Le temps d'une respiration - BAKUDEKU

Chapitre 9

Izuku avait peu dormi. Il était enfermé depuis quinze heures maintenant, mais n'avait trouvé le sommeil que pour une vingtaine de minutes, systématiquement réveillé par l'assourdissant grondement de ses pensées incisives.

Himiko était restée près de lui, lui avait souri lorsqu'il se tournait, se retournait et marmonnait dans sa barbe, incapable d'agir autrement. La seule raison pour laquelle il n'avait pas tenté de faire un scandale pour le moment, était les paroles que Twice avait prononcé avant de quitter la pièce une fois la nuit tombée : « Himiko ne tolère pas forcément le comportement de Shigaraki, mais elle risquerait gros en agissant contre sa volonté, comme elle pourrait prendre à ta place si tu décidais de tenter quoi que ce soit, d'autant plus en son nom. Reste calme, Midoriya. Au moins tant qu'elle ne fait pas le pas. »

Izuku avait bien tenté de demander à Twice ce qu'il entendait par « faire le pas » mais il s'était contenté de quitter la pièce, la mine sombre.

Le jeune homme sursauta en entendant le tintement d'une sonnerie de téléphone. Il trifouilla machinalement dans sa poche avant de s'apercevoir qu'il ne l'avait pas sur lui au moment de l'enlèvement. Il soupira et jeta un regard en biais à Himiko, qui tremblait presque imperceptiblement.

- Tout va bien, Toga ? demanda-t-il, inquiet de l'absence de couleurs qui animait le visage de la vilaine.

Ladite Toga releva la tête après une vingtaine de secondes de lecture, et regarda Izuku, hésitante. Elle secoua finalement la tête : quand bien même elle aurait voulu lui expliquer ce qu'elle venait de recevoir, elle ne le pouvait pas ici, pas sous ces caméras intrusives.

Izuku la vit lancer un bref regard en direction de l'observateur électronique, et comprit qu'il devait agir normalement, ce qui lui laissa le temps de réfléchir à ce qu'il avait tenté de refouler toute la nuit.

Que voulait réellement Himiko ? Avait-elle en réalité été sincère lors de ses échanges avec lui, mais trop vite rattrapée par la vraie nature de sa mission ? Se sentait-elle vraiment libre, comme elle le lui avait affirmé un jour, malgré la peine qu'elle avait visiblement à agir selon les ordres de Shigaraki ? Devrait-il lui proposer de rejoindre son camp, demander son aide et lui rendre la pareille en la réintégrant à la société ? Mais serait-ce réellement l'aider, si elle ne se sentait pas à sa place au sein de cette même société ? Il devait lui en parler, mais ne savait pas quand il en aurait l'occasion.

Izuku l'entendit commencer à pianoter sur son téléphone, et sourit légèrement en voyant la mine concentrée qu'elle arborait. C'était une fille bien, il en était certain. Il fallait juste qu'elle aussi s'en rappelle.

Soudain, un fracas retentit de l'autre côté de la pièce dans laquelle ils étaient enfermés – Dabi n'ayant visiblement pas assez confiance en Himiko pour la laisser surveiller seule Izuku – et la porte s'ouvrit violemment.

- Grande nouvelle, ma douce, le plan que tu as aidé à orchestrer vient tout juste d'atteindre son apogée ! dit sournoisement Dabi à l'intention de la blonde. La police a terminé d'éplucher les SMS, et ils ont officiellement annoncé une prime à celui ou celle qui retrouverait Midoriya ! Mais tu n'es pas recherché pour disparition, gamin, poursuivit-il en fixant Izuku droit dans les yeux, tu es le traître de la société superhéroïque, et tous tes petits amis sont du côté de cette idée. Tu as perdu, notre plan porte des fruits encore plus mures qu'ils ne devaient l'être ! Allons fêter ça, Toga, laisse-le ici, ce n'est pas un camp de vacances où l'on voit des amis, cracha-t-il en saisissant le bras d'Himiko pour la traîner vers la sortie.

Lorsque la porte fut refermée, Izuku prit le temps de réfléchir à la portée des mots de Dabi. Il aurait dû y penser, mais il était jusqu'alors trop préoccupé par l'absurdité de la situation pour réfléchir aux motivations de l'Alliance. Ils avaient délibérément demandé à Himiko de laisser des preuves écrites de leurs échanges, pour que la police croit à une trahison, pour qu'elle croit qu'il avait fini par céder aux propositions des vilains.