𝐗𝐗𝐕

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 Je marchais sans but précis dans la ville à la recherche d'une activité à faire pour m'occuper le temps du séjour. Storybrooke n'était définitivement pas une ville touristique ; les commerces se comptaient sur les doigts d'une main et, exceptée la grande avenue par laquelle nous étions arrivés, aucune rue n'avait fait preuve de charme. Henry remplissait ses journées sans grande difficulté, les passant majoritairement avec Emma, la secondant dans son rôle de shérif. Je me sentais terriblement seule et, même si mon fils était comblé de bonheur à l'idée de passer du temps avec sa mère biologique, je regrettais d'avoir accepté ces retrouvailles.
Puisque les choses se passaient bien entre eux, je m'étais autorisée à retourner dans ma ville d'enfance le temps d'un jour, tout en prévenant Emma que je m'absentais.

— Tu as besoin d'un taxi ? s'était-elle proposée, par gentillesse.
— Non, merci, shérif.
— S'il y a quoi que ce soit, tu appelles.

Nous savions toutes les deux que, même s'il y avait quelque chose, je n'appellerais jamais.
La ville de mon enfance, un endroit calme dans les terres situé à deux bonnes heures de Storybrooke, n'avait pas changé d'un pouce dans l'agencement des rues et des commerces qui s'étaient modernisés. J'y passai la journée, m'arrêtant au restaurant populaire du coin pour le déjeuner, avant de repasser devant mon ancienne école, le cœur rempli de nostalgie. Je regrettais alors de ne pas avoir amener Henry qui aurait pu découvrir cette partie de mon passé dont il ne connaissait que peu de détails.
En milieu d'après-midi, après avoir fait un détour chez le fleuriste, je me stationnai devant le cimetière excentré du centre-ville où mon père reposait. Je croisais quelques personnes, certaines venues se recueillir, d'autre employées à la municipalité pour garantir la propreté de l'endroit. La tombe de mon père était dégarnie de bouquets et, si son nom n'avait pas été inscrit sur la pierre, il aurait été un parfait anonyme dont la famille avait déserté les lieux. Je n'étais même pas sûre que ma mère vive encore dans le coin et cette information ne me regardait pas.
Je déposai le bouquet de chrysanthèmes sur la pierre et je restai là, à fixer le nom de Henry Mills gravé en lettre capitale surplombant les dates qui délimitaient son existence.

Salut, papa. Je suis désolée de ne pas être revenue depuis tout ce temps. Je suis partie de chez maman dès que j'ai atteins mes vingt-et-un ans et, depuis, ma vie a été très rythmée. Peut-être as-tu rencontré mon mari et mon petit dernier, dans ce mystérieux monde qui vous uni. Mon premier garçon porte ton nom, et il te rend bien hommage. Il est ta copie conforme ; brave, affectueux, intelligent. Il est avec sa mère biologique, actuellement. Une longue histoire, ça aussi...

Je ne pensais pas que parler de vive voix aux morts était utile, néanmoins j'appréciais faire ce compte rendu de ma vie à travers mes pensées et les imaginer atteindre, d'une manière ou d'une autre, les oreilles de mon père. Je lui parlai d'Emma car elle était la raison de ma présence ici, et je fus tout à fait honnête quant à ce que je ressentais sur le moment, un mélange de jalousie et de rancœur, avec un peu d'amour renié.
Quand je revins à Storybrooke, la nuit commençait à tomber, accompagnée d'une légère bruine. J'avais envoyé un message à Henry pour le prévenir que j'arrivais et que je le rejoindrais directement au restaurant de notre hôtel. En arrivant, je fus surprise de constater qu'il n'était pas là. Je songeai qu'il était encore avec Emma, qu'ils devaient tellement s'amuser tous les deux qu'il n'avait pas pris la peine de consulter son téléphone, alors j'appelai directement l'adulte pour qu'elle me confirme qu'Henry était bien avec elle.

— Non, Henry n'est pas avec moi, m'informa-t-elle. Il m'a dit qu'il devait rentrer à l'hôtel pour manger avec toi.
— Oh, d'accord. Il est peut-être monté dans la chambre, dans ce cas. Je vais vérifier. Merci.

Je l'entendis répliquer au moment où j'appuyai sur le bouton pour raccrocher. Je gravis les marches jusqu'à notre chambre, et je fus inquiète en constatant qu'elle était fermée à clé. J'appelai Henry, m'assurant qu'il n'était pas dans la salle de bain, et je dus me rendre à l'évidence qu'il n'était pas là. Je redescendis à la réception et demandai à la femme âgée qui gérait l'établissement si elle n'avait pas aperçu mon fils récemment.

KALTER || 𝐬𝐰𝐚𝐧𝐪𝐮𝐞𝐞𝐧Où les histoires vivent. Découvrez maintenant