PDV Katsuki
Je restai abasourdi quelques instants, profitant à peine du silence que je vénérais tant habituellement, il me semblait si traître, maintenant que mes pensées hurlaient les unes après les autres.
Deku était venu s'adresser à moi, première surprise, pour me parler à cœur ouvert, sans même craindre ma réaction, chose ahurissante à elle seule. Il n'a cessé d'être que trop conciliant envers moi et mes actes passés, et la rancœur que j'éprouvais envers ma propre personne m'a fait dire quelque chose qu'il n'a probablement interprété que trop durement.
Ce « c'est trop tard » sonnait différemment dans sa bouche. Il semblait trouver sa voie au sein de chacun des mots qu'il avait douloureusement prononcé, ils faisaient sens, et perforaient toujours plus mon cœur au fil des minutes qui s'écoulaient.
Mes actes m'apparaissaient d'autant plus cruels que j'apprenais que Deku n'avait jamais cessé de ressentir d'admiration à mon égard. De tendresse, d'amour, peut-être. Il ne connaissait pourtant rien à l'amour, comment pouvait-il penser une seule seconde que les sentiments qu'il ressentait à l'égard de son bourreau étaient amoureux ? Il faisait erreur, et s'en rendrait rapidement compte.
Quels étaient ses mots exacts, déjà ?
« Les choses ont changé lorsqu'ils ont tous commencé à agir comme si me garder près de toi nuirait à ton objectif, n'est-ce pas ? Pourtant, tu ne m'as pas rejeté pour ça, pas vrai ? »
Il avait visé le mile, et peut-être aurais-je préféré qu'il ait tort. Lui rétorquer qu'il se faisait des idées, ricaner face à une naïveté qui n'aurait eu aucune conséquence, qui n'aurait pas brisé les dernières bribes d'émotions qu'il me faisait ressentir.
« C'est trop tard »
Pourquoi tes yeux semblaient-ils si loin, en cet instant, Deku ? Te remémorais-tu les quelques instants que nous avions vécu, à nous promettre le monde, guidés par une innocence qui se transformerait vite en piques gorgées de souvenirs ? As-tu aussi mal que moi, lorsque quelqu'un évoque « ami d'enfance », « sans alter » ou « numéro un » ? Dans ces moments, je ne peux que faire semblant. Comment trouver la force d'agir autrement ? J'ai appris à réagir au rythme de l'idée que les gens se sont faite de moi. Ils pensent que l'idée de « numéro un » me fait vivre, pulse au sein même de mes veines, me motive à me donner à deux mille pourcents. Pourtant, si je frappe plus fort, dans ces moments-là, c'est pour tenter vainement d'effacer les flash-backs de toutes ces fois où tu criais haut et fort que nous serions le duo de super-héros le plus apprécié du pays, les numéros un. Ces souvenirs sont inévitables, et me mettent en rogne, je déteste recevoir ainsi la vision de ce qu'aurait pu être ma vie, si rien n'avait changé.
Aurions-nous poursuivi ce rêve, Deku ?
Serais-je tombé amoureux de mon ami d'enfance, celui dont les espoirs n'auraient jamais été réduits à néant par la personne qui comptait le plus ?
Cela n'avait plus d'importance, c'était « trop tard ».
Peut-être dans une autre vie ?
Était-ce à cela que tu songeais, en me regardant avec de tels yeux résignés ? Et chaque fois que tu évoquais l'avenir, pensais-tu également à une vie dissemblable, était-ce pour cette raison que tu prétendais n'avoir aucune idée de la façon dont tu voudrais construire le futur ? Où n'envisageais-tu même pas d'en venir à ce moment-là ?
« C'est trop tard »
Non.
Je ne parlais pas de la vie, Deku.
Il n'est jamais trop tard.
J'aurais dû le lui dire.
Putain.
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Le temps d'une respiration - BAKUDEKU
FanficLe quotidien de la société superhéroïque toute entière est chamboulé le jour où un étudiant de Yuei est suspecté de trahison. Il aurait rejoint l'Alliance des vilains suite à de nombreux échanges avec l'un de leurs membres. Selon le protocole, les c...