Profileuse [Esprits Criminels]

Chapitre 15 - A Aaron Hotchner

Hotch referma le dossier qu'il venait de terminer de remplir. Son regard glissa sur la pile de papiers qu'il avait à remplir et signer d'ici le lendemain et poussa un profond soupir. Il tendit la main et se saisit du premier document. Le rapport qu'il devait remplir concernant l'affaire Alicia Davis. Il devait relater leur intervention au domicile de Karl et sa conclusion. Il lut le rapport du médecin légiste, Karl avait été abattu de 3 balles dans le torse. Prentiss, Morgan et Rossi avaient tirés sans hésiter et selon leur rapport, c'était pour éviter que le pyromane ne mette le feu à la bâtisse. Il ferma les yeux pour se concentrer puis commença à rédiger.

Mentalement, refaire le cours de l'intervention fut dur pour Hotch, il revoyait nettement Reid enlaçant le corps inerte et ensanglanté d'Alicia. Il sentait encore sur ses bras le poids de la jeune femme quand il l'avait sortie de la maison, il sentait sur sa main la légère pression de ses doigts alors que son pouls était de plus en plus faible. Et il se souvenait du regard horrifié de ses collègues, de l'attente interminable à l'hôpital. Strauss avait demandé à avoir une copie de rapport. Elle n'avait pas demandé la moindre information concernant Alicia. Il avait du mal à la comprendre, elle s'était battue pour faire partie de l'enquête et maintenant plus rien.

Vers minuit, Hotch décida de faire une pause. Il descendit se faire un café et passa devant le bureau vide d'Alicia. Le petit chevalet avec son nom était la seule chose qui subsistait encore. Il le saisit délicatement et l'emporta avec lui. Il ouvrit un tiroir de son bureau pour le ranger et s'aperçut que la lettre qui lui était destinée était également là. Il la saisit du bout des doigts et l'ouvrit avant de commencer à la lire.

Hotch,

D'une part, je m'excuse pour la lisibilité de ce que je m'apprête à écrire, il fait atrocement froid et cela fait plusieurs jours certainement que je n'ai pas bougé le bras.

Que vous dire... que vous vous en demandez beaucoup trop je pense. Vous voulez absolument nous faciliter la tâche, nous épargner, nous protéger et faire en sorte que nous trouvions encore le sommeil. Alors vous restez au bureau, des nuits durant.

Faire partie du DSC a été l'une des plus belles opportunités de ma vie mais le jour où j'ai intégré l'équipe j'ai eu peur, peur de ne pas être à la hauteur, peur parce que vous m'intimidiez énormément avec votre sérieux et votre exigence. Mais j'ai appris à vous connaître et vous m'avez aidée à m'intégrer, vous m'avez donné l'occasion de montrer ce dont j'étais capable. Et vous avez toujours tenu à me remercier pour mon travail.

Sauf que vous n'êtes pas qu'un simple agent du FBI, un simple chef d'unité, vous êtes un véritable ami pour chacun des membres de cette équipe, un pilier sur lequel on peut se reposer à tout moment. Vous êtes également un père admirable et Jack est un petit garçon merveilleux. Je sais que, pour lui, vous pouvez esquisser des sourires sincères et que vos sourcils ne sont pas toujours froncés. J'ai vu grandir ce petit bonhomme autant que vous et, même vous doutez chaque seconde d'être un bon parent pour lui, je sais que vous êtes le plus apte à le réconforter et lui apprendre ce qu'est le monde.

Autorisez-vous à rire un peu plus Hotch, même si nos vies sont cernées par l'horreur et la mort, le bureau reste malgré tout un petit refuge au sein duquel tout peut disparaître l'espace d'un instant. Croyez-moi, je sais de quoi je parle. Vous cachez vos émotions pour éviter qu'elles ne débordent sur l'équipe, mais parfois, montrer ce que vous ressentez peut les aider à mieux vous comprendre. Vous n'êtes pas qu'un rouage dans une machine, vous êtes un homme de bien et un homme juste, quoi qu'en dise la hiérarchie. Vous avez prouvé votre valeur et vos compétences depuis bien longtemps maintenant, et c'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai foi en notre équipe. Je sais que vous me retrouverez... et je sais que j'ai encore un espoir de survivre à ce calvaire.