Chapitre 23 Parles-moi...

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J'étais debout, je ne bougeai plus, ne répondais plus. Ses mots avaient été comme une alarme pour moi... Il me semblait que mon cœur ait cessé de battre pendant un instant... La porte était fermée et j'étais toujours seule avec Lilian. Le vampire marchait dans la pièce, il semblait calme.

- Je pense avoir compris ce dont tu as peur, mais laisse-moi te dire que moi, je regretterais de ne rien avoir tenté si jamais on ne devait pas en sortir vivant tous les deux.

Comme je n'émis aucun son, il daigna poser les yeux sur moi. Nos regards se croisèrent et j'eus alors l'envie de me laisser aller... d'accepter tout de lui, comme chacune des rares fois que l'on était seul et qu'il me regardait de la sorte. Ses yeux transcrivaient tellement de tendresse, d'inquiétude, de douceur, d'appréhension... tant de sentiments contradictoire... Des sentiments que je partageais... je le voulais... lui et lui seul... je voulais m'abandonner à lui depuis longtemps... Le laisser me posséder comme chaque fois que nos lèvres se rencontraient... 

Les yeux de Lilian devinrent encore plus doux, plus... suppliants :

- Parles-moi... je t'en prie.

Je m'appuyai sur la table de la pièce et fermai les yeux dans un soupir inaudible. Je ne voulais pas avoir cette discussion... pas maintenant... je n'étais pas prête.. mais je savais que c'était inévitable.

Après un instant interminable de silence je sentis le vampire s'approcher de moi. Ses mains entourèrent les miennes et j'ouvris les yeux pour le regarder. Des que nos pupilles se croisèrent je savais que je ne tiendrais plus longtemps... s'il me suppliait de nouveau... je céderai sans aucune résistance... Alors je parlai avant lui : 

- On doit vraiment en parler maintenant...

Il sourit à cette plainte et s'approcha un peu de moi. Prenant mes mains dans une seule des siennes, il remonta sa deuxième main vers ma joue, caressant mon visage avec douceur. Ce délicieux contact me fit fermer les yeux quelques secondes...

- Je te l'ai dit, je regretterais. Et avec tous ces événements qui s'enchaînent... Je craints que l'on n'ait pas d'autre occasion.

Je baissai la tête et soupirai de nouveau :

- Très bien.

Sa main glissa dans mon cou et de son pouce il m'obligea à remonter le menton pour plonger ses pupilles dans les miennes. Je m'en voulais de ne pas parvenir à résister à son emprise... cette force qu'il avait au moindre regard de posséder entièrement...

- Que va-t-il se passer entre nous ? Ou plutôt... qu'y a-t-il entre nous exactement ?

Je fis un effort pour ne pas lui céder mes véritables pensées sur la question... Lilian... Je m'étais déjà beaucoup trop attachée à lui... il avait toujours eu cette emprise dont je ne pouvais m'extraire... et elle avait grandit de jour en jour jusqu'à maintenant...

- Lilian... il y a la guerre... la mort... je... je ne préfère pas avoir de relation trop sérieuse... pas au risque d'en souffrir.

- Tu veux dire que ce n'est pas prudent si l'un de nous deux meurs...

- Oui.

- Je pense exactement le contraire.

On se regarda droit dans les yeux... mais je finis par les fermer :

- Je ne le supporterais pas.

- Il arrivera forcément quelque chose à une personne que tu apprécies durant la guerre.

- Que j'apprécie oui, mais je ne veux pas aimer.

Je m'éloignai de lui sur cela et partis vers la porte de la pièce. Il ne me retient pas.

Ce pincement au cœur que j'avais ressentis en prononçant ces mots... c'était bien trop tard déjà... 


Dans le village les elfes et les vampires discutaient, toutes traces de guerre avaient déà été effacées. Je me rendis sur la place, Niniel, la princesse, Elrond, le prince, Elthan et Castiel discutaient déjà.

- Qu'avez-vous donc prévu ma reine ?

J'eus un petit moment de choc à cette question du prince... mais maintenant que mon père était mort, c'était normal oui... 

- Vous savez que la forêt sombre est habitée par trois peuples...

Elrond et Elthan se regardèrent, mais ce fut le vampire qui répliqua :

- Vous voulez allez voir les sorciers ?

J'hochai la tête. Je me doutais que cette idée ne plairait pas à tout le monde : ce peuple était considéré comme fou, solitaire et brutal. Je m'apprêtais à leur expliquer mon idée lorsqu'un petit cri me coupa la parole : le bébé dragon... même si "bébé" n'était plus approprié pour sa taille. Il était resté avec les elfes depuis notre arrivé... Je le récupérais dans mes bras avec un sourire. Mais je me concentrai ensuite sur l'important :

- Même s'ils ne sont pas officiellement nos alliés, ils n'ont jamais été nos ennemis non plus, une aide de plus contre les humains pourrait faire la différence.

Niniel hocha la tête puis regarda son époux, lui semblait perplexe, autant que les vampires. Mathéo vient nous rejoindre :

- Alors ?

Castiel croisa ses bras en m'observant :

- Aliane veut se faire tuer.

L'humain me regarda avec intrigue et je soupirai :

- Il y a un peuple plus au Sud de la forêt que l'on surnomme les sorciers ou même les fous, ils seraient des alliés puissants dans la guerre... mais il faut les convaincre.

- Les convaincre sans se faire tuer.

Je soupirai, beaucoup trop prudent ces hommes sérieusement...

Ils ne nous avaient jamais véritablement attaqués, seulement ils repoussaient tous ceux entrant sur leurs terres... 

Le petit dragon se mit à s'agiter dans mes bras, je baissai les yeux. Lilian s'approcha de nous :

- Il faudrait penser à lui donner un nom tu n'penses pas ?

- Oui...

Je restai un court instant muette avant de trouver :

- Aiolän.

Elrond sourit :

- Coeur pur.

J'hochai la tête puis posai le dragon au sol pour ensuite relever la tête vers les adultes :

- Que vous soyez d'accord ou non j'irais.

C'était la seule manière de les forcer...

Niniel vient près de moi, me prenant la main.

- J'espère te revoir.

- Tu me reverras.

Princesse des peuples : La grande rébellionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant