It's No Fairytale (French)

XXXVI

Laurence's POV

Justin me fixait, ses grands yeux bloqués sur moi. Oubliant tout ce qui se trouvait autour de nous, il fit un pas en avant, doucement, puis un autre et encore un.

Puis, d'un coup, sans que je n'ai le temps d'analyser la situation, il était collé contre moi, m'embrassant comme si sa vie en dépendait.

-T'es revenue... marmonna-t-il contre moi, les yeux fermés étroitement, les sourcils légèrement froncés, comme s'il était aux prises avec un maux de tête particulièrement agaçant.

-Je suis venue ici à tous les jours depuis que tu m'as abandonné comme une malpropre! Toi, t'étais où?

-Oh, tu sais... Ici, là-bas, qu'est-ce que ça change?

-Just-

-ALORS? TU VAS M'EXPLIQUER POURQUOI T'ABANDONNES LA MÉDECINE?

J'ouvris de grands yeux.

-Tu... abandonnes? Tu « changes de branche »?

-Pas vrai-

-NON! coupa le père de Justin. Monsieur a décidé de ne plus faire d'études du tout. Niet. NADA!

-Quoi!? Tu vas faire quoi?

-Je-

-MONSIEUR A DÉCIDÉ DE FAIRE CARRIÈRE EN MUSIQUE! MONSIEUR VEUT DEVENIR CHANTEUR! MONSIEUR N'A AUCUNE CONSIDÉRATION DE TOUT CE QUE SON VIEUX PÈRE A DU FAIRE POUR LE MENER LÀ OÙ IL EST AUJOURD'HUI. MONSIEUR-

-Si tu m'appelles « monsieur » une fois de plus, je te jure que tu vas le regretter, s'écria soudainement Justin.

Moi, de mon côté, j'étais plutôt figée.

-Chanteur?

Justin rougit légèrement, balançant son poids d'un pied à l'autre. Son regard évitait soigneusement le miens alors qu'il me répondait d'une voix à peine audible.

-J'ai décidé d-de suivre ma propre vo- mon propre chemin. Je ne peux pas me borner à essayer de faire ou d'être quelque chose qui ne me correspond pas. Et je ne me suis trouvé, moi, qu'avec deux seules choses; c'est chantant que j'ai réussi à trouver une paix que je n'avais jamais vécue.

-Et la seconde?

-C'est avec toi que j'ai découvert ce que c'était de vivre à plein régime. C'est avec toi que j'ai découvert que la vie pouvait avoir un sens, et je sais désormais que sans toi la mienne n'en a pas.

Je lui offris un sourire larmoyant.

-Je t'aime, soufflai-je.

-Moi aussi, je t'aime.

* * * * *

Je crois que, pour une fois, ma bonne étoile m'a envoyé la preuve de son existence; nous avons réussi, moi et Justin, à échapper, cette fois-ci, au courroux de son père. Il n'a pas voulu nous laisser partir sans histoire, mais l'infirmière a appelé discrètement la sécurité, alors deux hommes en uniformes sont venu le cherché et lui ont affirmé qu'ils allaient lui collé au cul jusqu'à ce qu'il se soit calmé.

Une chance pour nous! Alors qu'il était emmené de force par les gardiens, nous avons pu filer en douce.

Main dans la main, nous avons alors marché. Au tout début, je croyais que Justin me guidait simplement le plus loin possible de son père. Mais j'ai ensuite compris qu'il avait un endroit précis en tête.

-Je suis tellement désolé, disait-il en me guidant à travers la mer de gens qui nous entourait sur le trottoir. Je ne sais pas comment te dire à quel point je m'en veux de t'avoir laissé comme ça, seule et abandonnée, alors que tu avais besoin que tu me rassures.