Chapitre 1

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PDV Izuku.

Mes yeux s'ouvraient sur une allée qui ne m'était pas inconnue, à la lisière d'une forêt à quelques kilomètres de mon quartier.

À mes devants, un petit garçon âgé d'à peine plus de quatre ans marchait, l'allure fière. Il était seul, mais sa posture confiante à elle seule donnait l'impression que la nature elle-même s'agenouillait devant lui.

La plupart des autres enfants auraient levé les yeux au ciel face à ce spectacle digne des plus grands vantards, mais ce n'était pas mon cas. J'étais comme électrifié, j'admirais ce garçon à la démarche si assurée qu'il semblait contrôler les éléments comme s'ils n'étaient qu'une étape de plus à conquérir jusqu'au but ultime de maître de l'univers qu'il s'était fixé.

Si n'importe qui lui avait demandé pourquoi il se démarquait de la sorte, il lui aurait ri au nez et serait reparti, la tête haute ; j'avais assisté à ce comportement de nombreuses fois, je m'en rappelais. Mais le jour où j'étais allé le voir, il ne m'avait pas rembarré. Il m'avait observé, un rictus satisfait aux coins des lèvres, et s'était vanté de s'entraîner à marcher comme le plus grand des super-héros face à ses fans, comme il le ferait un jour. Je m'étais promis de suivre ses pas, peu avant de découvrir la vidéo qui accentua ma volonté de devenir aussi fort que lui, All Might. Mais avant tout, aussi déterminé que le garçon, Katsuki Bakugo.

Ma vue se brouillait et le sol s'éloignait légèrement tandis que je posais des yeux peu assurés à son niveau.

Une nouvelle fois, Kacchan me faisait face, de dos, comme la première fois. Il avait pris quelques années et était accompagné d'une bande de trois garçons un peu plus âgés, dégageant tous, à leur façon, une aura déroutante.

Contrairement à Kacchan qui pouvait inspirer le respect, eux, à la limite, ne sauraient que provoquer désarroi et dégoût. Ils riaient à s'en tordre les tripes face à un petit garçon apeuré, recroquevillé sur lui-même. Je sentis mes jambes se mouver à cette vue, sans que je ne puisse rien contrôler.

J'étais comme un spectateur omniscient en contrôle mais interne en vision. Je criai aux garçons de cesser de le martyriser, mais au lieu de m'écouter, ils poursuivaient de plus belle leurs railleries. Je tapai l'épaule du plus grand, indigné. Comment osaient-ils faire preuve de si peu d'humanité ?

L'autre balourd se retourna, la mine agacée. Il me prit soudainement par le col, sous les rires des deux autres. Tandis que je me débattais, j'entendis la voix froide de Kacchan prononcer un bref « fichez le camp, vous autres. Faites ce qui vous plaît de l'autre mioche mais pas touche à Deku. Il est ma proie. » avant de faire signe à ses amis de déguerpir.

Le plus âgé me relâcha à contre-cœur et s'en alla. Je m'apprêtai à remercier Kacchan, lorsqu'il parti de l'autre côté sans un mot. Je restai quelques minutes à contempler les traces de pas fraîches qu'il avait crée dans le sable, peu avant de partir à mon tour, attristé.

Je pénétrai dans une pièce éclairée par la lumière artificielle d'une ampoule à trop haute consommation, alors même que je me trouvais à l'air libre quelques instants plus tôt. En levant les yeux, je remarquai qu'il s'agissait de ma classe de troisième. Kacchan ne me regardait pas, les yeux fixés sur son téléphone.

En tournant la tête, je remarquai qu'ils étaient tous scotchés à leurs écrans, la mine soit dubitative, soit moqueuse. La curiosité ne suffit pas à remplacer la boule de stress qui s'était formée dans mon ventre à cette vue, et je saisis mon propre portable, les mains tremblantes.

Un message anonyme était affiché en haut de mes notifications, et disait « Eh, la troisième A, devinez qui prévoit d'accéder à Yuei et de piquer la place de Bakugo au sein de l'académie superhéroïque ? Ce bon à rien de Midoriya ! Que diriez-vous de tous se rejoindre à 10H pour rappeler à ce morveux qui sont ceux qui ont les capacités de rejoindre l'établissement des héros ? Préparez vos poings, les gars. Ça va saigner. » Mes yeux me piquaient tandis que je relevais la tête et croisai le regard meurtrier de Kacchan. Rien n'était pire douleur que ça.

Le temps d'une respiration - BAKUDEKUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant