Chapitre 4

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La réponse ne tarda pas.

Faible. Comment te sens-tu, dans l'instant T, Izuku-kun ?

Et ce que je ressentais s'imposa à mon esprit presque immédiatement, me faisant regretter d'avoir posé la question, sachant pertinemment que compatir à son égard ne me serait que dangereux.

Faible. Explique-moi.

Malgré tout, j'étais intrigué par l'idée qu'elle puisse se reconnaître en la personne que je suis aujourd'hui. Les autres n'avaient pas tendance à me comprendre, même lorsqu'ils le pensaient.

Bien. Lorsque j'étais au collège, je possédais déjà l'apparence de petite fille qu'on peut de prime abord déceler chez moi. Ce qui me manquait, c'était ma confiance en moi. Je ne suis pas née sans, je l'ai perdue au fil des remarques des idiots qui pensaient qu'un physique était risible. Quand j'ai par la suite été contactée par Tomura, j'ai pris la décision qu'une seule chose ne changerait pas chez moi : mon apparence. Je ne m'abaisserais pas à ça. C'est ce que je m'étais dit.

Du harcèlement. C'était la raison pour laquelle elle avait rejoint les forces obscures, elle avait été la victime collatérale d'une norme qui diverge d'un avis à un autre. Cette idée me répugnait.

Avant que je ne puisse trouver une réponse à pianoter, un nouveau message s'afficha.

Mon goût pour le sang date de l'époque où, comme toi, il était la seule chose qui me faisait me sentir encore vivante. Or, depuis que j'ai rejoint l'Alliance, il n'a, comme tu le sais, pas quitté ma vie. J'en fais simplement un usage qui ne risque pas d'écourter mes jours. Et même si cette envie ne m'a jamais totalement quittée, je me suis trouvé une raison de vivre. Une famille. Plus aimante que n'importe lequel des hypocrites qui m'entouraient, et qui t'entourent chaque jour.

J'avais été bête de croire qu'elle n'était qu'une tarée de plus. Personne ne naît mauvais. On le devient à cause des conséquences des actes d'autrui. Que deviendrai-je, à force d'être ignoré ? Bien sûr, je ne l'étais pas concrètement, c'était ma douleur qui était ignorée. Mais après tout, que faisais-je pour être aidé ? C'est comme si je me confortais dans cette souffrance, que je craignais de la combattre de peur que ça ne soit si vain que mes forces en soient ainsi épuisées. Je n'étais même plus en capacité de vouloir guérir.

Vibration de téléphone.

À ta tête, je devine que tu es touché. C'est adorable.

Je répondis rapidement.

Himiko-chan, ne regrettes-tu jamais d'être passée de l'autre côté de la société, d'être constamment en cavale ? De ne jamais être libre ?

C'était définitivement moi, qui était en roue libre. Plus de barrières, autant tout savoir maintenant.

C'est ma définition de la liberté. C'était à ma vie, que j'étais enchaînée. C'est ceux qui se croyaient supérieurs à moi, qui m'empêchaient de surmonter ma haine. Désormais, je n'ai plus personne à qui me soumettre. Je ne cache plus qui je suis et j'ose faire tout ce qui me plaît. Je manquais cruellement de ça, avant de passer de ce côté. C'est un choix difficile, après toute une vie à entendre encore et encore où est la barrière située entre « bien » et « mal », mais c'était nécessaire. C'était ça, ou plus rien. Plus jamais. Mieux vaut ça, non ?

Peut-être valait-il mieux ça. Néanmoins...

Personne ne t'aurait empêché de le faire ? N'y avait-il personne que tu aimais au point d'être incapable de trahir ce qu'il défendait ?

Encore une fois, réponse immédiate.

Non. J'ai cessé de m'attacher aux autres bien avant de rejoindre Tomura. C'était trop douloureux.

Le temps d'une respiration - BAKUDEKUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant