Des larmes glissèrent silencieusement sur la peau d'Osamu. Ses mains se refermèrent douloureusement sur le torse de son ami, il ferma les yeux et laissa ses sanglots lui échapper.
Ses épaules se secouaient violemment, un froid polaire l'entourait, le faisant se sentir plus seul qu'il ne l'avait jamais été. Il s'attendait à tout moment à ce que Suna l'enlace avec tendresse et le serre contre lui en l'embrassant, mais les minutes passaient et rien ne se produisait. Osamu était seul, plus jamais Suna ne le serrait contre lui, plus jamais il ne lui parlerait, sa voix ne le bercerait plus, ses mains ne viendraient plus le caresser, son souffle chaud ne se mêlera plus au sien, ses yeux ne s'ouvrirait plus jamais. C'était finit.
— Réveilles-toi, supplia Osamu d'une voix sanglotante.
Suna n'avait pas le droit de mourir. Il avait promis à Osamu qu'il resterait auprès de lui, il lui avait toujours dit qu'il survivrait et qu'il ne devait pas avoir peur de le perdre. Il n'avait pas respecté sa promesse.
Osamu serra le corps inerte de son ami contre lui, ses pleurs se transformaient en hurlement de douleur. Déchirants, forts, dedans résonnait un puissant désespoir. Il n'avait jamais eu aussi mal de toute sa vie. Ce n'était pas qu'une douleur au cœur, tout son être se déchirait en lui, son âme était comme détruite. La douleur était telle qu'elle en devenait physique.
— Me laisse pas... me laisse pas Suna, t'as pas le droit, sanglotant Osamu contre la poitrine froide de son ami.
Ses larmes inondaient le torse de Suna mais il ne le remarquaient même pas. En tombant de ses yeux elles lui brûlaient la peau, comme s'il s'agissait de gouttes de feu qui consumaient son être.
Durant des mois, Osamu avait tout donné à Suna. Il lui avait donné son cœur et l'avait laissé le serrer dans sa main comme il le voulait. Son ami lui avait fait terriblement mal, il avait broyé son cœur dans sa main, il l'avait froissé et oppressé, mais l'avait toujours guéri. Aujourd'hui, Osamu sentait que la main chaude de Suna l'avait lâché. Son cœur ne brûlait plus contre sa paume, il se retrouvait seul, sans plus rien pour le réchauffer face au froid de la solitude. Il avait l'impression que des milliers de lames glacées se plantaient dans son cœur et se tournaient dans tous les sens.
Il se sentait tailladé, déchiré. Osamu avait si mal que le souffle ne lui parvenait plus.
— Comment je vais faire sans toi, demanda-t-il en se relevant au-dessus du visage de son ami.
Osamu ne savait plus vivre sans lui. Suna lui était vitale, il était sa drogue et son bonheur. Il était ce à quoi il tenait le plus, le centre de son monde depuis des mois. Sans lui comment Osamu pourrait continuer ? Il n'imaginait pas un monde sans son ami, il n'y arrivait plus. Les vingt-et-une années qu'il avait passé sans le connaître semblaient n'avoir jamais existés, comment avait-il put faire sans son lui ?
— Reste avec moi... Suna me laisse pas... j'y arriverai pas... tu peux pas mourir...
Pourquoi son cœur ne battait plus ? Après chaque crise, Suna s'était toujours relevé. Il était invincible, sa maladie ne pouvait pas gagner maintenant. Pas après tout ce temps à résister, pas après s'être relevé tant de fois, ça ne pouvait pas être la fois de trop. Le combat de Suna ne pouvait pas se terminer maintenant, il n'avait pas le droit d'abandonner.
Osamu regarda avec des yeux larmoyant le visage de son ami. Suna avait l'air de dormir, c'était comme s'il était plongé dans un rêve, et qu'au lendemain il se réveillerait et continuerait de vivre simplement. Et tout irait bien. Ça se passerait forcément comme ça, Suna ne pouvait pas être mort. Il ne pouvait pas partir comme ça, pas de cette façon, c'était impossible. C'était un cauchemar, Osamu devait se réveiller, il était en train de rêver.
— Suna, appela-t-il avec désespoir.
Il caressa lentement sa joue. Sa peau était glacée, plus que jamais. Autour de lui des reniflements se faisaient entendre, ainsi que des pleurs. Ce n'était pas un cauchemar. Osamu était bien réveillé, et Suna était bien partit.
Le jeune homme secoua la tête, ses larmes tombaient sur le visage de son ami, faisant briller sa peau pâle. Il refusait d'accepter cette réalité. Suna était bien trop important dans ce monde pour qu'il ne meure. Il ne pouvait pas quitter Osamu comme ça, cette réalité était une torture, il n'en voulait pas.
— J'ai besoin de toi, dit Osamu d'une voix étouffée par les sanglots. J'ai besoin de toi... tu ne peux pas me laisser... et Sakura... et Atsumu... on t'aime plus que tout au monde, nous laisse pas, je t'en supplie... m'abandonnes pas Suna, tu me l'as promis... m'abandonnes pas, je t'en supplie... Suna... Suna réveille toi...
La voix d'Osamu se brisa définitivement. Les sanglots l'étouffaient, il avait l'impression de s'effondrer et de se faire consumer par la douleur. À chaque fois qu'il parvenait à se calmer, son regard se reposait sur son ami, et il prenait une fois de plus conscience que Suna ne serait plus jamais là. Alors les larmes perlaient de nouveau et son corps se tordait de douleur.
Le jeune homme fit du mieux pour arrêter de trembler, il se redressa droit et respira longuement pour chercher son souffle. Avec une douceur infinie, il commença à passer sa main sur le torse de son ami, et à enlever le produit qui avait été mis sur les plaques du défibrillateur. Il nettoya le torse de son ami avec lenteur, laissant ses doigts toucher la peau de Suna. Il prit le temps d'essuyer chaque parcelle de sa peau, il voulait la laisser propre avant de le quitter définitivement. Lorsqu'il eut terminer, Osamu effaça avec délicatesse ses larmes qui étaient venues tâcher le beau visage de son ami.
Le corps de Suna ne devait pas porter les traces de sa tristesse, il devait être intacte, dans le même état que lorsque son âme s'était envolée. Alors Osamu essuya ses larmes, il enleva la sueur qui avait perlé sur son front, et le libéra de tous les appareils qui le retenait prisonnier de sa chambre. Il enleva avec précaution sa canule, il débrancha sa perfusion, le délivrant de l'aiguille qui mutilait ses veines, et retira l'oxymètre qui emprisonnait son doigt.
— Je te rends ta liberté, murmura Osamu d'une voix brisée.
Autour de lui, le personnel de l'hôpital l'avait laissée seul. Le jeune homme venait de le remarquer, ils étaient partis dehors et attendait devant la chambre qu'il termine ses adieux à la personne qu'il aimait.
Pour la dernière fois, il leva sa main et la posa sur le visage de Suna. Il le caressa longuement, ses doigts dégagèrent doucement les mèches de cheveux qui barraient son visage. Ses gestes étaient si doux qu'on aurait pu croire que Suna était en porcelaine et que le moindre mouvement brusque le briserait. Il le caressait avec plus de tendresse que jamais, comme il ne caresserait jamais personne d'autre que lui. Peut-être qu'une partie de Suna était encore là. Si c'était le cas, Osamu voulait l'accompagner jusqu'à la mort. Il ne voulait pas qu'il ait peur de partir, même si lui était terrifié. Il voulait bercer Suna jusqu'à ce que tout son être s'endorme paisiblement.
Pendant de longue minutes, Osamu continua ses caresses, sa main passait dans ses cheveux pour la dernière fois, il effleurait ses lèvres qu'il avait tant caressait, ses joues creusées par la maladie, son nez droit qui ne lui apportait plus l'air nécessaire, ses cernes bleues qui marquaient son visage, ses paupières définitivement fermées. Il connaissait chaque partie de son visage par cœur, pour les avoir toutes toucher plusieurs fois, mais jamais il ne se lasserait de faire des caresses à son ami. Pas une seule fois il ne le quitta des yeux. Il gravait dans sa mémoire son visage, bien qu'il savait déjà que jamais il ne pourrait l'oublier. Après tout, Suna était une partie de lui, jamais il ne pourrait se détacher de quelqu'un comme lui.
Peut-être plus d'une heure après le départ de son ami, Osamu réunit ses deux mains devant lui et adressa ses pensées au ciel pour qu'il prenne soin de Suna. Son ami ne souffrait plus à présent, et il méritait tout le bonheur qu'il n'avait jamais put avoir. La douleur qu'il avait ressentit ne devait plus être qu'un lointain souvenir, un moment de son ancienne vie qu'il ne serait pas sur d'avoir vraiment vécu.
Lorsqu'il eut fini sa prière, le jeune homme se pencha et embrassa doucement le front de son ami.
Il se releva lentement et parcourut la chambre du regard. Cette chambre était aussi la sienne, mais il n'y retournerait plus jamais. Il ne pourrait plus jamais mettre les pieds dans un hôpital.
Après avoir jeté un dernier regard à son ami, Osamu quitta la chambre d'hôpital. Il referma douloureusement la porte d'hôpital, alors que de nouvelles larmes venaient brouiller sa vue. Il passa devant les médecins et infirmiers qui attendaient en silence dans le couloir, et s'arrêta un instant devant Naomi. Il n'arrivait pas à la regarder dans les yeux. Elle aussi devait souffrir, surtout qu'elle n'avait pas réussit à sauver son ami.
— Merci de l'avoir garder en vie aussi longtemps, dit-il à voix basse.
L'infirmière ne put que laisser échapper un sanglot. Osamu n'attendait pas de réponse de sa part, il voulait juste la remercier pour avoir protéger son ami aussi longtemps. L'infirmière leur avait offert une belle éternité sur une période définie, elle avait permis à leur histoire d'exister. Ses larmes se firent plus nombreuses et se mirent de nouveau à tomber sur ses joues déjà trempées. Le jeune homme s'en alla en silence. Il n'avait plus rien à faire ici.
Dehors le temps était frais, des pétales fanés de cerisier jonchaient sur le béton devant l'hôpital, ce qui déchira un peu plus Osamu.
Suna était mort le dernier jour du hanami.
VOUS LISEZ
Just come home
FanficNous sommes parfois notre propre ennemi, mais Osamu aurait préféré ne jamais le savoir.