𝐗𝐕

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 L'alarme incendie hurlait dans mes oreilles déjà endommagées par le bruit de l'explosion. J'essayais de reprendre mes esprits, la tête embourbée à cause du choc. J'ouvris doucement les yeux, reprenant conscience de l'espace dans lequel je me trouvais. Je n'avais donc pas rêvé, une bombe avait failli me tuer. Nous tuer ! Je regardais autour de moi. Regina n'était pas là. Je présumai qu'elle s'était remise plus rapidement du choc, et qu'elle était sûrement dehors en train d'appeler les pompiers. Les flammes illuminaient le point sciences de leur couleur orangée, et leur chaleur me faisait suer. Je bougeai doucement, vérifiant que je n'avais rien de cassé. Mes jambes avaient l'air de fonctionner correctement, mes coudes aussi, alors je tentai de me relever pour m'échapper de là.
Sauf qu'en m'appuyant sur mon poignet gauche, une vive douleur me fit échapper un cri. Je relevai la manche de mon manteau pour voir son état, il avait déjà enflé et virait au bleu. Je grognai en pliant mes genoux et m'aidant de ma main valide pour réussir à me redresser. Rien que le fait d'être assise me donnait déjà la nausée. Ma tête me faisait tellement souffrir à cause de tous les bruits stridents qui me criaient de m'enfuir avant que le feu me consume. Je pouvais voir la cour face à moi. Elle était déserte.
Regina.
Où était-elle ?
Je criai son nom, même si le bruit de l'alarme incendie me rendait inaudible. Je ne savais pas où était Regina. Une violente quinte de toux me prit à la gorge à cause de la fumée. Je réussis tout de même à me mettre debout, dans un équilibre bancal, puis je me tournai pour observer l'ampleur des dégâts. Les flammes grignotaient le toit qui commençait à s'émietter. Et autre problème, il s'approchait dangereusement de la réserve de produits toxiques pour les labos de chimie.
Regina.
Pourquoi est-ce qu'elle ne se trouvait pas à côté de moi ? Est-ce qu'elle avait réussi à s'extirper de là ? Je me tournai vers l'ancienne porte qui menait sur la rue derrière le bâtiment. Cette dernière avait été propulsée avec nous dans le choc, j'en trouvais des morceaux éparpillés çà et là. Le feu consumait le parapluie de Kalter. Mais bordel, elle était où ?
Je continuais de crier son nom tout en la cherchant là où les flammes me le permettaient, en vain. Elle n'était pas là. Mes yeux pleuraient et ma gorge me brûlait. Je déroulai mon col roulé que je plaçai sur le bas de mon visage en guise de masque. Je ne sortirais pas d'ici sans Regina.
J'allai chercher du côté du couloir des langues. Mais il n'y avait rien, à part de la fumée. Ma tête tournait, et de multiples petits points noirs apparaissaient sur mon champ de vision. Je commençais à manquer d'oxygène. Il ne me restait que le couloir de français. Je repassai au point sciences lorsqu'un morceau de toit s'effondra sur le balcon et non loin de moi, bloquant l'accès aux salles de langues par l'intérieur. J'ignorai mon corps qui m'implorait d'aller prendre un peu d'air frais, et je pressai le pas tout en appelant Regina.
J'aperçus alors une masse noire sous le deuxième escalier qui menait aux salles de sciences. Je courus en sa direction, et je fus soulagée d'enfin voir qu'elle était là. Elle était allongée sur le côté, semblant dormir tranquillement malgré tout le vacarme engendré. Je me laissai tomber sur mes genoux près d'elle, et de ma main valide, je dégageai les mèches noires qui étaient collées sur son visage mouillé par la sueur. Elle semblait en paix. Ou morte.
Cette pensée emballa mon cœur et je me mis rapidement à la recherche de son pouls. Non, non, non, Henry ne perdrait pas sa mère ! Je posai deux doigts sous sa mâchoire, au niveau de sa carotide. Son cœur battait. Je soufflai. Elle remua légèrement, puis se mit à tousser.

— Regina ? fis-je.

Ses yeux s'ouvrirent avec difficulté. Elle était faible, épuisée, et ses yeux se refermèrent bien vite.

— Regina, restez avec moi !

Il ne fallait pas qu'elle tombe dans les pommes. Je n'en connaissais pas les raisons exactes, mais je devais la tenir éveillée. Je ne pouvais pas non plus la déplacer, déjà parce que j'en étais dans l'incapacité à cause de mon poignet, et parce que, si elle faisait une hémorragie interne, je pourrais causer sa mort.
Une autre partie du toit s'effondra. Nous étions protégées par l'escalier, mais pour combien de temps ? Qu'est-ce qui m'assure qu'il ne s'écroulera pas à son tour ? Je sentis quelque chose me toucher la main. Ce n'était rien d'autre que Regina, les yeux entrouverts, qui essayait de me rapprocher d'elle. La voir dans un tel état me déchirait le cœur. Elle allait mal, très mal. Ce n'était plus qu'une question de temps. Je me sentais impuissante face à la situation, dans l'incapacité de pouvoir la déplacer, de pouvoir la sauver.

KALTER || 𝐬𝐰𝐚𝐧𝐪𝐮𝐞𝐞𝐧Où les histoires vivent. Découvrez maintenant