Chapitre 35 Couronnement

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Je m'arrêtai face au miroir couvrant la totalité de l'un des murs de la pièce. J'étais prête... du moins physiquement. La longue robe que je portais fit remonter les souvenirs dans ma mémoire... le couronnement de mon père : ma mère était encore vivante à ce moment et j'avais assisté à la cérémonie, elle portait exactement la même robe. Blanche nacrée, elle était tenue aux épaules par un voile transparent tombant dans mon dos en une longue cape. Au niveau de la taille, une multitude de voiles couvraient le bas de mon corps. Petite, j'avais toujours rêver de porter cette robe, signe d'un couronnement. Maintenant je me rendais compte que c'était également un signe de tristesse... elle s'accompagnait toujours d'une mort. J'étais certainement la première reine elfe à porter autant de défunt à son couronnement. Mon père, la totalité du château, Elrond... et tous ces elfes morts pour la paix.

- Tu es magnifique.

Je me retournai pour faire à Niniel. La jeune elfe était prête également pour la cérémonie, mais son visage me laissait deviner qu'elle pensait à tout autre chose. Sans un mot je m'approchai d'elle pour la prendre dans mes bras.

On resta un moment ainsi... Je ne savais pas quoi lui dire pour la réconforter... elle avait perdu celui qu'elle aimait, rien ne pouvait la rassurer hormis la patience du temps.

Finalement ma sœur s'éloigna de moi et me sourit légèrement :

- Il avait toujours voulu te rencontrer, il aurait été heureux d'être là aujourd'hui.

Je lui pris les mains en baissant les yeux. Je n'étais pas douée pour tout ça...

- C'était un homme bien Niniel... il est en paix maintenant.

- Comme beaucoup...

Dehors, une très légère clameur s'élevait. Niniel baissa les yeux :

- Tu dois y aller. 


Je gardai l'une de ses mains dans la mienne et l'entraînai avec moi hors de la pièce. On marcha en silence dans les longs couloirs jusqu'à arriver dans la grande cour. Un silence régnait désormais. Sur l'autel au centre de tous, le dernier prêtre de notre peuple attendait. Tous les elfes étaient présents, également, Castiel, Lilian, Matéo, Thorek et Elthan avaient fait le déplacement. Certains humains ayant participé à la bataille au château les avaient accompagnés, dont Magalie, certains vampires, certains nains, et bien sûr, sur les remparts déjà détruites par la nature : Aiolän et Arax patientaient sagement.

J'entraînai ma sœur près de l'autel mais la laissait près des autres souverains en montant sur la pierre pour rejoindre le prêtre.


Tout fut... normal. Comme si c'était un couronnement habituel... ça ne l'était pas, pas pour moi. Bien sûr à la fin, j'avais un discours à prononcer, et je n'allai pas me priver. Les elfes me connaissaient désormais, certainement se doutaient-ils de ce que j'avais à dire : Le prêtre descendit alors que je m'avançais sur l'autel pour regarder la totalité de mon peuple.

- Cette cérémonie n'est pas censée avoir lieux. Pas aujourd'hui. Elle ne se serait jamais passé, si l'un d'entre nous n'avait pas souhaiter retourner à nos anciennes coutumes. Les lois de nos ancêtres ont failli nous conduire à notre extinction. Nous l'avons évité, c'est pour quoi aujourd'hui je pense, que le changement est une bonne chose. Il nous a sauvé. Nous sommes devenus tolérants. Nous avons accepté les autres peuples, et ils nous acceptent... pour le moment. Cela doit durer, pour la survie, pour la paix. Nous devons tolérer les autres, leurs cultures, leurs coutumes. Ils sont différents de nous, mais en y regardant de plus près, nous nous ressemblons énormément. J'aimerais alors, qu'à l'image de ce que nous avons accompli dans cette guerre, nous acceptions les autres, pour vivre en harmonie. Chaque être a sa place sur ce continent, avec les autres, nous devons apprendre à vivre ensemble, à s'accepter tel que nous sommes, tels que les autres sont. C'est pour quoi ce château ne sera plus le territoire principal des elfes. J'ai décidé de partager celui du roi des humains, nous vivrons ensemble, à l'image de l'union de nos peuples. Vous aurez à accepter les humains, les nains et les vampires, à vivre parmi eux, accepter leurs coutumes tout en gardant les nôtres. C'est ainsi que notre peuple doit évoluer, pour la paix.

J'échangeai un regard avec Matéo et les autres. Nous avions discuté de tout cela et nous étions d'accord...

- Mais tout cela n'aurait jamais été possible sans ces elfes qui se sont sacrifiés, sans tous ceux qui sont morts pour la paix. Je souhaite donc que ce jour de victoire ne soit pas fêter ainsi, ce sera une journée de deuil pour nous, en hommage à tous ceux qui y ont laissé la vie.

Chacun sourit, chacun était d'accord. Tant mieux.


Cela se passerait donc ainsi, les peuples allaient se mélanger, nous allions pouvoirs vivre en paix, tous. J'espérais que ce serait ainsi... que nos alliances soient un bien pour tous, qu'il n'y ait aucun problème... aucun accident.



Princesse des peuples : La grande rébellionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant