Chapitre 6

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Je frottai mes yeux durement pour enlever les larmes que je pensais me faire halluciner. Mais lorsque j'ouvrai les yeux, il était toujours là, debout en face de moi, l'expression figée. Mon cerveau allait à mille à l'heure. Mon cœur martelait dans ma poitrine. C'était comme si le temps s'était arrêté, et on ne faisait que se regarder sans rien dire. Il était toujours aussi beau. Il portait un T-shirt tellement blanc que ce n'etait appoprie dans cet environement aussi impropre. Un jeans troue et des tennis blanc qui sautaient aux yeux. Les bijoux autour de son cou et son poignet brillaient comme de l'or fraîchement modelé.

-Mon amour. Souffla-t-il avant de venir me prendre dans ses bras.

Il m'etouffait presque, alors que je restai rigide sans lui retourner l'accueil. Il prit ma tête en coupe et me baisa sur le front à plusieurs reprises, puis s'écarta de moi pour contempler mon expression.

-Naomie? M'interpella-t-il la voix faible.

Les mots semblaient bloquer dans ma gorge. J'avais la sensation d'être en train d'être enterrée vivante sans que personne le sache. J'étais dans le coffre. Tout le monde était là et pleurait ma mort mais n'entendais pas qui hurlait. Je me débattais sans fin, j'étais en colère contre tous, car il ne voyait pas que j'etais encore en vie.

-Tu n'as jamais répondu à mes lettres. -Reprit-il sous mon regard dubitatif.- Mais j'ai continué à t'écrire dans l'espoir qu'ils te parviennent. Dit-il tout sourire.

(Ou pat janm reponn let mwen yo. Malgre sa mpat sispann ekriw paske mte gen espwa ou tap jwenn yo kan menm)

Il m'avait écrit?

-J'étais sur ma route pour aller chez toi, et annoncer, à tes parents et à toi, la bonne nouvelle.-Dit-il tout excité- Je suis finalement un citoyen canadien mon amour!! -Dit-il en riant alors que des larmes de joie paraissaient dans le coin de ses yeux.- On peut enfin se marier et mener une vie ensemble de l'autre côté.- Lâcha-t-il en déposant deja ses lèvres sur les miens.

(Mte sou wout poum al bay ou menm ak paranw nouvel la ! Mwen son sitoyen kanadyen ofisyelman!! Nou ka finalman marye poun ka viv lot bo a!)

Il voulait toujours se marier avec moi.

-Junior. Chuchotai-je presque, me séparant de son étreinte.

Il me regarda, l'air curieux.

-Junior. Repetai-je la voix plaintive.

-Oui. Répondit-il confus.

(Wi)

-Junior! Junior! Junior! Junior! Continuai-je en frappant mes points sur son torse avec colère et désespoir.

Les larmes dévalaient mes joues. Et comme si le temps sympathisait avec mes sentiments, des orages grondaient et le ciel devenait gris.

Après tout ce temps!? Pourquoi maintenant? Pourquoi?

Il me prit dans ses bras encore une fois pour calmer ma fureur, alors que je pleurais maintenant la peine dans la voix.

-Tout va bien maintenant je suis là. Essaya-t-il de me rassurer.- Maintenant que je suis revenu, tout va bien se passer, ok? Continua-il

(Mwen la kounya, tout bagay ok. Ou oa bezwen peu)

On resta comme ça pendant plusieurs minutes. Et lorsque mes larmes se calmèrent, il se détacha de moi encore une fois mais me tint par les bras, il reprit:

-Allons donc chez toi pour annoncer la nouvelle à tes parents. Dit-il en souriant, alors qu'il effaçait les traces de mes larmes de sa main.

(Ann al lakay ou a non poun al bay paran'w nouvel la)

Valeurs HaïtiennesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant