𝐕𝐈

2.1K 142 50
                                    

 Je frappai à la porte du bureau de Kalter. J'entendis ses talons claquer et je vis son ombre à travers la fenêtre opaque pendant qu'elle s'approchait et m'ouvrit. Elle m'apparut, vêtue d'un chemisier d'un blanc nacre, dont les trois premiers boutons n'étaient pas fermés, laissant apparaître le haut de son torse. Elle n'avait pas beaucoup de poitrine, elle n'avait pas à s'inquiéter qu'on voit quelque chose.

Miss Rey, me salua-t-elle, d'une voix détachée.
— Kalter, répondis-je sur le même ton.

Elle m'autorisa à entrer et ferma la porte derrière moi. L'air du bureau était frais et sentait la pluie, elle avait sûrement aéré il n'y a pas longtemps. Je notais à quel point il faisait toujours froid dans son bureau. À vrai dire, cette femme était tellement glaciale et piquante que les températures basses ne devaient même pas l'atteindre. Elle se mit face à moi, son bureau nous séparant.

— Que puis-je faire pour vous ?

J'ouvris mon sac à main et récupérai son vêtement que j'avais lavé et repassé. Je lui tendis, sans rien ajouter, je ne savais pas trop quoi lui dire. J'avais constamment en tête l'idée qu'elle connaissait Gold, qu'elle était de mèche avec lui et qu'à tout moment ma carrière pouvait se terminer. Kalter prit le tissu et le replia à sa manière avant de le ranger dans l'un des tiroirs de son bureau.

— Tout va bien ? questionna-t-elle.
— Super. Je passais juste vous rendre votre vêtement. Merci encore et bonne journée.

Je fis volte-face pour quitter son bureau, une petite partie de moi espérait qu'elle me retienne. Pourquoi ? On allait sûrement finir fâchées l'une contre l'autre, comme presque toutes les fois où on avait échangé quelques mots. Sauf hier. Hier on s'était parlé posément, avec une agréable ambiance de flirt, jusqu'à ce qu'elle me dise qu'elle avait Gold dans sa poche. J'expirai fortement. J'aurai aimé que mon regard sur elle change, qu'elle me montre un meilleur côté de sa personnalité. Seulement, je commençais à croire qu'il n'y en avait pas.

Miss Rey, attendez.

Je me stoppai et fis demi-tour. Elle me rejoint, son visage était neutre, sa démarche cadencée. Elle s'arrêta à un mètre de moi et croisa les bras. Sa divine odeur de la fleur d'oranger parvint jusqu'à mes narines.

— C'est ce que j'ai dit sur Sanchez qui vous rend si ronchon ? tenta-t-elle, de son familier ton hautain.
— Non, je connaissais déjà ce trait hypocrite de votre personnalité.

Elle ne broncha pas.

— Je ne suis pas hypocrite. Je vous donnais seulement mon avis sur elle.
— Je ne vous l'avais pas demandé.
— Et moi je n'ai pas besoin de votre autorisation pour dire ce que vous devez entendre.

Un sourire carnassier se plaqua sur ses lèvres, son sourcil droit s'arqua. Elle avait repris son air condescendant qui la rendait encore plus exécrable qu'elle ne l'était déjà. La colère que j'avais tenté d'étouffer à son égard se raviva en moi tel un brasier se propageant dans les champs secs. Je voyais ses yeux noirs me regarder avec une fierté malsaine, digne de son rôle de Méchante Reine.

— Au fait, un inspecteur académique sera présent à un de vos cours au courant de la fin de semaine. Je l'accompagnerai, pour votre plus grand plaisir.
— Pas de problème, vous êtes la bienvenue, ironisai-je.

Mes yeux captèrent les siens, l'invitant dans une sorte de défiance silencieuse. Elle avait très bien saisi le sarcasme dans mes paroles, c'était un langage qu'on partageait.

— Je l'espère.

La pluie recommença à s'abattre sur les grandes vitres du bureau de Kalter. D'abord de fines gouttelettes, puis l'averse prit le dessus, le froid intense du mois de novembre créant des grêlons. Le bruit qu'ils causaient força Kalter à parler plus fort.

KALTER || 𝐬𝐰𝐚𝐧𝐪𝐮𝐞𝐞𝐧Où les histoires vivent. Découvrez maintenant