Romulée Potter : AutreMonde

Chapitre 8

          Elle avait l'impression d'être seule dans la maison, et c'était peut-être le cas. Les Dursley avaient probablement raison de la fuir, qui sait quels genres d'horreurs elle pourrait leur infliger ? Elle ne le voulait pourtant pas...

          Un couteau passant tout près de son oreille la fit se recroqueviller un peu plus. Incapable de contrôler ses tremblements ou, plus important, cette chose qui venait d'elle, Romulée n'osait pas bouger, certaine d'être frappée de tous les côtés et d'être la victime de ce qu'elle avait elle-même provoqué. Même si elle voulait arrêter tout ça, elle ne savait pas comment faire. Chaque fois que des ustensiles se percutaient ou l'approchaient, elle tressaillait en sanglotant de plus belle.

- Harry... à l'aide...

          Il était un sorcier, il pourrait l'aider. Il avait les pouvoirs pour tout arrêter. Mais il n'était pas là.

- J'ai peur...

           La jeune fille craignait que cette tempête ne retombe jamais, qu'elle soit coincée pour toujours en son centre. C'était peut-être pour le mieux, au moins, si elle était enfermée, elle ne pourrait faire de mal à personne.

- Respire, petite.

          Ses épaules tressautèrent.

- Si tu veux arrêter ça, tu dois commencer par te calmer. Alors respire.

          Elle en était incapable, son nez était bouché et sa gorge nouée. Et puis, qui était cette personne dont la voix lui était parfaitement étrangère ? Ce n'était ni l'un des Dursley, ni même un habitant du quartier, Romulée en était certaine.

- Ce serait plus rapide de stopper ça nous-même.

          Une deuxième personne inconnue accompagnait la première. S'efforçant d'ouvrir les yeux, la brunette chercha à les apercevoir mais ses larmes et la barrière d'ustensiles l'empêchaient de discerner plus que leur silhouette.

- Elle doit apprendre à se contrôler. Autant commencer tout de suite.

          Respirer, elle devait respirer. Ces gens avaient l'air de savoir ce qui se passait. D'être là pour l'aider. Alors elle se força à prendre une grande inspiration, interrompue par les sanglots qu'elle ne pouvait retenir et qui secouaient tout son corps.

- C'est bien. Concentre-toi uniquement sur ta respiration jusqu'à ce qu'elle redevienne naturelle.

          Peu à peu, Romulée sentit ses poumons se détendre avec son corps. Ses hoquets s'espacèrent, se raréfièrent, et avec eux ses larmes qu'elle put définitivement essuyer. En relevant les yeux, elle put enfin voir les deux inconnus. La femme lui sourit en hochant la tête.

- Tu vois ? Tes "armes" se sont calmées avec toi.

          En effet, l'anneau protecteur tournait bien plus lentement et ne cessait de ralentir. Les plus petits objets, comme les cuillères, tombaient déjà en tintant.

- Très bien, ça suffit.

          La deuxième personne fit un simple geste de la main. L'instant d'après, tout se figeait une seconde avant de tomber lourdement, le son faisant grimacer Romulée.

- Nous avons déjà assez perdu de temps comme ça, ajouta-t-il en essuyant une crasse invisible sur sa manche, je vais chercher ses tuteurs, vous vous occupez d'elle.

          Sur ces mots, l'homme se détourna sans un regard de plus pour l'enfant qui demeura abasourdie en voyant l'épée à sa hanche. En entendant un raclement de gorge, Romulée reporta son attention sur la dame.