Chapitre 24 hospitalité

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J'écartai d'une main les branches devant moi. On avait abandonné les chevaux quelques pas plus loin, les arbres étaient bien trop serrés pour eux. Je remerciai silencieusement Lilian de m'avoir dit de me couvrir : même sous le tissu, les arbres me déchiraient la peau. La forêt était laissée sauvage, les herbes hautes nous montaient jusqu'aux genoux, les branches étaient basses et les rayons du soleil n'atteignaient pas le sol.

Je ne mis pas longtemps à le remarquer, cette silhouette mouvante dans les arbres, nous suivant pas à pas. Peut-être un sixième sens que j'avais obtenu par ma forme de dragonne... En tous les cas, il se déplaçait habillement sur les arbres, sans un bruit malgré sa carrure immense, ce n'était pas un être de forme humaine, ça j'en étais certaine. D'un geste je fis signe au groupe de ralentir sans pour autant s'arrêter, peut-être nous suivait-il pour comprendre nos intentions, ou pour préparer quelque chose... il fallait être prudent.

Comme je l'avais deviné, il finit par descendre. Nous étions alors dans une fugace clairière, il sauta sur le sol, face à moi, stoppant le groupe.

- Qui êtes-vous ?

Ses mots n'avaient même pas l'intonation d'une question, comme s'il savait déjà la réponse. Cinq têtes plus hautes que le plus grand homme du groupe, soit peut-être 3 mètres, des épaules deux fois plus larges que celles des vampires, un torse, un dos, des membres beaucoup plus développés, et plus nombreux... deux autres bras poussaient de là où devaient se trouver ses côtes. Il ne portait presque rien, un pantalon de cuir lui arrivant aux genoux, des lanières lui traversant le torse comme attaches pour ses armes et un collier dont le pendentif était une fiole remplie... de sang. Sous le peu de soleil s'infiltrant entre les feuilles des arbres, je pus distinguer sa peau... la couleur bleue sombre et striée de cicatrices.

Je pris la parole :

- Je suis Aliane, représentante des elfes...

Elthan s'avança à mes côtés.

- ... et voici Elthan, représentant des vampires.

Il nous observa d'un air pensif avant de me questionner :

- Que voulez-vous ?

- Voir votre chef.

- Pourquoi ?

- Cela ne concerne que lui.

Ce fut peut-être par mon ton autoritaire qu'il fut convaincu :

- Suivez-moi.

On continua donc notre parcours derrière cet être maintenant silencieux.

On ne mit que très peu de temps à atteindre leur cité ; voilà peut-être pourquoi il nous avait stoppés. Nous étions alors devant de grandes grilles de fer brillantes, scellant cette entrée. A peine fut on entré qu'une dizaine d'hommes armés nous entouraient. Derrière moi, tous eurent pour réflexe de sortir leurs épées mais ils les rengainèrent sur un geste de ma part... autant ne pas commencer les hostilités.

Celui qui nous avait guidés se mit face à moi :

- Donnez-nous vos armes.

- Arrêtez de nous menacer.

Il croisa ses bras sur sa poitrine. Ce fut alors un duel de regards qui débuta, chacun fixait l'autre, attendant qu'il cède. Il reprit finalement la parole :

- Tout homme autre qu'un soldat entrant armé dans la cité est condamné à mort.

- Nous ne donnerons pas nos armes tant que vous nous menacez.

Un second silence suivit... mais ce fut lui qui céda : d'un signe de tête de sa part tous les hommes autour de nous rengainèrent leurs armes. Je fis un signe avant de moi-même ôter mon arc de mon torse. Je donnai également mes flèches ainsi qu'un poignard caché à ma cheville droite... il fallait se plier un minimum à leurs coutumes certes, mais je n'avais pas confiance : gardant un poignard attaché à ma cuisse qu'il ne pouvait bien sûr pas voir. Une fois tous désarmés, l'homme nous invita de nouveau à le suivre. On traversa alors une longue allé principale, des maisons de pierre se dressaient de part et d'autre, espacées de plusieurs mètres où des arbres trônaient, une belle petite ville... dont personne n'avait jusqu'alors connaissance.

Arrivé sur une immense place centrale, on comprenait mieux le fonctionnement de cette citadelle : quatre grandes allées séparaient quatre parties différentes, selon la partie les occupations semblaient divergentes.

- Je vous attendais !

Un homme d'une très... très grande taille nous accueillit, souriant de ses dents blanches il vient face à moi. Sa peau bleue était plus claire que le soldat mais beaucoup plus marquée de cicatrices, il portait ses cheveux noirs longs en nattes lui arrivant dans le bas du dos, également je crus distinguer un tatouage sur son torse ainsi qu'un aigle finement dessiner dans son cou... hormis cela il ressemblait en tout point aux autres.

Je lui adressai un sourire pour ce drôle d'accueil :

- A qui avons-nous l'honneur ?

Il me prit la main, modérant sa force pour ne pas m'écraser les doigts, et la porta à sa bouche :

- Naëxur, roi des Heloroh, et vous devez être Aliane, reine des elfes.

- Pas tout à fait reine pour le moment.

- Ah oui ? ... Bientôt j'imagine ?

- Probablement.

Il semblait beaucoup trop intéressé par mon titre... je fis un geste à Elthan :

- Et voici Elthan représentant des vampires.

Ledit vampire fronça très légèrement les sourcils : certainement parce que je n'avais pas mentionné qu'il était roi. Mais comme je l'aurais deviné... Naëxur ne s'intéressa que très peu au vampire, portant toute son attention sur moi.

- Mais où sont mes bonnes manières ?! Suivez-moi !

Avec des regards légèrement étonnés par son comportement... on finit tout de même par le suivre.

Arrivés dans un salon d'une petite maison, il nous fit signe de nous asseoir.

- Alors mes amis, que me vaux votre visite ?

Je lui souris et pris la parole :

- Comme vous le savez peut-être les humains sont dirigés par un roi tyrannique, la quasi-totalité de mon peuple a été décimé par ses soldats alors je chercher à ressemblez tous les peuples contre ce roi, y compris les humains rebelles, pour lancer une guerre et rétablir la paix.

Il croisa ses bras et fronça les sourcils, réfléchissant :

- Si je comprends bien vous attendez de moi que je vous aide dans cette guerre...

- C'est cela.

- Hum...

Elthan se pencha légèrement :

- Si les humains parviennent à tuer tous les elfes qui les séparent de vous ils arriveront ici.

Naëxur semblait se décider par cette simple phrase :

- Il est évident que je ne vais pas les laisser atteindre mon peuple au risque de nous voir décimer, malheureusement je suis peut-être roi mais je dois m'entretenir avec mes conseillers pour me lancer dans une guerre. Mais je vous rassure, les ennemis de mes ennemis sont mes amis, je pense pouvoir les convaincre.

Tous sourirent, moi compris, mais il ajouta :

- Les connaissant... cela pourrait prendre un peu de temps, je vous offre mon hospitalité pour la nuit ! Vous êtes les bienvenus.

J'échangeai un regard avec Elthan mais on hocha la tête.

J'étais allongée sur le flan, les yeux grands ouverts. Quelque chose n'allait pas : un malaise. Étrangement je semblais la seule du groupe à être si prudente. Même Elthan dormait paisiblement. Nous étions tous dans une même maison, libérée pour nous, mais j'étais la seule éveillée.

Des bruits de pas discrets retentirent près de la porte de la pièce, pas assez discret pour moi, pour un elfe. Je fis lentement glisser ma main vers ma jambe, détachant mon poignard.

Pourquoi quelqu'un ayant de bonnes intentions viendrait aussi discrètement voir ses invités en pleine nuit ?

Princesse des peuples : La grande rébellionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant