❀ Chapitre 14

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  Osamu et Atsumu sortirent du jardin, puis de la maison, et s'assirent dans l'herbe devant la bâtisse. Osamu remarqua rapidement que son frère n'arborait pas son habituel air léger. Il avait posé ses bras sur ses genoux, son visage était fermé, il ne disait rien.
   Le jeune homme connaissait son frère mieux que lui-même, quand quelque chose n'allait pas chez lui il le sentait avant même de le voir, apparement pour les autres ce n'était pas évident, mais pour lui quand Atsumu allait mal, c'était comme si des feux de détresses clignotaient en grand tout autour de lui.
   Osamu baissa les yeux et caressa l'herbe du bout des doigts.
   — T'inquiètes pas pour lui, il tient le coup, assura Osamu à voix basse. 
   — Je sais.
   — Alors quoi ?
   Atsumu ne répondit pas tout de suite. Il fixait devant lui d'un air absent, perdu. Osamu n'avait aucun mal à imaginer les sanglots qui feraient vriller sa voix, ni ses iris qui trembleraient, ni ses mains qui se serreraient de douleur. Il connaissait son frère, il le voyait quand il allait craquer. Mais intérieurement il priait pour se tromper. Depuis tout petit, voir Atsumu pleurer pour quelque chose d'important lui avait toujours fait peur. Ce n'était pas comme lorsqu'il pleurait parce qu'il s'était blessé ou qu'il avait perdu un match de volley, c'était plus douloureux que ça et Osamu redoutait chaque fois où il sentait que son frère céderait aux larmes.
   Atsumu ouvrit la bouche pour parler mais aucun son ne sortit. Sa respiration siffla, ses lèvres tremblèrent un instant. Osamu détestait voir son frère, qui était un vrai rayon de soleil, aller mal.
   — Hé Tsum, tout va bien, assura-t-il en tournant la tête vers son frère.
   Mais il ne réussissait pas à parler. Le voir dans cet état était une torture pour lui.
   — Atsumu parles moi, dit-il avec inquiétude.
   — J'en peux plus.
   — De ?
   — De le voir comme ça, murmura son jumeau.
   Que son frère murmure, alors qu'il passait son temps à crier et à être énergique, était très mauvais signe.
   — Suna il est... Il porte un masque d'impassibilité, il ne montre jamais ses émotions mais là, c'est comme si son masque s'était brisé. Je l'ai jamais vu aussi triste...
   — C'est parce qu'on est dans la maison de ses grands-parents, ça lui rappelle beaucoup de choses.
   — Ce n'est pas que ça. En ce moment il est tout le temps triste et il ne nous dit rien pour ne pas nous inquiéter. Si ça se trouve il est vraiment en dépression, il se renferme sur lui-même et nous on est totalement inutile pour lui. En tout cas moi je le suis parce que à moi il ne dit rien.
   Osamu ne répondit pas tout de suite. Il n'avait pas pensé une seule fois à son frère dans cette histoire. Il ne s'était jamais dit qu'il tenait à leur ami au point de se sentir mal de cette façon. Il n'avait jamais pris le temps de savoir comme il se sentait pas rapport à tout ça, et il n'avait jamais pensé qu'Atsumu pourrait se sentir mettre de côté en ne sachant pas ce qui arrive à Suna.
   — Mais non, tu ne peux pas dire ça. Il te dit beaucoup de chose, c'est juste qu'il ne te donne pas tous les-
   — Je ne supporte pas de le voir aller mal sans savoir à quoi m'attendre, continua Atsumu comme si son frère n'avait rien dit. De le voir tout le temps épuisé, toujours plus maigre, il tient à peine debout.
   — Tsum, tu savais très bien qu'il était malade, pourtant tu as quand même choisi d'être son ami, rappela Osamu d'une voix douce.
   Des larmes se mirent à couler sur les joues de son frère. Ça ne surprenait pas Osamu, Atsumu avait toujours été le plus émotif des deux, et il pleurait plus facilement que lui. Son jumeau n'essaya même pas de cacher ses larmes. Il détourna juste le regard et renifla.
   — Je ne pensais pas que je l'aimerais autant.
   Osamu ne savait pas quoi dire, en choisissant d'être ami avec Suna il n'avait pas envisagé le fait qu'il s'accrocherait autant à lui. Il était dans la même situation que son frère...
   — Il est adorable, même s'il le montre pas, comment une personne aussi... aussi belle que lui peut aller aussi mal ? Je ne pense pas que tu t'en rendes compte de la même façon que moi, parce que tu le vois tous les jours, mais j'ai plus de recul. À chaque fois que je le revois j'ai l'impression que c'est la dernière fois et que tout va s'écrouler du jour au lendemain.
   — Mais il ne va pas mourir tu sais.
   — Le pire c'est quand j'arrive et qu'il est totalement défoncé. Déjà qu'il est faible de base, là il tient à peine debout, il ne comprend même pas ce qu'on lui dit. Le voir comme ça c'est juste horrible, tu t'en rends compte ? C'est comme si... comme si c'était une bête sur qui on faisait des expériences et que pour ça il fallait le droguer...
   — Atsumu calme toi...
   — Mais pourquoi c'est tombé sur lui ? Pourquoi Suna, demanda Atsumu avec un regard de détresse.
   Osamu ne sût quoi répondre. Il savait que les les systèmes immunitaires pouvaient être défaillants chez beaucoup de personnes, mais il ne savait pas pourquoi chez Suna c'était aussi grave. Comme l'avait dit leur ami, il n'avait juste pas eu de chance.
   Osamu n'en avait vraiment pas l'habitude, mais il décida de prendre son frère dans ses bras et de le serrer contre lui.
   — Je veux pas qu'il parte, dit Atsumu d'une voix étouffée.
   — Il ne va pas partir.
   — Et qu'est-ce qui te dit qu'il ne va pas essayer ?
   — Suna ne ferait jamais ça.
   — T'en sais rien, tu essayes juste de t'en convaincre. Avec tous les médicaments qu'il a à disposition, il peut très bien essayer de-
   — Non. Il ne fera pas ça parce qu'il veut vivre, Suna ne se laisse pas abattre, il lutte tous les jours contre lui-même et il ne va pas nous laisser, il sortira de cette crise et de ce putain d'hôpital, et tout ira très bien, s'écria Osamu en lâchant son frère.
   Atsumu essuya ses larmes et regarda son frère avec peine.
   — Qu'est-ce que t'en sais, murmura-t-il en secouant doucement la tête.
   Osamu ne trouva rien à répondre. Il n'en savait rien, mais il en était persuadé. Suna allait rester en vie encore très longtemps, il n'allait pas mourir, point.
   — Tu devrais arrêter d'aller le voir, dit finalement Atsumu.
   — Pardon ?
   — Tu ne tiendras pas le coup s'il lui arrive quelque chose.
   — Je te signale que c'est toi qui est en larme devant moi, remarqua Osamu.
   — Je sais, mais moi je m'en remettrai plus facilement. Tu tiens plus à lui.
   — Qu'est-ce que tu racontes ?!
   — Arrête de le nier je le vois, s'exclama son jumeau avec impatience. Je ne suis pas si stupide que ça, je m'en fiche tu sais.
   — De quoi tu parles ?
   Atsumu souffla devant l'air buté de son frère.
   — Je m'en fiche de comment tu aimes Suna. Que tu l'aimes plus que moi ou moins, ou peu importe ce qu'il est pour toi.
   — Qu'est-ce que tu veux dire ?
   Atsumu sourit.
   — Je suis en train de te dire que je te connais et que je sais très bien ce qu'il se passe dans ta petite tête, dit Atsumu en s'accoudant dans l'herbe. Mais je te comprends. C'est un amour, à sa façon, et entre nous il est magnifique.
   Osamu préféra ne rien répondre. Dans ce genre de moment, il devait surveiller ses paroles.
   — Et tu es heureux avec lui. Donc je sais que cette histoire te touche plus que moi et que ça sera plus dur pour toi. Mais je ne veux pas que tu souffres.
   Osamu regarda son frère avec consternation. C'était lui qui disait ça, alors qu'il était en train de pleurer ?!
   — Et tu penses que ne plus aller voir Suna c'est mieux ?!
   — J'en sais rien, dit Atsumu d'une voix perdue. J'ai juste peur de ce qui peut arriver.
   — J'arrêterais pas de le voir. Et t'as intérêt à toujours venir, déclara Osamu d'un ton catégorique.
   — Je ne comptais pas l'abandonner.

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