Chapitre 4

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                 Elle nettoyais un meuble dont je ne saurais décrire dut à ma vie embrouiller par les larmes.

- Manman mwen ansent,  Tijan di konsa pitit la epa pou li,  épi Mwen jwenn li ak on lòt fi. Lâchai-je sans retenue,  sans penser aux conséquences.
(Maman je suis enceinte,  Jean à protester en disant que ce n'est pas le sien  et je l'ai trouvé avec une autre fille.)

- Taleu,  kalmew,  saw di la? Repliqu a-t-elle le visage déformé par l'étonnement.
( Attends,  calme toi,  que viens-tu de dire? ) 

            Prise de peur,  je continuai à la regarder en entremêlant mes doigts. 

- An,  ou gen kouraj après tout sak fin pase yo pouw kite'l gòs ou ankò,  ou pa wè sak rive kounya?  Li bouke avew,  lal jwenn on lòt fanm,  mwen pat diw non!  Mwen pat diw kitel?! Tchuiiipps.  Lâcha t-elle le souffle haletant.
(Anh,  tu as le courage,  après tout ce qui s'est passé,  tu t'es laissé engrosser encore une fois,  tu ne vois pas ce qui t'arrive maintenant?  Il s'en est lassé de toi,  il est allé trouver une autre,  ne t'avais- je pas prévenu? ,  ne t'avais-je pas dis d'en finir avec lui!????) 

                Elle ne comprenait pas,  elle ne comprenait pas que je l'aimais,  et que si j'en étais capable,  je donnerais mon sang,  ma vie pour lui.  Elle ne comprend pas que je suis dans la merde,  mais que je suis quand même heureuse de porter son enfant.  Je suis idiote c'est vrai et peut-être même écervelée,  mais le fruit de notre soi-disant amour est en moi,  et je ne l'enleverai pour rien au monde.

            Le regard toujours sur moi elle me toisa puis tourna le dos et quitta la pièce.  À ce geste je sentis mon vrai monde s'écrouler.  Si ma mère me laissait tomber,  qui aurai-je pour me relever?  Je restai figer un moment,  telle une bouteille vide redressée au milieu d'un nulle part. Mon souffle s'entre coupait,  mes pensées s'entre choquait à en faire mal à mon cerveau.  Un rire nerveux s'échappa de mes lèvres avant que je ne hurle de toutes mes forces. Car je ne pouvais faire que ça pour exprimer mes sentiments,  même si je voulais pleurer je ne pouvais pas.  Les mots de ma mère ont débranché toutes mes fonctions. J'avais mal,  trop mal,  je me sentais trahis par tout le monde, même par moi même.

- Valencia saw gen la?  Apparu ma voisine Clémence inquiète.
(Valencia tout va bien?) 

         Mon cri avait sûrement alerté tout le monde dans le quartier.

- Mwen pa gen anyen Mwen vle just ret poukòm,  mèsi.  Lâchai-je désespéré,  en la poussant dehors rapidement,  verrouillant la porte après moi.
( je n'ai rien ,  je veux juste rester seule,  merci.) 

                       Je jetai mes fessiers au sol dans un coin près du lit.  À ce moment je m'enfoutais des ravets qui pourraient sûrement être juste à côté de moi sur le mur ne comprenant rien à ma vie de merde où les toiles d'araignées qui contiennent indubitablement une famille dégueulasse de cette espèce,  ou encore des multiples moustiques qui formaient déjà un orchestre à mes oreilles,  parés à me vider de mon sang,  jusqu'à la dernière goutte,  tant mieux.  Tout ce que je voulais c'étais m'évader.

                Je sursautai violemment à l'entente de coups bruyants dans la porte,  je m'étais endormie,  et par la fenêtre je pouvais constater qu'il faisait déjà nuit.  J'avais dormis à même le sol,  et pendant longtemps,  bonjour les courbatures et la faim. 

-Valencia ouvè!  Cria ma mère.
( Valencia ouvre!) 

         Je m'empressai d'ouvrir la porte,  et sans attendre elle me prit dans ses bras fermement.

- Ou fè kèm sote.  Dit-elle la respiration saccadée.
( Tu m'as fais peur) 

                  Elle passa plusieurs fois sa main protectrice sur ma tête,  puis me ramena m'assoir sur le lit avec elle.

- Fòw ranmase tout fòs ak kouraj ou. Elle m'a dit en prenant mes mains pour les serrer.
( Tu vas devoir être forte et courageuse) 

- Mwen al lakay Tijan,  pat gon moun,  epi vwazinay yo di li ale ak tout  manman'l,  epa gon moun ki konn kibò.

( Je suis allée chez TiJean,  il n'y avait personne,  les voisins ont dit qu'ils ont déménager,  et personne ne sait où ils sont allés) 

             Les battements de mon coeur s'accélera,  où était mon fils?

- E Josué?  Demandai-je paniquée

             Ma mère retroussa ses lèvres puis me répondit,  une mine désolée. 

- Yo ale avèl tou.
( Il sont aussi partis avec lui) 

                    Je retenue ma poitrine difficilement,  tellement la douleur était violente.  On m'avait arraché mon fils. Les larmes débutèrent comme un torrent.

- Non,  non,  non manman.

- Chuut Val,  jus met nan tèt ou ke lap toujou ret pitit ou,  e ke yap ofri'l on Pi bèl avni.

( Val,  je sais que c'est dure, mais  mets toi dans la tête qu'il restera toujours ton fils,  et qu'ils l'offrirons un meilleur avenir.)

-bagay yo rèd manman.  Lui dis-je,  me dandinant de l'avant à l'arrière.
( c'est dur maman)

- Mwen konnen Wi pitit mwen   m'en gon lòt bagay ki Pi mal. 
( je sais ma chérie,  mais il y a quelque chose de bien pire)

               Mon coeur ratai un battement,  je relevai mon regard vers le sien.

- Frè a sèw  te dim swa pou mete w deyò nan kay la,  swa yap efase  nou nan vi yo.  E Jan ou wè'l la,  mwen deside kenbew,  ou se pitit mwen.  J'écarquillai mes yeux et j'éclatai d'un coup en sanglot.
(  J'ai appelé tes frères et soeurs et les ai expliqué la situation,  mais ils m'ont posé un ultimatum,  sois te foutre dehors,  sois eux ils nous foutent dehors de leur vie,  et comme tu peux le constater,  je t'ai garder,  je ne veux pas perdre d'autre enfant.) 

-Tout sa se fòt mwen,  padon manman. Lâchai-je entre mes sanglots. 

               Elle me pris vivement par les bras et me secoua à la fois douce et brusque.

- Hey tifi gadem,  pran kouraj ou a de menw,  ranmase karaktè w,  e fan'm ou ye,  kote nèg paka jere,  fan'm ka bouske lavi.  Tande'm,  n'ap chanje pou n'al nan on Kay pi piti,  épi nap degaje nou,  ou tande'm?
( Hey regarde moi,  sois forte, reprend ton caractère,  car tu es une femme.  Là où les hommes échouent,  les femmes entreprennent dans la vie.  Écoute moi,  on va dans une plus petite maison et essayer de sauver la situation,  compris?)

           Je secouai la tête.  Je devais être forte,  comme elle est,  pour elle,  pour  le bébé,  pour nous.

                 Je ris intérieurement,  ce que je me raconte sont des bobards, jamais je ne pourrais être comme ma mère l'est,  et puis quoi encore?  Du jour au lendemain tout allait changer en moi ,  que j'aurais dès maintenant l'espoir d'un demain meilleur ,  Ni Dieu,  Ni la destinée,  Ni la chance et encore moins les fées n'éxistaient,  autant me décider maintenant à me suicider,  à quoi bon rester sur cette terre si elle nous rapporte rien de bon?

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Merci d'exister😘

        

               

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