Le temps d'une respiration - BAKUDEKU

Chapitre 10

PDV Omniscient

« Fêter ça », chez les vilains, c'était boire plus que de raison et fantasmer à propos de la prochaine irruption qu'ils feraient à UA. Himiko n'avait jamais vraiment aimé ça. Elle n'avait pas réellement rejoint l'Alliance pour faire le mal, elle espérait simplement évacuer celui qu'elle-même portait.

Et s'il fallait pour cela en causer aux autres, comme le lui avait dit Dabi, soit. Elle n'avait pas vraiment réfléchi aux conséquences de ses actes, ce qui comptait, c'était sa santé mentale. Elle ne savait pas que celle-ci serait encore plus endommagée qu'elle ne l'était avant de rejoindre ce camp, elle ignorait comme la vision des meurtres qu'elle verrait et le souvenir des actes qu'elle commettrait la changerait à jamais.

Et ce n'est que lorsqu'elle observa Twice se servir un énième verre, le sourire aux lèvres, qu'elle se rendit compte que sa place n'était pas auprès d'eux. Là où elle s'était vraiment sentie comprise, complète, peut-être un jour aimée, c'était en observant Izuku, durant toutes ces semaines où elle devait récolter des informations à son égard. Elle avait pris le temps de cerner le comportement de chacun de ses camarades, avait mémorisé l'emploi du temps de la seconde A, leurs petites habitudes, avait même tenté quelques exercices qu'ils pratiquaient à l'entraînement superhéroïque, et elle comprenait maintenant pourquoi elle avait agi de la sorte : elle ne serait vraiment heureuse qu'avec eux, ceux qu'elle avait trop de fois nommé « ennemis », ceux à qui elle avait pourtant toujours détesté causer du tort.

Bien sûr, elle était attachée aux membres de l'Alliance, et ressentirait un pincement au cœur au moment de les quitter, surtout Twice, avec qui elle avait noué un fort lien émotionnel, mais elle savait que tôt ou tard, elle devrait le faire. Seulement, pour le moment, elle se contenterait de converser avec Ochaco pour faire évader Izuku, elle ne pouvait pas prendre le risque de montrer maintenant qu'elle souhaitait changer de camp.

Alors qu'elle s'apprêtait à se lever pour rejoindre le kidnappé, Twice l'interpella et lui dit à voix basse :

- Je vois dans tes yeux que tu es prête, je suis fier de toi, ma Himiko.

Puis il se détourna pour ne pas éveiller les soupçons de Dabi, un peu trop observateur, ce qui agaçait fortement Himiko, qui aurait préféré signifier sa gratitude à Twice d'une meilleure manière qu'un simple regard de « merci » ; il avait été le seul à comprendre et accepter qu'elle n'avait pas sa place ici, qu'elle pouvait encore être sauvée des ténèbres.

Dabi, Shigaraki et tous les autres avaient préféré fermer les yeux. Elle leur en voulait pour ça. Et pour bien des choses qu'elle avait été forcée de faire. À dix-sept ans, les cris désespérés d'une enfant ne devraient pas résonner dans notre tête dès lors que nos paupières sont closes.

Himiko rejoignit finalement la pièce de 8 mètres carré dans laquelle Izuku était enfermé, et sursauta en remarquant qu'il était appuyé derrière la porte. Elle lui fit signifier sa présence et il sourit en signe d'excuse, avant de se décaler pour la laisser entrer. Seulement, lorsqu'elle passa tout près de lui, il glissa « mon alter » très bas à son oreille, avant de s'asseoir là où il avait dormi, innocemment.

La jeune femme comprit qu'il aurait besoin de pouvoir utiliser son alter au moment de l'évasion, et se souvint qu'ils avaient injecté quelque chose dans son sang pour rendre son pouvoir inutilisable jusqu'à ce que le sang soit purifié. Par chance, c'était Himiko qui possédait l'appareil pour faire ça, elle était la responsable sang du groupe.

Cela avait été compliqué, pour elle, au moment de désactiver l'alter d'Izuku, de relever la manche du garçon devant ses coéquipiers. Ils avaient tous pu remarquer les marques profondes qui ornaient son bras, et cela avait fait frissonner Himiko, qui s'était souvenue de la réaction qu'ils avaient eu quelques mois plus tôt, en remarquant les mêmes traces irrégulières sur son poignet. Elle avait pourtant dû faire abstraction de son dégoût pour cette pratique et avait piqué Izuku, sentant les regards peser sur elle, celui de Twice, peiné, de Shigaraki, curieux, et de Dabi, ennuyé.