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Je regarde à nouveau ma montre. J'ai encore six minutes et 30 secondes pour me rendre à la maison, prendre une douche, faire mon sac et manger avant d'aller à l'école. Je crois que je me suis encore trop attardée dans le parc et je vais être en retard.

Mais moi, Laurence, commencer une journée sans courir, c'est impossible. Donc, ça m'oblige à prendre une douche et me changer, parce que sinon, bonjour l'odeur de sueur!

J'accélère donc mes foulées et ne relâche qu'une fois devant ma maison. Je rentre par la porte sur le côté et monte jusqu'à l'étage où je m'enferme dans la salle de bain. Je prend rapidement une douche qui libère toute la tension que mes muscles ont accumulés en courant.

Je m'enroule ensuite dans une serviette et cours jusqu'à ma chambre avant que quelqu'un ne me voit. Pas qu'il y ait quelqu'un à la maison, mais on ne sait jamais. Peut-être que pour une fois papa serait rentré. Apparemment non, puisque lorsque je descend prendre mon petit-déjeuner en vitesse, personne ne me hurle que je vais être en retard.

***

Sans surprise, j'arrive en effet en retard. Et vraiment en retard. Tellement en retard qu'il ne me sert à rien de me rendre dans mon premier cours puisque les élèves ont déjà rangé leurs cahiers et n'attendent plus que la sonnerie pour pouvoir se lever et quitter les classes. Alors, je marche tranquillement jusqu'à mon casier. Une fois rendue, j'y fourre mon sac avant qu'une tornade ne vienne me prendre par surprise.

Par tornade, je ne veux pas réellement parler de la catastrophe naturelle, mais bien de mon meilleur ami Alex, homosexuel jusqu'au bout des ongles. Il ne peut jamais tenir en place, et je crois bien que c'est ça qui fait son charme. Pas qu'il soit laid; il attire bien trop de filles (et de gars) pour l'être. Toutefois, ce n'est pas pour ça que je suis devenue amie avec lui.

Je suis une fille qui ne peux pas tenir les gens hautains, faux et qui se prennent pour d'autres. Alex a toujours été lui-même, même lorsqu'il était rejeté parce qu'il était différent. Même rejeté et humilié par nos camardes, il n'a pas essayé de nier qui il était, et c'est vraiment super. Je le respectait pour ça.

Et lorsque j'ai compris que même si ces brutes le tabassait un million de fois, il n'arrêterait pas d'être qui il est et de défendre sa position, j'ai décidé qu'il était fini le temps où il devait affronter tous ces imbéciles seul.

C'est depuis ce temps qu'on ne se lâche plus. Environ 5 ans, donc, puisque notre amitié a débuté au début du secondaire et que cette année-ci est la dernière. Wow, c'est fou comment le temps passe vite.

— Mais t'étais où? J'ai dû me mettre avec Judith pour le travail de maths. Te rends-tu au moins compte de ce que tu me fais endurer quand tu sèches les cours?

—J'espère qu'elle n'a pas trop bavé sur tes cahiers!

Judith n'est pas méchante, contrairement à ce que l'on pourrait croire. Toutefois, c'est en quelques sortes la lèches-cul de tous les profs. En plus, elle passe tous ses dîners dans le local d'étude à relire et relire ses notes. Sans oublier qu'elle est éperdument amoureuse d'Alex, mais ne semble pas comprendre qu'il n'est pas juste «pas attiré», mais aussi insensible à ses décoltés (pas très remplis) qu'un végétarien l'est d'un steak. Plusieurs ont tentés de lui faire ouvrir les yeux, mais personne n'a pu la faire changer d'idées.

—Ça t'aurais plus!

J'éclatais de rire en acceptant le bras qu'il me tendait et il nous conduisit à l'extérieur du bâtiment pour le temps de la pause. Une chance que je l'ai, mon Alex. Sinon, je serai vraiment seule. Vous l'aurez compris, je ne suis pas vraiment la fille ayant beaucoup d'amis. Alex est le sociable d'entre nous deux, bien que ce soit moi qui ait fait le premier pas. Disons simplement que j'ai tendance à repousser les autres par ma solitude. J'ai mon frère, mon père et Alex, et suis bien comme ça, entourée de mecs.

Les filles, bien que j'en sois une, ne m'attirent pas vraiment. Elles parlent trop, pensent à des choses superficielles, pleurnichent parce qu'elles sont grosses, mais refusent de faire du sport, de peur de ruiner leur toutes nouvelles coiffures...

—Alors, quoi de neuf? Jordan ne t'a toujours pas rendue folle à ton tour?

Mon frère n'est pas fou. En fait, il est très intelligent. Assez en tout cas, pour être persuadé que l'école est importante et que je n'y fais pas assez d'efforts. Mais, perso, je sais déjà qu'apprendre que les Français ont envahis l'Amérique en 1534 ne me servira à rien dans le futur.

—Pas encore, mais presque. Hier il m'a tout confisqué — portable, ordinateur, télé — et ensuite enfermée dans ma chambre pour que j'«étudis»! Sérieux, j'avais le goût de bouffer mon cahier.

—Mais tu as étudié?

—Jamais de la vie! Il avait oublier ma chaîne Hi-Fi. J'l'ai bombardé de musique jusqu'à deux heures du mat'!

—Laue...

—Ben quoi? Tu t'attendais réellement à ce que moi, moi, j'étudie pour un examen? Combien de fois c'est arrivé?

—Jamais?

—Et j'ai combien de moyenne?

—85%, je sais, je sais. C'est bon. Pas besoin de me rabattre les oreilles avec tes supers bonnes notes!

***

La journée a été longue, entre les cours ennuyants et les cours endormants, je n'ai pas eu une minute à moi. Alors, c'est avec joie que je sors de l'école et me dirige vers la rue, où je peux déposer mon skate sur le bitume et prendre mon élan. Je rentre souvent seule, puisqu'Alex doit rentrer pour s'occuper de sa petite soeur presque tous les soirs; sa mère monoparentale travaille tard. Disons que ça fait des ravages, ici, les parents divorcés ou sans conjoints. Pas que c'est un quartier où l'entrée n'est acceptée que pour les forever alone, mais il n'a pas autant de valeur que, par exemple, celui où se situe l'université. Il est donc plus facile de payer le loyer.

Justement, moi, je suis la seule fille dans ma famille. On a aucune idée d'où se trouve ma mère. Il n'y a que mon père, mon frère et moi. On s'en sort pas trop pire. Je ne travaille pas, mais mon frère (qui a 23 ans) aide mon père avec le peu d'argent qu'il arrive à gagner je ne sais trop comment.

Plongée dans mes pensées, je n'ai même pas remarqué que mon téléphone résonnait dans la ruelle que je traversais, dernier barrage avant la maison. Je le sortie de ma poche arrière avant de décrocher sans regarder l'identifiant.

-Yop!

-Laurence? Où est-ce que tu es?

-Papa?

-Dis-moi où tu es que je vienne te chercher!

-Papa, qu'est-ce qu'il se passe?

-C'est Jordan. Il est à l'hôpital.

* . * . * . * . * . * . * . * . *

Voilà, le chapitre est terminé.

J'espère qu'il vous a plus!!

Laissez-moi des commentaires pour me dire ce que vous en avez pensé! Je sais que ce chapitre n'explique pas vraiment ce qu'il va ce passer dans le futur et qu'il contient beaucoup de description, mais pour moi, c'est important que l'on comprenne qui est Laurence.

Alors, votez, commentez, partagez!!

#NoFarytaleFic Sur Twitter

@StefAnnny04

It's No Fairytale (French)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant