Chapitre 23 : Découvrir le pot aux roses

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Etendu de tout mon long sur ma serviette, je m'abandonne à l'étreinte chaleureuse du soleil qui finit de sécher mon maillot de bain. Driss est allongé, collé contre moi, et sa tête repose dans le creux de mon cou. Il somnole. L'eau saline a rendu ses cheveux flous et vaporeux. Un coup de soleil est en train d'éclore sur le bout de son nez et le début de ses joues. Les traits de son visage sont complètement détendus. Il est beau.

La baignade nous a épuisés. Nous prenons le temps de récupérer et profitons oisivement de cette belle après-midi qui s'écoule avec paresse.

On s'est installés dans le terrain derrière la ferme de monsieur Capriz. C'est un petit pré en friche qui fait partie de sa propriété. Il nous autorise ma sœur et moi à y venir quand on veut. On a même le droit de se servir sur les trois arbres fruitiers qui y poussent. Marte est d'ailleurs en train de se bâfrer goulûment de mirabelles pour son goûter.

Elle va beaucoup mieux. Maman pense qu'elle a pris froid la fois où on est allé au ruisseau. En tout cas, avec les remèdes du dispensaire et après une bonne journée bien au chaud sous sa couette, elle était sur pied.

Je soupire de contentement. Mon corps pivote lentement face à celui de Driss pour l'étreindre. A moitié endormi, son bras vient mollement me ceinturer la taille. J'enfouis mon nez dans ses mèches blondes et y respire l'odeur saline laissée par l'embrun. Mes paupières se ferment.

— Camille ! braille soudainement ma sœur.

Je grogne avant de lui répondre avec tout autant de coffre.

— Quoi ?

Driss se redresse en gémissant. Ses yeux mis clos sont encore tout rempli de sommeil. Il me demande de sa voix rauque endormi :

— Qu'est-ce qui se passe ?

Je hausse les épaules. Marte accourt en notre direction. Elle a l'air dévastée.

— Camille ! répète-t-elle en arrivant vers moi.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Mon carnet de dessin ! Je ne le retrouve plus. Je crois que je l'ai fait tomber.

Je souffle.

— Fallait faire attention à tes affaires. On le retrouvera demain sur le chemin.

— Non ! Il va prendre l'eau et mes dessins seront fichus. Je les ai faits pour Papa.

Elle fait la moue et se triture nerveusement les doigts. Un soupire s'échappe de mes lèvres au moment où je comprends que je vais céder.

— Tu veux que je t'accompagne ? me propose gentiment Driss.

— Nan, ne t'en fais pas. J'irais vite à vélo. Raccompagne Marte. Je serais pas long.



Finalement, je dois abandonner mon vélo et finir ma route à pied. Le raccourci que j'avais décidé d'emprunter est barré par un long tronc qui gît en travers du chemin. La foudre, il y a deux nuits de cela, a terrassé plusieurs arbres qui n'ont pas eu le temps d'être déblayés.

Je suis éreinté après ma journée et espère trouver au plus vite les affaires de Marte. Je n'ai aucune idée d'où chercher et chaque caillou ou touffe d'herbe semble me narguer. J'espère bien être promu meilleur grand frère de l'année pour mon dévouement. Un dessert supplémentaire ce soir me semble être une récompense acceptable.

Heureusement pour moi, la chance semble me sourire car je reconnais la petite pochette de ma sœur un peu plus loin sur le sentier menant aux plages de galets. Je vérifie que l'intégralité de son matériel à dessin s'y trouve. Son petit carnet est intact. Elle sera soulagée.

Des écailles de sirène dans la poche [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant