XXVIII

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-Papa? Qu'est-ce que tu fais là?

-C'est qui, ça? me répondit-il, la bouche pâteuse.

-Justin, mon père. Papa, Justin... Mon, eum, petit ami ?

Ma phrase sonnait réellement plus comme une question; il faut vraiment que je prennes le temps d'en parler avec Justin.

-Petit ami?

-Oui. Tu te souviens de lui? Il faisait parti de l'équipe médicale de Jordan-

-Qu'est ce qu'il fiche ici? À une heure pareille?

-Sa fiancée l'a fiché deh-

-IL EST FIANCÉ ET TY OSES L'APPELER TON PETIT AMI?

-Comme je le disais, ils ne sont plus-

-Je savais que ton cas empirais, mais je n'aurais jamais cru que tu sois rendue aussi bas!

Je restais bouche-bée, sans mots.

-Comment osez-vous lui parler ainsi? demanda Justin.

-Toi, je ne dirais rien à ta place!

-La votre n'est pas vraiment mieux!

-Ah oui? Explique moi donc ça, si t'es si bien informé...

-Ça va bientôt faire un mois que j'habite ici. Pas trois jours! UN MOIS! Combien de fois est-ce qu'on s'est croisés au petit déjeuner? Ou le soir en allant se coucher? PAS UNE SEULE. Parce que vous n'étiez pas là. Vous êtes partis et avez laisser derrière vous votre fille et votre fils malade, sans remords. Alors, sérieusement, celui qui en a à cacher, c'est bien vous. Honte à vous!

Un gros silence suivit sa tirade. Mon père ne semblait même plus savoir où se mettre.

-Tu vois, rajoutai-je, t'as rien à rajouter.

Je pris la main à Justin et l'entraînais à l'étage, jusqu'à ma chambre.

-Comment tu te sens, me demanda-t-il.

-T'as vu comment il est hypocrite? Plus égoïste, tu meurs!

-Laue... c'est ton père!

-Et alors? Tu l'as dit toi-même, honte à lui.

Il resta silencieux quelques instants.

-Tu sais... peut-être que ce serait mieux si je partais...

-Quoi? Non!

-Je ne veux pas être la source de tes problèmes.

Affolée, je l'attrapais par le bras pour le tirer vers mon lit, où je l'assis de force, avant de prendre place à côté de lui, à toute vitesse, pressée par mon besoin de lui faire entendre raison.

-Tu ne l'es pas, je te le promet.

-Laurence...

-Laisse-moi finir! Justin, j'ai l'impression qu'on vient seulement de se brancher sur la même longueur d'ondes. Si tu pars, tout va être à recommencer. C'est pas ce que je veux.

-Moi non plus, mais-

-Ce n'est pas non plus ce dont j'ai besoin.

-Ah?

-J'ai besoin de toi. Justin. Seulement toi.

Il eut un sourire en coin et sa main vint caresser ma joue. Je m'appuyais contre elle, souriant autant que lui et son front vint se coller au miens.

Peu après, ses lèvres trouvèrent les miennes, pleines de promesses.

Cela aurait pu mener à plus, mais la voix de mon paternel derrière ma porte de chambre nous empêcha de passer à la vitesse supérieure.

-Si vous allez m'obliger à endurer l'autre clown, vous pourriez au moins avoir la décense de rester tranquiles le temps que je suis à l'intérieur de la maison.

Justin et moi échangeons un regard, et alors que j'aurais pu éclater de rire, il détourna le regard, poussa un soupir à se fendre l'âme et se laissa tomber sur mon lit.

-Qu'est-ce qui se passe? demandai-je.

-Il a raison. C'est tout.

-Quoi!? Tu vas quand même pas arrêter de m'embrasser parce qu'il dort dans l'autre pièce?

Il me lança un regard signifiant que c'était bel et bien son intention.

-Oh, mon Dieu.

Il m'attira dans ses bras, et nous nous retrouvâmes tous les deux sur mon lit, lui à fixer le plafond, une main jouant de mes cheveux, moi le fixant lui.

-Ça serait plus facile si on avait notre appartement...

-Mais t'as écouté ce que je viens de te dire ou non? Merde, Justin!

-Je sais. Mais tu pourrais déménager avec moi.

-Quoi? Mais t'es fou! J'ai pas encore fini l'école, et tu veux que je me prennes un appart? Je travail même pas!

-Je ne te demande pas de payer, juste de venir y habiter, avec moi.

-Justin...

-C'est juste une idée. Tu peux y penser.

-Vraiment?

Il ne répondit pas.

-Tu vas t'en prendre un quand même, pas vrai?

-Oui. Je ne peux pas vivre ici éternellement, Laue. Ton père aurait le droit de me mettre dehors.

J'eu instantanément les larmes aux yeux.

Respire, respire.

-Tu sais que ça ne va rien changé, pas vrai? Tu viendras quand tu veux, dormira avec moi dès que l'envie te prendra. T'aura même ton tiroir dans mon bureau et une brosse à dent, un gel douche et un shampoing dans la salle de bain.

-T'es mignon.

-Je sais. Il resta quelques instants silencieux. Parlant de douche...

* * *

Ça lui a prit trois jours. Trois jours et il avait trouvé un appartment relativement bien situé. À une dizaine de minute de marche de chez moi, une quinzaine de mon école et à trois arrêts d'autobus de l'hôpital.

Le plus loin, c'est le supermarché, mais il n'y vas que une fois par semaine, alors c'est pas si important.

Puisque son ex a gardé tout leur mobilié, on a passé le plus grand de la journée dans les magasins à chercher mobilier, fourniture et électro-ménagers pour remplir son appartement. À la fin, on avait presque tout trouvé - ne manquait plus que la décoration. Et étrangement, Justin m'annonça qu'il me laissait carte-blanche.

-Tu dois vraiment partir?

Je suis sur le perron, devant la porte de son immeuble, lui à mes côtés.

-Si je ne rentre pas, mon père va pêter un plomb.

-Depuis quand tu t'en soucis?

Je rigolais. C'est vrai que, habituellement, je me fou totalement de ce que mon père pourrait dire...

-Je...

-Il y a une autre raison, n'est-ce pas?

-Je crois que de me retrouvé seule avec toi me terrifie un peu.

-Te terrifie? Tu sais que ce que tu dis n'as aucun sens? On vient de passer presqu'un mois complet ensemble, seuls chez toi, et là, d'être chez moi, ça te terrifie. T'es pas sérieuse?

-C'est juste,,,,

Je pris une grande respiration.

-C'est plus réel, tu comprends?

-C'est pas toi qui me disais, il y quelques jours, que tu ne voulais pas que notre relation ne soit à recommencer, mais qu'elle avance. Que tu avais besoin de moi.

Fuck it. Il a sorti son regard de chien battu. Je ne m'en sortirai jamais.


It's No Fairytale (French)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant