𝐗𝐈

1.9K 135 29
                                    

 Nous étions vendredi, il était seize heures. La sonnerie annonçant le dernier cours de ma dernière journée venait de retentir. Avant que mes élèves ne partent, je tenais à leur faire passer un ultime message qui, j'espère, les motivera jusqu'au bout. Je posai les deux mains sur mon bureau et, avec grâce et légèreté, je m'assis sur ce dernier.

— Avant que vous ne partiez, je voulais vous dire une dernière chose. Je sais que pour la plupart d'entre vous vous êtes épuisés à la fois à cause du rythme scolaire, mais aussi par toutes les responsabilités qu'on vous demande d'endosser à votre jeune âge. J'aimerais tout de même que, après cette année, vous soyez tous dans une voix qui vous correspond, dans laquelle vous serez épanouis. Je ne parle pas des études que vos parents et encore moins les professeurs vous ont réservé. Je sais que l'inconnu effraie, angoisse, qu'on ne sait jamais réellement si on fait le bon choix. Mais j'ai envie de vous dire qu'il n'y a pas vraiment de bon choix, excepté celui vers lequel votre cœur vous guide. Peut-être que ce n'est pas aussi prestigieux que vous ne l'auriez voulu, mais si on vous a amené-là c'est pour une raison. Vous vous tromperez, croyez-moi. Cependant, promettez-vous de ne jamais regretter parce qu'une expérience, qu'elle soit positive ou négative, vous apportera toujours quelque chose à prendre en considération. Et de fil en aiguille, vous trouverez votre voie, le chemin qui est fait pour vous. Mais surtout, surtout ! soyez égoïstes, ne pensez qu'à votre bonheur, qu'à ce que vous désirez. Allez dans ce qui vous fait vibrer, dans ce que vous aimez, plus que dans ce que la société vous préconise. Vous pouvez être libres, si vous choisissez de l'être. Vous pouvez vivre votre vie de rêve, si vous passez au-delà de la peur d'échouer. Et croyez-moi, qu'une fois que vous avez trouvé ce chemin, plus rien ne vous arrêtera. Merci à vous pour ce mois formidable que j'ai passé à vos côtés, je vous souhaite tout le bonheur du monde, et à votre réussite !

Ils me remercièrent en chœur, avant de ranger leur affaire et de quitter la salle. Cette fois-ci, ils me saluèrent tous, sans aucune exception. Ils ne restèrent pas longtemps, la plupart ayant un bus à prendre, ou encore l'envie d'aller en récréation. Une angoisse persistait au fond de moi. À qui est-ce que je laissais ces enfants ? Est-ce qu'iel saura bien s'occuper d'eux ? Je raisonnais comme s'ils étaient mes propres enfants, mais il faut dire qu'en un mois, je m'étais attachée à eux.
Enora resta, comme je m'y attendais. Ses yeux bleus étaient plus clairs que d'habitude, et je devinai alors qu'elle se retenait de pleurer. Je m'avançais vers elle et je posai ma main sur son épaule.

— Pourquoi faut-il toujours que les meilleurs partent en premier ? fit-elle.

Je lui offris un sourire triste, puis je fouillai dans la poche de mon pantalon pour en sortir un papier plié.
Je lui tendis et elle le prit.

— Tiens-moi au courant de ce qu'il se passe. Raconte-moi ta vie, pose-moi toutes les questions que tu veux, je trouverais le temps pour te répondre. Et enfin, si tu veux faire un tour à l'Assemblée avec moi, je t'inviterai volontiers.
— Merci. Sincèrement.

Elle ne tarda pas, quittant la salle au moment où Noelia arriva. L'espagnole, contrairement à mon élève, ne se retint pas pour se jeter dans mes bras et me serrer fort contre elle.

— Noelia, c'est pas très correct...
— Je m'en fiche.

Je laissai échapper un petit rire avant de la câliner à mon tour.
Noelia ne m'avait jamais vraiment montré ce trait sensible de sa personnalité, je l'avais toujours vu comme une femme plutôt réservée. Elle jouait bien son jeu. On finit par se séparer, la chaleur de notre embrassade contrastant avec la fraîcheur de la pièce.

— On reste en contact, hein ?
— Evidemment ! Je vous inviterais manger dans mon restaurant préféré, à l'occasion.

Elle me sourit tristement, ses mains prenant les miennes.

KALTER || 𝐬𝐰𝐚𝐧𝐪𝐮𝐞𝐞𝐧Où les histoires vivent. Découvrez maintenant