Notre attente est rythmée par le mouvement incessant des vagues. C'est comme un métronome infernal qui nous fait chavirer le cœur à chaque secousse.
Je commence à en faire le décompte pour tenter d'oublier la nausée et faire taire ce silence pesant dans ma tête.
Une. Deux.
Il me semble entendre Driss claquer des dents. Il doit être gelé. Et je ne peux rien faire pour l'aider.
Trois. Quatre. Cinq. Six.
Un mouvement plus brusque que les autres me plaque contre la poutre à laquelle je suis attaché. Le choc intensifie mon mal de tête. La douleur pulse bruyamment sous mon crâne et me fait perdre le compte. Je grimace tout en soufflant doucement par la bouche et reprends arbitrairement mon décompte à dix.
Arrivé à vingt, Driss m'interrompt. Je me fige en entendant sa voix. Il me souffle ces deux simples mots avec une douceur qui me surprend :
— Ça va ?
J'acquiesce dans un murmure.
— Je suis désolé que t'aies dû leur dire pour les parchemins.
Mon cœur se serre. Comme si c'était sa faute...
— Ne t'en fais pas, je réponds. Ils sont pas là-bas.
Il tourne vivement la tête vers moi.
— J'avais un mauvais présentiment cette nuit, j'explique. Alors j'ai voulu vérifier par moi-même.
— Tout seul ?
— Je ne savais vraiment plus quoi faire. J'ai juste suivi mon instinct et pris mon vélo et ma lampe torche... Le plus dur ça a été de creuser dans le noir. Mais j'ai réussi à déterrer les parchemins. Je me suis dit que c'était mieux de les mettre en lieu sûr.
— Tu veux dire que tu t'es promené sans défense en pleine nuit avec le butin d'une pirate sur toi ?
Je hausse les épaules. Je n'arrive pas à déterminer si son ton est consterné ou taquin. Sans doute un peu des deux.
Après coup, c'est vrai que c'était imprudent. Mais à quoi bon refaire l'histoire ? Ça ne nous détachera pas de la calle humide de ce vieux navire.
— Et ils sont où maintenant ces parchemins ?
Je déglutis. Ce n'est pas comme si le lui cacher servait encore à quelque chose.
— Eh bien... Il se pourrait qu'ils se trouvent sous mon lit.
Il se fige un instant. Puis, un long souffle s'échappe d'entre ses lèvres alors qu'il secoue la tête.
— Oui, je reconnais. Dis comme ça, ça a pas l'air de l'idée du siècle, mais... C'est pas comme si quelqu'un allez les chercher là-bas. Et si jamais ils décodaient l'énigme, ils ne trouveraient rien non plus.
— Mais pourquoi tu ne les as pas envoyés plus tôt sur la piste du chêne ?
— Je voulais les retenir le plus possible avant que Gwenaëlle arrive.
— Gwenaëlle ?
— Je lui ai parlé hier. Elle devait emmener son père en renfort pour qu'on aille déterrer le trésor. Je voulais t'en parler aussi ce matin. Je te le jure ! Je suis désolée de pas l'avoir fait...
Je frotte nerveusement mes chaussures l'une contre l'autre. J'ai besoin de lui expliquer, mais je redoute sa réaction.
— La fois où je suis parti à la recherche de la pochette de Marte, j'ai croisé Gwen.
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Des écailles de sirène dans la poche [BxB]
RomanceLes écailles sont bientôt prêtes pour la cueillette : cette plante aux vertus légendaires qui fait la fierté des habitants de l'île et attise des convoitises bien au-delà de leurs côtes. Cet été, la récolte sera particulière pour Camille. Sa mère a...