7 - Chez la psy - 2

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ALICIA : Je dirais que c'est à partir de ce jour-là, que notre amitié a pris une autre dimension. Roméo a mis deux semaines avant de redevenir lui-même. Et pendant tout ce temps il était très... tactile. Il n'a jamais reparlé de cet incident, mais il était clair qu'il cherchait à travers ces câlins une forme de réconfort. Un réconfort que j'étais heureuse de lui donner bien sûr. On a commencé à passer toutes nos soirées à discuter. De tout et de rien. Mais surtout de choses personnelles. On la jouait à coup de questions : quel est le pire jour de ta vie ? Le meilleur ? Le jour le plus embarrassant ? Le pire rencard ? La pire bêtise faite aux parents ? Le pire mensonge où on s'est fait attraper ? Qu'est-ce qu'on aimerait changer chez soi ?

LA PSY : Et qu'est-ce que vous avez répondu à cette dernière question ?

ALICIA : Je lui ai dit que j'aurais bien échangé mes yeux marrons contre un joli bleu ou vert, que j'aurais hérité de mes parents. Roméo est entré dans tout un discours pour m'expliquer qu'il n'y avait rien à changer et que j'étais parfaite telle que j'étais. Qu'il me le répèterait tous les jours jusqu'à ce que j'en sois convaincue.

LA PSY : C'est donc à partir de là que la relation de dépendance s'est installée.

ALICIA : Oui, on peut dire ça... Attendez, vous parlez de lui ou de moi ?

LA PSY : Pourquoi l'un et pas l'autre ?

ALICIA : Parce que... c'est moi qui suis ici à vous parler, et pas lui ?

LA PSY : Je ne sais pas ce que Roméo traverse de son côté, je ne peux donc pas me prononcer pour lui. Mais d'après ce que vous me dites, cette complicité était partagée. Vous faisiez partie de la vie l'un de l'autre, sans véritables barrières.

ALICIA : Quand vous dites dépendance, vous voyez ça comme quelque chose de malsain, pas vrai ?

LA PSY : Il est tout à fait normal de tisser des liens affectifs et de s'attacher aux autres. Mais lorsque vous commencez à ressentir une sensation de vide à combler, le sentiment de n'exister qu'à travers l'autre, et que tout ceci génère une certaine détresse qui influence vos comportements, alors il faut prendre du recul et se poser des questions sur cette relation.

ALICIA : ...

LA PSY : Qu'est-ce qui vous met mal à l'aise dans ce que je viens de vous dire ?

ALICIA : Vous m'obligez à reconsidérer tout ce que j'ai vécu avec lui.

LA PSY : Pas tout. Il y a eu énormément de positif. Je ne suis pas là pour vous dresser un portrait tout en noir, ou même tout en blanc de votre relation. Mais pour analyser les comportements que vous avez eus, pour comprendre ce qui vous a amenée à de tels extrêmes, et faire en sorte que vous ressortiez grandie de tout ce que vous avez vécu.

Le syndrome RoméoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant