Chapitre 5 Maïrouk

521 47 3
                                    

Je restai immobile face à Danayel. Une bête ? Fronçant les sourcils, je regardai la flèche que je tenais. Une flèche portant un puissant poison soporifique. Si une bête avait attaqué la cité... logique que les elfes se soient servis de ces armes.

ꟷ Elle est venue des entrailles de la cité, réveillée par on ne sait quoi de nos cages, elle a tout tué, même les autres prisonniers.

ꟷ C'est elle qui a fait tout cela ?

ꟷ Oui, la foudre voilà son arme. La foudre et ses crocs bien sûr. La colère s'est abattue d'un coup sur la cité, enflammant les murs de pierres, détruisant absolument tout.

ꟷ Allons Danayel, elle doit être morte maintenant.

ꟷ Non...bien sûr que non...elle dort encore, là-haut dans la salle du trône.

Je souris d'amusement. C'était peu probable.

ꟷ Attendez-moi ici.

Je sortis rapidement de la forteresse. La jument était partie, retournée vers la liberté. Je pris les œufs puis retrouvai Danayel. L'elfe était assis au bord de l'autel, une main sur chaque genou. Il était épuisé, cela se voyait. Il avait également beaucoup maigri depuis les années. Je posai les œufs près de lui puis le regardai.

ꟷ Quelle est cette bête ?

ꟷ La plus féroce que nos prisons aient connue.

ꟷ Maïrouk ?

ꟷ Oui.

ꟷ Elle n'était pas agressive d'origine...

ꟷ Elle l'est devenue.

ꟷ Bien, je vais aller voir.

ꟷ Non, c'est une bête millénaire, le temps ne la tue pas et nous n'avons fait que l'endormir, elle pourrait se réveiller n'importe quand !

ꟷ Raison de plus, si elle peut se réveiller il faut s'en occuper.

ꟷ Personne n'a jamais réussi ! Aliane revenez !

Mais j'étais déjà parti. Mon arc prêt à tirer. Mon attention à son apogée.

Ma colère avait disparue... Comme bien souvent avec moi... mes émotions négatives ne restaient pas longtemps. La rancœur que j'avais eu à l'égard de cette cité lors de mon exile n'avait même pas tenue une journée... La colère que j'avais pour cette créature ayant tuée mon père... je ne pouvais pas la garder. C'était une bête dénuée de raison logique, peut-être dénuée de sentiment... les seules raisons qui l'habitaient étaient la faim et l'instinct de survie...

Je traversai les longs couloirs de pierres ternes en silence. Cette bête, je ne l'avais vue qu'une seule fois. Lors de sa capture à laquelle j'avais participé. Le roi avait préféré l'enfermer, affamée, ne trouvant pas de proie suffisante pour elle, elle dévastait les villages. Ne tuant pas mais dévalisant les réserves. Cela m'étonnait qu'elle soit à l'origine d'un tel massacre.

Arrivée face à une porte, je brandis rapidement mon arc en direction de la salle. Un gros bébé endormit, voilà ce que j'avais devant moi. Elle ne paraissait pas si atroce que cela ainsi. Vautrée sur le flanc, son ventre gonflant d'air et sa bouche expédiant un ronflement tel le roulement du tonner. J'abaissai mon arc et me mis à l'observer. Son poile était grisonnant, la peau de son cou commençait à tomber. Elle n'était plus la vigoureuse bête d'autrefois ! Mais le plus frappant était sa taille, pratiquement le triple !

Alors que j'allai m'avancer, une main se posa sur ma bouche. Une autre me saisit le poignet et on me força à reculer pour ensuite me plaquer contre le mur du couloir.

Princesse des peuples : La grande rébellionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant