Profileuse [Esprits Criminels]

Chapitre 13

Les portes de l'ambulance s'ouvrirent en grand alors que cette dernière arrivait à l'hôpital.

- Continuez la réanimation et le massage cardiaque, on la lâche pas ! 27 ans, blessure à l'arme blanche sous le sternum, hémorragie importante et estomac perforé, en arrêt cardiaque depuis moins d'une minute. Blessure perforante, par balle, infectée, dans l'épaule gauche.

- Ok on l'emmène au bloc d'urgence !

Le brancard disparut au détour d'un couloir. Hotch descendit du véhicule, sonné, perdu. Il ne remarqua même pas qu'une infirmière se dirigeait vers lui.

- Monsieur ? demanda-t-elle timidement.

- Oui ? répondit-il, les yeux dans le vague.

- On m'a donné ça, c'était sous sa chemise, essayez de voir si vous pouvez trouver les personnes concernées, dit-elle en lui tendant un petit tas en papier, froissé et taché de quelques traces de sang. Je vais vous conduire dans la salle d'attente. Vous ne pouvez pas rester là, des ambulances viennent se garer ici.

Il acquiesça et se laissa emmener.

Il fut entouré d'un voile tout le temps de l'attente. Aucun son, aucune image, aucun élément extérieur ne parvenait à l'atteindre. Les directives des médecins, l'odeur de désinfectant, la lumière blanche. Tout était plongé dans un brouillard. Au bout de plusieurs minutes, il baissa les yeux sur ses mains. Elles étaient couvertes du sang séché d'Alicia. Et il tenait toujours les papiers que lui avait donnés l'infirmière. Il les déplia et les lissa du plat de la main.

Il remarqua que c'étaient des enveloppes sur lesquelles étaient tracés en lettres capitales les noms des membres de l'équipe. La première lui était destinée. L'écriture était tremblante mais le crayon avait été fermement tenu, l'encre était profondément imprimé sur les feuilles. Il esquissa un mouvement pour ouvrir son enveloppe et découvrir son contenu mais se ravisa au dernier moment. Il suspendit son geste et se contenta de les glisser dans sa poche.

Le reste de l'équipe arriva une demi-heure plus tard. Hotch les accueillit avec ces simples mots :

- Elle est au bloc.

Rossi et Seaver se laissèrent tomber côte à côte sur les sièges de la salle. Prentiss commença à faire les cents pas. Reid se détourna et prit la direction des toilettes. Morgan le suivit du regard avant de lui emboîter le pas.

Quand il entra dans la pièce, Reid se frottait énergiquement les manches et les mains avec du savon pour essayer d'effacer les traces de sang. Il releva la tête et croisa le visage de Morgan dans le miroir.

- C'est de ma faute, articula-t-il difficilement.

Ses lèvres se crispèrent et son menton se mit à trembler.

- Reid...

Morgan s'avança vers lui et posa sa main entre ses omoplates.

- Tu as fait ce que tu as pu...

- Non tu comprends pas, répondit Reid. Le couteau... le couteau était relié à la corde qui lui attachait les poignets, c'était un système de poulie. J'ai pas réfléchi et je me suis emporté... si j'avais... si j'avais pris le temps d'analyser la pièce j'aurai... je l'aurais vu et on en serait pas là...

- Reid, Reid, écoute moi. N'importe qui aurait fait comme toi, j'aurais fait comme toi. Tu étais seule face à une amie en détresse et tu ne savais pas où étais son ravisseur. Tu savais que le temps jouait contre toi et que Karl était prêt à tout brûler d'une seconde à l'autre. Ton objectif principal était de la sortir de là le plus vite possible !