4 - La box

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Une box de CrossFit, ce n'est pas une salle de sport comme les autres. On y retrouve tous les types de personnes possibles. Les quatre murs sont gris, pour le reste tout est coloré : les ballons, les élastiques, les anneaux, les TRX... Je pourrais presque me croire dans un cabinet de kiné.

À l'accueil une coache de mon âge, et des biceps de la taille de mes cuisses, prend mon nom et commence à m'expliquer le principe du CrossFit et de la box. Si je veux, je peux passer ma vie ici. Au fur et à mesure qu'elle parle, je commence à questionner ma capacité à avoir la patience, la motivation et la dévotion pour dépasser l'épreuve de la séance d'essai.

Est-ce que vous avez d'autres questions ? conclut-elle.

Oui : comment remonter le temps et m'enseigner de me taire au moment opportun pour que ce jour n'ait jamais lieu ?

Est-ce que Roméo est là ?

Comme si j'avais prononcé le mot magique, je le vois qui marche vers moi. Il a un sourire jusqu'aux oreilles que je reconnais bien : celui de la victoire.

Tu ne t'es pas défilée.

Il fallait bien que je vienne voir où tu travailles.

Donc tu es là uniquement par curiosité.

Uniquement.

Il se penche jusqu'à mon oreille :

Tu vas sans doute m'aimer beaucoup moins ce soir.

Si seulement...

Il me fait signe de le suivre. Roméo attire les regards. Que ce soit dans la salle de sport, au bar, ou dans la rue, femmes et hommes lui jettent un coup d'œil en passant. Ça me rappelait l'époque du lycée, lorsque je trainais avec un groupe de filles sorties tout droit d'un catalogue de mode ; j'avais bénéficié des regards, car je faisais partie du groupe de bombasses même sans en être une.

Enfin j'étais jolie, mais quand je me mettais à parler les mecs commençaient à me fuir.

Je me retrouve dans un cercle avec cinq autres personnes : quatre hommes, et une femme. À première vue nous n'avons rien en commun. Mais quelque chose me dit qu'on va tous en baver de la même manière.

On va pouvoir commencer, annonce Roméo. C'est le premier cours d'Alicia donc je vais passer un peu plus de temps avec elle pour lui expliquer les bases. Vous connaissez le principe : si un mouvement vous fait mal, vous arrêtez et vous me le dites.

J'ai droit à un bonjour collectif, quelques sourires d'encouragements.

On commence par un échauffement pendant lequel Roméo m'explique le concept de WOD – Workout Of the Day – qui sera pour l'occasion un renforcement global pour le corps.

À la fin de l'échauffement, il présente le WOD : fentes, air bike, kettlebell swings, wall balls, box jump, corde à sauter. Cinq exercices, trois rounds, quinze minutes au total.

Roméo nous montre chaque exercice à faire proprement, il vérifie les postures de chacun, nous fait travailler la technique en revoyant à chaque fois la base du mouvement, et pour ceux qui sont à l'aise, il propose d'augmenter les charges ; pour un peu je me verrais presque moi lorsque j'assiste mes patients dans la réalisation de leurs exercices.

Puis c'est parti.

Ma condition physique n'a jamais été au plus bas. Je fais chaque exercice à fond, galvanisée par le groupe, et je suis rouge et en sueur passé le premier round.

Tout le monde souffre.

Et tout le monde aime ça et en redemande.

À la fin, tout le monde s'applaudit e récupère sa bouteille et sa serviette pour s'éponger. Les deux femmes – qui sont sœurs – restent après le WOD pour une séance d'étirement. Un des hommes – le plus âgé, et retraité – reste pour se faire une séance de musculation du haut du corps.

Le syndrome RoméoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant