Profileuse [Esprits Criminels]

Chapitre 25

Aimee était en train de jouer avec une petite figurine lumineuse quand Garcia revint dans son bureau : un hibou vert qui poussait un petit hululement quand elle pressait un bouton dans son dos. L'animal mécanique fascinait la petite. Le sourire aux lèvres, une certaine extase dans les yeux, elle palpait les formes lisses de l'objet. Elle laissait son cri résonner dans ses oreilles avec délice. Garcia entra doucement mais ferma la porte assez fermement pour que l'enfant remarque sa présence. Elle l'avait déjà complètement adoptée, sous le charme de cette petite qui « voyait » les choses et le monde différemment des autres personnes. Elle était émerveillée par ce petit être qui savait déjà tellement de choses sur le monde, qui s'exprimait avec une aisance rare pour un enfant de son âge et dont l'esprit fonctionnait à toute vitesse. Elle s'assit à côté d'elle et la regarda jouer un moment.

- Ca ressemble à quoi dans la vraie vie... cet animal ?

Prise au dépourvu, Garcia hésita puis répondit :

- C'est un oiseau, un animal capable d'étendre des bras plumés et de se laisser porter par les courants d'air. Pour ponctuer ses mots elle écarta les bras de la petite et les agita à la manière des ailes d'un oiseau. Cependant tu ne peux pas le voir dans la journée, il n'est actif que la nuit. Il est dans les arbres et observe toute la vie qui grouille dans le noir en poussant des hululements profonds.

Garcia se prit à imiter le bruit d'un hibou tout en chatouillant la petite. Aimee se contorsionna en riant.

- Arrête, gloussa-t-elle.

L'analyste continua un moment, profitant de ces éclats de rire qui semblaient trop précieux à ses oreilles, puis stoppa sa douce torture. L'enfant reprit son souffle tout en continuant d'explorer le bureau de Garcia de ses doigts. Elle effleura le colibri en verre qui trônait devant un écran.

- C'est froid, haleta-t-elle.

- C'est du verre trésor c'est normal, fais attention c'est fragile, tu pourrais te faire mal en le brisant par erreur.

Aimee le fit rouler dans ses mains, cherchant une forme connue, mais resta perplexe :

- Ca représente quoi ? finit-elle pas demander.

- Un colibri, répondit Garcia. C'est un oiseau aussi, beaucoup plus petit cette fois. Il bat des ailes extrêmement vite, si vite qu'il peut faire du sur-place pour se nourrir dans les fleurs. Et je crois qu'il dispose d'yeux plus performants que les êtres humains, il voit plus de couleurs que nous.

- J'aimerais bien voir le monde en couleur... murmura la petite en frôlant le verre.

Garcia ne sut pas trop quoi répondre, ne voulant pas mettre la petite mal à l'aise.

- Dis, continua Aimee, je peux faire encore un vœu ?

- Encore ? demanda Garcia. Et bien, en tant que fée je pense que je ne peux pas refuser ça mais, attention, il ne faut pas en abuser petite chipie.

Elle tapota le nez de l'enfant qui rit de nouveau. Cette-dernière reprit rapidement un air concerné.

- Tu pourrais faire en sorte que ma maman ne soit plus triste ?

- Que- pourquoi tu penses que ta maman est triste ? s'étonna Garcia, inquiète.

Aimee hésita avant de continuer et Pénélope constata avec amusement que, malgré le fait qu'elle ne l'ait jamais vue, elle avait le même tic nerveux que sa mère, elle se mordillait les lèvres et les joues.