Chapitre 33 : Des écailles de sirène dans la poche

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Une brise fraîche balaye le petit port où attend sagement à quai l'imposant ferry qui fait les navettes jusqu'au continent. Le ciel est grisonnant, le temps maussade.

La jupe de Gwenaëlle fouette dans le vent. Je frissonne. Ma main sert plus fort celle de Driss que je ramène tout contre moi comme si je craignais qu'il ne s'envole plus tôt que prévu. Ce qui ne risquait pas d'arriver vu sa lourde valise.

— Oh fait, déclare Driss en se tournant vers mon amie, tu remercieras ton père de nous avoir emmenés.

— Oh t'en fais pas, assure-t-elle. Ça lui a carrément fait plaisir ! Il ne parle plus que de vous deux. Vous êtes des héros à ses yeux. Je suis presque sûre qu'il va donner votre nom à une boisson à la taverne.

On s'esclaffe.

— D'ailleurs tu sais un peu ce que ça donne cette histoire de parchemin ? je demande.

— De ce que j'ai entendu, la Reine aurait fait celle qui n'était au courant de rien. Le Général et ses soldats ont tous étaient rapatriés. Elle aurait, soi-disant, été outrée que son bras droit trahisse la confiance entre la couronne et nous. Nan, mais vous y croyez ?

On fait signe que nan.

— Enfin ! Du coup, la matriarche serait en bonne voie pour négocier qu'on retrouve notre autonomie. La Reine aurait bien trop peur de perdre sa réserve d'écaille.

— Et pour les Pirates ? se questionne Driss

— Neela a pas encore était jugé, mais je crois bien que la Matriarche souhaite qu'ils restent libres s'ils payent leur dette en aidant à la protection et aux travaux sur l'île. Je ne sais pas encore si ça lui sera accordé. En tout cas, pour ton voisin, je ne crois pas qu'il ait beaucoup était inquiété. Apparemment, le Général l'aurait fait chanter.

Je soupire.

— Oui, mais je pense qu'il ne se sent plus tout à fait à l'aise parmi nous à présent.

— Ça se comprend...

— Il cherche à vendre sa ferme pour quitter l'île et recommencer ailleurs. Papa a proposé de lui racheter son pick-up.

— C'est peut-être pas plus mal...

Nous méditons cette idée alors que nous fixons l'horizon. De lourds nuages gris s'agglutinent de l'autre côté de la mer houleuse. On dirait que Driss va être accueilli par la pluie à son arrivée.

— Au moins je suis rassuré que tout ça se soit réglé avant mon départ, déclare Driss.

— On a reçu un message de la Matriarche, j'explique à Gwen. Elle lui a assuré qu'il était bien attendu à son école.

— C'est super !

Un sourire lumineux éclaire le visage de mon petit-ami.

— Oui ! C'est sans doute qu'une façon pour la Reine de se racheter, mais je suis soulagé.

— C'est sûr, compatis mon amie.

— Mais ce que Camille a oublié de te dire, c'est que dans son message elle l'invitait aussi à venir la voir pour discuter en tête-à-tête.

La bouche de Gwenaëlle s'ouvre en une exclamation muette. Sa mâchoire s'en décrocherait presque.

— C'est sans doute rien du tout, je m'exclame dans l'espoir de clore la discussion.

— Je suis amie avec une célébrité ! rétorque-t-elle de manière théâtrale.

Elle échange un regard en coin avec Driss et l'instant d'après, la mélodie de leur rire me caresse les oreilles. Leur insouciance me fait oublier un temps la raison de notre présence.

Des écailles de sirène dans la poche [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant