilise pour entrer en contact avec les Dieux de la nature. Mais si on les utilise mal... cela peut avoir de graves conséquences.

- Comme Maïrouk ?

- Bien pire que Maïrouk.

Il fronça les sourcils :

- Que proposes-tu ? Pourquoi me parler de ça ?

- Ce peuple... peut-être accepterait-il de nous aider.

- On peut toujours tenter.

- Je ne sais pas où ils se trouvent mais je connais quelqu'un qui le sait.

- Qui ?

- Ma soeur.

Il se figea, peut-être ne s'était-il pas douté que je puisse avoir une sœur.

Cela faisait bien des années que l'on ne s'était pas revue elle et moi. Notre père lui avait fait épouser un prince d'une autre « tribu » d'elfes. Car oui, nous étions divisés. J'étais bien la princesse des elfes. Mais il existait d'autres rois, des sous rois si l'on veut, et d'autres princes et princesses. Ma sœur avait donc épousé un prince et était partit vivre avec lui, moi, étant la plus âgée, j'avais dû rester auprès de mon père, pour la succession.

Un coup dans la porte nous fit sursauter. J'allai ouvrir et souris à la vue du petit dragon. Je continuai pourtant ma discussion avec Lilian :

- Mais tu ne vas pas aimer...

- Pas aimer quoi ? Voir ta sœur ?

Je gardai le silence et installai le petit dragon sur le lit, calé dans la couverture il se mit à nous fixer.

- Aliane ?

Je soupirai.

- Il va falloir qu'on se rende dans le Sud, dans la forêt sombre.

Il sembla alors se raidir.

- C'est le territoire des vampires tu le sais ?

- Des vampires et des derniers elfes.

Il se détendit légèrement. J'avais deviné depuis un moment qu'il avait des problèmes avec son peuple, mais lesquels ? Je fronçai les sourcils et m'approchai de lui :

- Qui a-t-il ?

- Rien.

- Dis-moi...

Il baissa les yeux, comme honteux :

- Je ne préférerais pas aller voir mon peuple...

- Ce sont les elfes que je veux aller voir.

Il me sourit.

Bien sûr... je le lui cachais mais si les vampires acceptaient d'être nos alliés... je n'allais certainement pas refuser.

Princesse des peuples : La grande rébellionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant