❀ Une flamme vacillante

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Les bons moments de Suna semblaient avoir définitivement pris fins.
   Il allait tellement mal qu'il était totalement privé de sortie. Pas de visite chez les Miya (non pas qu'il en faisait mais « on ne sait jamais », comme avaient dit les médecins), pas de balade en ville, pas de promenade dans le parc. Pas de sortie. Son monde ne se résumait plus qu'à la chambre d'hôpital qu'on lui avait assignée. Le seul point qui le rattachait au monde extérieur, c'était la fenêtre de sa chambre.
   Cette minuscule fenêtre était son point de lumière, elle lui laissait entrevoir une réalité bien plus joyeuse que la sienne, celle de la ville en pleine agitation. Et oui, ces derniers jours la ville était plus vivante que jamais, tous se préparaient à accueillir le hanami, car les cerisiers seraient bientôt en fleurs. Les stands s'ouvraient en ville, ils vendaient des spécialités printanières, des mochis, des sucreries, des crêpes et des glaces aux cerises. Et Suna était contraint d'observer tout ça depuis la fenêtre de sa chambre.
   Sa frustration était palpable, et tout le monde aurait voulu y remédier, Osamu le premier, mais c'était impossible. La bonne santé de son ami n'était plus qu'un lointain souvenir, son état était plus bas que jamais.
   Il tenait à peine debout. D'horribles démangeaisons et engourdissement lui enveloppaient les jambes et les bras, ses poumons semblaient avoir décidés qu'il était temps de faire une pause, son cœur changeait d'allure toutes les minutes, de fortes migraines agitaient son esprit. Osamu ne l'avait jamais vu aller aussi mal. Comme d'habitude, Suna ne laissait rien paraître, il continuait d'agir normalement. Osamu et Atsumu n'arrivaient pas à savoir pourquoi il agissait ainsi. Les médecins pensaient que leur ami faisait ça parce qu'il se fichait éperdument de son état, ce qui avait le don de les agacer. Mais ce n'était pas ça et les jumeaux Miya le savaient.
   Atsumu supposait que l'indifférence de Suna était dû à sa fierté. Le connaissant, il devait vouloir rester fort comme les héros des films et séries qu'il regardait. C'était bien son genre.
   Osamu, lui, pensait que s'il faisait comme si de rien n'était, c'était tout simplement parce qu'il était comme ça. Son ami n'était pas du genre à se plaindre, quoiqu'il se passait il gardait toujours tout pour lui, alors c'était normal qu'il ne change pas d'attitude.
   Ça devait être un peu de ces deux raisons. En tout cas, Suna allait très mal, et ça, il n'avait pas besoin de le dire pour que tout le monde le sache.
   Il allait tellement mal que pour ne plus sentir de douleur, il avalait pilule sur pilule. Osamu le voyait prendre des pilules rouges, des bleus, des blanches, des vertes, encore et encore. Il ne s'arrêtait plus, si bien qu'un jour sur trois il était totalement à côté de la plaque. Le jeune homme ne supportait pas cette situation. Il avait peur que son ami soit devenu accro aux médicaments, il ne savait pas quoi faire pour l'aider. Quand il sortait des cours, il allait directement voir Suna, sans repasser par chez lui, et parfois il le retrouvait dans son lit, totalement à l'ouest. Le jeune homme ne comprenait pas pourquoi les médecins le laissaient faire.
   Pourquoi est-ce qu'ils lui laissaient des médicaments à disposition ? Ils devaient bien savoir que Suna n'arrivait pas à doser les quantités qu'il ingérait non ? Pourquoi est-ce qu'ils ne faisaient rien ? C'était de la négligence envers leur patient, Osamu considérait ça comme une faute professionnelle.
   Son frère non plus ne comprenait pas. Si le plus jeune des Miya restait calme face à cette situation, et ne disait rien, lui n'arrivait pas à faire de même. Atsumu s'énervait dès qu'il voyait des médicaments dans la chambre de Suna, et il avait même menacé Naomi de lui faire un procès si elle continuait de mal agir envers son patient. « C'est de la négligence, imagine que Suna ait des pensées suicidaires et décide de tout arrêter d'un coup ? Il a tout à disposition là. » avait-il dit avec colère.
   Osamu, lui, était tourmenté. Il ne s'était jamais senti aussi inutile. Être avec son ami ne l'aidait pas à se sentir mieux, et il ne pouvait pas lui interdire de prendre des médicaments, il ne savait pas ce qu'il ressentait. Il ne pouvait rien faire pour lui...
   — Osamu ?
   Le jeune homme releva la tête. Il était assis dans son lit, ses manuels de cours étaient étalés devant lui, de petites feuilles cartonnées jonchaient le sol, sur certaines étaient dessinés des plats à réaliser, sur d'autres des schémas pour la composition des gâteaux, des graphiques représentant les températures de cuissons, et enfin sur certaines étaient inscrites des dizaines de notion qu'Osamu s'efforçait d'intérioriser.
   Il était dans sa chambre, en pleine révisions intensives. C'était un mercredi, depuis quelques jours le jeune homme essayait de se plonger dans ses études, ainsi il restait enfermé dans sa chambre afin de travailler. Ses partielles ne tarderaient pas. Il avait loupé beaucoup de cours pour Suna, alors il devait rattraper son retard.
   En relevant la tête, il vit que sa mère était entrée dans sa chambre et se tenait sur le seuil de sa porte, un air préoccupé sur le visage.
   — Oui ?
   — Tu es occupé ? J'aimerais te parler.
Osamu fronça les sourcils. Sa mère n'avait pas l'air normale, elle devait avoir un problème. Bon, il pouvait faire une pause dans son travail. Il saisit plusieurs livres et les posa par terre pour faire de la place à sa mère sur son lit. Elle le remercia avec un mince sourire et s'assit en face de lui.
— Tu en es où dans tes révisions.
— Ça va, j'arrive à m'organiser.
— C'est bien.
Sa mère se tut et balaya sa chambre du regard. Son fils la regarda avec insistance. Visiblement elle n'osait pas relancer la conversation.
— Tu veux me dire quelque chose peut-être.
— Non je voulais juste parler... tu vas bien ?
Son attitude était vraiment étrange.
— Oui et toi ?
— Oui... dis moi, tu as loupé pas mal de cours à la fac non ?
C'était donc ça. La fac avait dû appeler ses parents.
   — Oui, j'ai pas mal séché.
   Osamu préférait avouer tout de suite plutôt que de mentir à sa mère. Il n'aimait pas mentir, et de toute façon elle savait tout donc...
   — Et je peux savoir pourquoi ?
   Le jeune homme détourna le regard sans répondre. Il ne savait pas quoi lui dire. Devait-il tout lui dire ? Sa mère avait employé un ton doucereux, elle n'avait pas l'air en colère étonnement. Au contraire, elle se décala vers lui et lui prit la main.
   — Toi aussi tu as des problèmes ?
   Osamu tourna vivement la tête vers sa mère. Lui aussi ?
   — Comment ça ?! Tsum a des problèmes ?
   — Non mais tu sais avant les autres élèves ne l'aimait pas et ils le critiquaient beaucoup. Il était toujours tout seul...
   Osamu se détendit.
   — Maman, c'était quand on était enfant ça, et ce n'était pas vraiment des problèmes puisque Tsum s'en fichait, rappela le jeune homme. Maintenant tout le monde l'adore en plus.
   — Oui mais on ne sait jamais...
   — Je n'ai pas de problème à l'école, tout va bien ne t'en fais pas.
   — Alors pourquoi tu ne vas pas en cours ?! Ce n'est quand même pas trop dur !
   — Non non, ce n'est pas ça c'est...
   Osamu se tut et baissa les yeux. Il sentait sa gorge se nouer rien qu'à l'idée de parler de tout ce qu'il vivait en ce moment. Et il ne voulait pas inquiéter sa mère. Voir cette lueur d'inquiétude briller dans ses yeux le faisait se sentir terriblement mal, il se sentait coupable de lui faire peur pour rien.
   — Sam tu sais que tu peux tout me dire ?
   — Oui mais... je...
   — Tu as l'air vraiment triste en ce moment. Tu n'as jamais été très expressif, mais là tu as l'air tellement mal... je suis très inquiète. Pour toi et pour ton frère aussi. Il ne sourit plus, vous n'êtes plus aussi joyeux, vous ne vous chamaillez plus pour des bêtises. J'ai l'impression que vous n'êtes plus que des adultes sérieux et plus des enfants qui profite de leur jeunesse...
   — Maman on a vingt-et-un ans...
   — Je sais mais à cet âge là il faut profiter la vie et être heureux ! Mais vous ne l'êtes pas et... vous ne me dites rien. Qu'est-ce qu'il se passe ?
   Elle avait l'air encore plus triste que son fils, Osamu ne supportait pas de voir sa pauvre mère comme ça, surtout que c'était de sa faute. Il garda les yeux baissés, ses jambes commençait à s'agiter de stresse, et il murmura :
   — J'ai... il y a quelqu'un... à qui on tient énormément... qui va très mal...
   Sa mère resserra sa main sur la sienne.
   — Qu'est-ce qu'il lui arrive ?
   — Il est gravement malade... et chaque jour il va de plus en plus mal...
   — C'est Suna n'est-ce pas ?
   Osamu hocha la tête.
   — Comment tu sais que c'est lui, demanda-t-il d'une voix étouffée.
   — J'ai tout de suite su qu'il n'allait pas bien. Je ne suis pas aveugle tu sais, j'ai bien vu qu'il était très fatigué et faible. Et j'ai aussi vu comment vous le regardiez. Surtout que la première fois que je l'ai vu, il sortait de l'hôpital et quand ton père lui faisait son interrogatoire, Atsumu l'a coupé au moment où il le questionnait sur l'hôpital.
   Oui, c'était vrai que vu comme ça... ils n'avaient pas étés très discrets sur la situation de Suna.
   — Papa aussi sait que Suna est malade ?
   — Non, il est un peu naïf tu sais, répondit sa mère avec un sourire.
   Osamu ria légèrement.
   — Suna ne voulait pas que vous soyez au courant, il n'aime pas parler de lui et il a honte de sa situation.
   — Pourquoi est-ce qu'il a honte ?
   — Parce que... je ne sais pas trop... en tout cas il ne supporte pas son anorexie et-
   — Il est anorexique ?! Mais pourquoi vous ne nous l'avez pas dit ! Il a mangé chez nous, s'affola sa mère.
   — Parce qu'il ne voulait pas, je te l'ai dit...
   — Mais c'est ridicule enfin, il n'y a pas de honte à avoir dans le fait d'être anorexique, ce n'est pas de sa faute.
   — Je sais, on lui a dit mais il écoute rien...
   Sa mère le regarda avec peine. Quelques minutes de silence passèrent, puis elle reprit la conversation.
   — Et donc si tu sèches les cours c'est pour être avec lui c'est ça ?
   — Oui... je suis désolé, vous avez dû vous inquiétez toi et papa, mais je pouvais pas vous le dire.
   — Et tu ne peux pas le voir après t'es cours ?
   — Si mais...
   Osamu chercha ses mots avec soin. Si, il pouvait se contenter d'aller vois Suna après ses cours, de passer quelques avec lui et d'ensuite rentrer chez lui. Mais...
   — C'est pas assez, dit-il dans un souffle.
   Sa mère ne répondit rien, elle devait attendre des précisions. Mais Osamu ne voyait pas trop comment dire à sa mère qu'il était accro à Suna...
   — Je veux passer le plus de temps possible avec lui, et je... j'arrive pas à me concentrer en cours. Je pense tout le temps à lui, et je... je vois pas à quoi ça sert d'assister à des cours où je ne fais rien, alors que je pourrais être avec lui...
   — Osamu...
   Le jeune homme vit deux doigts apparaître devant ses yeux et lui remonter légèrement le menton. Il croisa alors le regard de sa mère et vit qu'elle le regardait avec bienveillance.
   — Je comprends ta façon de penser, et je respecte tes choix. Mais sache que tes études sont importantes, ici la concurrence est rude.
   — Oui je sais.
   — Je veux pas que tu crois que je t'obliges à aller à l'école. Fais ce qui te semble le mieux, fais ce qui te plait à toi, ne fais pas des choix que tu regretteras plus tard. Mais ne mets surtout pas ta vie de côté pour quelqu'un.
   — Je mets pas ma vie de côté... je veux juste la passer avec Suna, finit par avouer Osamu.
Le regard de sa mère se remplit de tendresse et elle pencha la tête sur le côté.
— Pourquoi tu ne l'as pas dit tout de suite, demanda-t-elle avec un sourire.
— De quoi ?
— Que tu l'aimais.
Les joues du jeune homme se colorèrent instantanément, ce qui fit un peu plus sourire sa mère.
— Tu veux dire... que je suis amoureux de lui, demanda-t-il avec gêne.
— Oui.
— Mais je ne suis pas... amoureux... de lui.
— Tu as le droit tu sais, ça ne change pas qui tu es, nous t'aimons co-
— C'est pas ça, je m'en fiche que ça soit un garçon, mais je... je n'aime vraiment pas... Suna. C'est juste mon ami.
Osamu se rendit compte qu'il n'avait aucune crédibilité. Les mots qu'il disait sonnaient terriblement faux, comment ça Suna était juste un ami ? C'était l'une des choses qu'il était pour lui, mais il n'était pas que ça. Et il le savait très bien, mais se l'avouer était trop dur.
C'était évident que sa mère ne le croyait pas non plus. Elle arqua un sourcil, l'air de dire qu'elle savait déjà tout.
   — On s'entend juste très bien..., dit le jeune homme qui avait l'impression de s'enfoncer un peu plus.
   — Vraiment ?
— Bon peut-être qu'il est... plus que ça, mais je ne suis pas avec lui si c'est ce que tu veux savoir, s'empressa d'ajouter Osamu.
— Donc tu n'es pas avec Suna mais tu passes ton temps avec lui, tu penses constamment à lui, tu dors avec lui, tu sèches pour lui et c'est quand même plus qu'un ami, résuma sa mère. Mais attention, ce n'est pas ton amoureux.
Pourquoi est-ce que dit comme ça, cette histoire avait l'air si incohérente ?!
— Est-ce qu'on peut changer de sujet, dit alors le jeune homme d'un ton suppliant.
Sa mère éclata de rire.
— Mais oui, on a tous eu une période de déni mon grand, dit-elle en lui tapotant l'épaule.
— Je ne suis pas dans le déni !
— Oh tu rougis, c'est si mignon !
— Mais arrête maman ! Et c'est normal que je rougisse, tu me poses des questions qui me mettent mal à l'aise !
— Oh désolée mon chéri.
Le chéri en question jeta un regard blasé à sa mère. Elle avait l'air tout sauf désolée.
— Bien, je suis contente que tu aies pu me parler un peu, ça devait être dur de garder ça pour toi, dit-elle en retrouvant son sérieux.
C'était vrai que Osamu avait l'esprit un peu plus clair maintenant qu'il avait parlé à sa mère. Il se sentait un peu mieux, parler pouvait parfois faire du bien.
— Comment est-ce que tu sens par rapport à cette situation ?
— Je ne sais pas. J'ai tout le temps peur que Suna meurt, et je déteste penser ça parce qu'il ne peut pas mourir.
— Oui je vois.
— C'est super dur de le voir souffrir sans pouvoir rien faire... J'ai... j'aime vraiment Suna et j'ai peur de le perdre.
C'était la première fois qu'il disait ça à voix haute. Il savait déjà qu'il aimait Suna, et qu'il avait peur qu'il meurt, mais l'exprimer à voix haute rendait encore plus fort ses sentiments. Ça les rendait plus réels, et plus horrible face à cette situation.
Osamu aimait un garçon qui marchait sur un fil au-dessus d'un gouffre, il aimait une flamme prête à s'éteindre au moindre souffle, une lueur dans l'obscurité qui disparaîtrait si la lumière apparaissait. Aimer Suna, c'était lâcher les rennes de son destin et le suivre dans la brume de l'incertitude, prendre sa main et avancer les yeux bandés dans un paysage tortueux, l'accompagner longer un chemin dans l'ombre de la mort. C'était ne pas savoir à quoi s'attendre, pour Suna, Osamu acceptait de jouer à la roue du hasard et de la laisser guider sa vie. Il l'avait accepté sans s'en rendre compte, et maintenant qu'il en prenait conscience, c'était trop tard pour arrêter.
— Quoiqu'il arrive, je serais là si tu le veux, dit alors sa mère en le prenant dans ses bras.
— Merci.
— J'aimerais beaucoup revoir ton ami. Pour m'excuser pour le dîner de la dernière fois. Je savais qu'il n'allait pas bien et pourtant je l'ai quand même organisé...
— Je t'accompagnerai le voir si tu veux.
Comme sa mère ne bougeait pas, Osamu comprit qu'elle voulait voir Suna maintenant. Il souffla et réfléchit un instant. Au point où il en était, autant arrêter ses révisions pour aujourd'hui. Il se leva et replia quelques livres, histoire de ranger un peu. Sa chambre était vraiment en bazar.
   — Je suppose que les lits d'hôpitaux ne sont pas très grand, comme vous faites pour dormir ensemble, demanda sa mère en le regardant faire.
   — Euh...
   Ils dormaient collés l'un à l'autre, et la plupart du temps Suna se servait du jeune homme comme oreiller et matelas. Mais s'il le disait à sa mère, elle le répèterait à son père, à Atsumu, et peut-être même aux voisins. Il n'aurait plus jamais la paix.
   — On va dans le lit et on dort, dit-il simplement.
   — Je ne m'en étais pas douté, répliqua sa mère d'un ton sarcastique. Demain tu as cours à quelle heure ?
   — Neuf heures.
   — Alors pourquoi tu ne resterais pas avec lui cette nuit ?
   Le jeune homme hésita un instant. Il ne passait plus beaucoup de temps avec sa famille, alors il essayait d'y remédier un peu. Mais si sa mère était d'accord pour le laisser avec Suna...
   — Ça ne vous dérange pas ?
   — Mais non, tu es grand, tu fais ce que tu veux. Et puis tu es bien mieux auprès de ton Suna, ajouta sa mère avec un sourire.

   Quelques minutes plus tard, les deux Miya étaient sur le chemin de l'hôpital. Sur le trajet, la mère d'Osamu posait des questions à son fils sur sa relation avec Suna. Elle lui demanda comment ils s'étaient rencontrés et comment ils étaient devenus amis.
   Osamu lui raconta leur rencontre, comment Atsumu était entré sans gêne dans sa chambre, comment ils étaient devenu amis. Lui raconter ça lui ramenait tellement de souvenir. C'était il y a si longtemps...
   Cette période lui manquait un peu. Même si Suna allait déjà mal à ce moment là, il était en bien meilleure forme. Il pouvait encore un peu manger, il pouvait sortir, se balader, son poids n'était pas encore catastrophique, son cœur fonctionnait encore bien. Mais ces moments où tout « allait bien » reviendraient bientôt, après l'enfer viendrait la lumière des beaux jours, il fallait juste supporter cette situation encore un peu.
   Les Miya arrivèrent à l'hôpital aux alentours de dix-huit heures. Osamu conduisit sa mère jusqu'à la chambre de son ami. Comme d'habitude, il frappa trois coups puis entra sans attendre de réponse. Mais cette fois, il ne trouva pas la même chose que d'habitude.
   Le corps de Suna était inerte sur son lit, il tombait à moitié par terre. Un pot de verre était brisé au sol, au-dessus de l'endroit où pendait la main de Suna. Des pilules multicolores couvraient le sol.

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