— Salut Cole.
— Salut Alicia.
Je fais la bise à mon cousin et nous nous asseyons au bar.
J'ai mis quarante-huit heures avant de me décider à l'appeler.
Cole est un cousin que je n'ai pas connu en grandissant, car nos mères étaient fâchées et refusaient de se voir. J'avais droit à quelques photos et je ne l'ai rencontré vraiment que lorsque j'avais dix-sept ans. Il en avait vingt-et-un, et il voulait connaître la seule cousine qu'il avait. Il a un côté observateur, je ne saurais dire s'il l'a toujours eu ou s'il l'a développé avec son boulot de réalisateur de documentaires, mais quand il regarde les gens, ses yeux donnent l'impression d'être une caméra braquée sur vous. Et quand il parle, c'est toujours lorsqu'il a quelque chose à dire. Il ne blablate pas, ne fait pas étalage de son égo, ne se vante pas. Dès qu'il raconte une anecdote, je sais que ça va être intéressant. Il est constamment en soif d'apprentissage et de vérité.
Des gens cultivés comme lui, il y en a peu.
Ah oui et puis il est bisexuel.
— OK, sans tergiverser, j'avais besoin de te parler, car je me suis mise dans une situation un peu délicate.
Un de ses yeux se plisse légèrement.
— Je t'écoute.
— Il faut que tu saches que je n'ai pas voulu faire de tort à qui que ce soit.
— Est-ce que je dois comprendre que je suis concerné ?
Il est vraiment perspicace. Enfin jusqu'à un certain point. Même le meilleur des devins ne peut pas deviner ce que j'ai fait...
— J'ai utilisé une photo de toi, ainsi que ton nom, pour me créer un faux compte sur une application de rencontre pour gays.
Il attend quelques secondes, puis le coin de ses lèvres se relève et sa poitrine tressaute.
— Tu me fais une blague ?
— Je comprends que tu puisses imaginer ça... mais non. Je l'ai fait pour discuter avec mon meilleur ami, qui maintenant veut te rencontrer et j'ai besoin que tu le rencontres et que tu lui dises qu'il ne se passera jamais rien entre vous.
Cole fronce les sourcils
— Je n'ai rien compris à ton histoire.
Alors, avec un soupir, je reprends depuis le début. Le tout début. Comment je suis tombée amoureuse de Roméo, comment je désespère, car il ne se passera jamais rien, comment j'ai communiqué avec lui via l'application et comment je m'en veux de la tournure de cette situation. Je n'aurais jamais dû jouer à un tel jeu, c'était plus fort que moi, je l'aime tellement...
Cole me regarde comme si j'étais à moitié folle.
— Merde Alicia, c'est grave ! C'est de l'usurpation d'identité.
Mes yeux se replissent de larmes et Cole inspire un bon coup.
— Tu ne peux pas dire la vérité à ton coloc ?
— Il va m'en vouloir terriblement si je lui dis tout ça !
— Alors ne lui dis rien, efface ton profil – et surtout ma photo – et laisse-le comprendre que le contact est terminé.
— Mais si je fais ça, il va déprimer, car ce sera une énième relation qui va planter et il pensera que c'est sa faute !
Cole secoue la tête.
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Le syndrome Roméo
ChickLit« Si tu vis jusqu'à cent ans, je veux vivre cent ans moins un jour, pour ne jamais avoir à vivre sans toi. Il dit ça comme s'il venait de déclamer un poème. - C'est de toi ? - Winnie l'ourson l'a dit en premier. - Mais c'est trop beau ! - C'est...