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Lorsqu'ils arrivèrent devant l'enseigne d'un bleu égyptien qui arborait le nom "Holey Cream" dans un rose clair, la brune fut surprise de la petitesse du lieu. L'intérieur avait un sol carrelé comme souvent dans ce genre d'établissement. Sur la gauche, le long du mur de l'entrée jusqu'aux vitrines, se trouvaient des chaises vert lime et sur la droite, un petit coin où s'attabler. Respectant la distance d'un mètre entre eux et la cliente juste devant, les deux jeunes gens regardèrent la vitre derrière laquelle se trouvaient tous les parfums proposés, avant de lever les yeux à la recherche d'un menu sur les murs.

Ici étaient proposés des donuts artisanaux, des sandwichs glacés, des coupes de glace, des smoothies, des sorbets et toutes autres sortes de desserts glacés ou non. Les parfums variaient tous : pêche, vanille, café, fraise, chocolat, banane, citron, etc. Timothée prit un Sundae appelé "Brownie Explosion Sundae", pour lequel il dû choisir 2 saveurs de glace qui furent vanille et chocolat. Le dessert était composé de quatre boules de glace, de sirop de chocolat et de morceaux de brownie. Pour la brune, le choix fut plus difficile. Il y avait tellement de possibilités qu'elle eut envie de prendre un article de chaque, au risque d'en faire une indigestion

Finalement son choix se porta sur un sorbet à la framboise, peu cher et surtout elle raffolait du goût de ce fruit. Le bouclé paya avec un billet de vingt dollars, avant de récupérer sa monnaie. Ensuite, tous deux sortirent du lieu leur dessert en main, le dégustant tout en prenant la direction de la boutique où travaillait la brune. Cette dernière ne put retenir un gémissement en mangeant une cuillère de son sorbet qu'elle trouvait délicieux, et Timothée ne manqua pas une occasion de la taquiner.

Marchant à sa gauche il s'arrêta net et la fixa en essayant de prendre un air choqué aussi crédible que possible. La brune s'arrêta à son tour et l'interrogea du regard avant de comprendre et rougir. La honte, dit-elle, la honte internationale. Malheureusement le bouclé ne put se retenir plus de cinq secondes avant d'éclater de rire, la mine choquée passant de lui à la française. Il se moquait d'elle ! Mais ce sourire et ce rire étant contagieux, elle finit par le rejoindre tout en lui demandant d'arrêter de se moquer évidemment. Précisant que ce n'était pas sympa du tout, qu'on ne se moquait pas de ses amis. Le bouclé profita alors de cette phrase pour sauter sur l'occasion.

- Nous sommes de nouveau amis ?
- On l'a toujours été, elle haussa les épaules, tête baissée sur son sorbet. Même si je t'ai fais croire le contraire. Elle prit une cuillère de glace, l'avala et reprit, comme je te l'ai dis, j'ai paniqué. J'avais déjà été la cible de certaines personnes sur internet et, j'avais peur que tout ça recommence. Peur que chacune de nos sortie devienne un article quelque part, que la minorité qui est persuadée que tu formes un couple avec Armie ne vienne m'agresser comme peuvent le faire certains Larries avec Eleanor ou Olivia, elle reprit une cuillère comme pour se donner du courage, constatant qu'il s'agissait de la dernière, puis releva les yeux pour regarder sur sa gauche. Timothée tu sais, elle tourna la tête vers lui et vit qu'il la fixait, je t'ai toujours apprécié depuis que je t'ai connu. Tu es quelqu'un de simple, d'authentique, tu ne vis pas dans le luxe, tu n'étales pas ta fortune, tu ne roules pas en Cadillac – même si tu en as fais la pub – ... tu es toi-même ! Et, je suis désolée d'avoir réagis aussi stupidement face à toi. J'avais juste peur et, et j'ai merdé comme la plupart du temps quand je fais quelque chose.

Suite à cette longue tirade la brune se tut, regardant Timothée et cherchant dans ce regard brun/vert un signe quelconque, quelque chose qui prouverait qu'il ne la détestait pas. Elle vit simplement deux sourcils légèrement froncés, incapable de lire quoi que ce soit puisqu'elle n'avait jamais su lire un regard. Elle baissa alors la tête sur son sorbet désormais terminé et repéra une poubelle à deux mètres sur sa droite, s'y dirigea et y jeta le carton ainsi que la cuillère en plastique. Ne pas pleurer, surtout ne pas craquer. Elle était suffisamment pathétique comme cela.

Elle releva les yeux et regarda au loin la rue et les buildings, le soleil qui baignait les immeubles donnant aux vitres des reflets ici ou là et souffla un bon coup comme pour reprendre le dessus. En se tournant elle vit le bouclé qui terminait son dessert, vint également jeter ses emballages tandis qu'elle baissa de nouveau la tête trouvant le béton si intéressant tout à coup. Victoria voulu prendre son téléphone dans sa poche afin d'y vérifier l'heure, son poste commençait bientôt et elle ne voulait pas être en retard, lorsqu'elle sentit la main du bouclé sur son avant bras.

La brune releva les yeux surprise et rencontra à nouveau ces deux sourcils froncés. C'était une habitude chez les mecs de faire ça, visiblement. Il semblait chercher lui aussi quelque chose dans son regard car elle vit ses yeux passer de l'un à l'autre des siens, avant de brusquement la prendre dans ses bras, au milieu du trottoir, en pleine journée. Mais Victoria était trop heureuse pour se formaliser de ces détails, elle laissa alors ses émotions lui dicter sa conduite et passa ses bras dans le dos de son ami franco-américain, fermant ses yeux pour profiter de ce moment. Elle entendait bien les pas des new-yorkais autour d'eux, le bruit de la circulation, les klaxons des conducteurs mécontents... mais seul cette étreinte comptait pour elle.

Par ce geste, le bouclé lui fit comprendre qu'il ne lui en voulait pas, qu'il savait pourquoi elle avait agi ainsi et le comprenait. Tout allait rentrer dans l'ordre. Ils étaient amis et qu'était-ce l'amitié si vous n'étiez pas capable de discuter et vous pardonner ? Victoria allait devoir travailler sur sa peur et apprendre à lui faire confiance à 100 %, il n'y avait aucune raison pour que demain ils se retrouvent à la Une de tel ou tel magazine. Les fans le respectaient non seulement lui en tant que personne, mais également son cercle d'amis ou de proches. C'était aussi ça être fan.

Timothée la garda dans ses bras deux longues minutes en la remerciant. Victoria n'osa pas demander de quoi, mais elle pensait connaître la réponse, puis il s'écarta doucement et défit leur étreinte. Tous deux se retrouvèrent alors face à face, souriants, leurs masques sous le menton avant que la brune ne le prit spontanément dans ses bras une seconde fois, le remerciant également. Elle sentit le jeune acteur hocher la tête contre le côté gauche de son visage, sa chevelure lui chatouillant l'oreille, avant de se détacher.

- Je vais devoir y aller, je n'ai plus beaucoup de temps et je n'ai pas envie d'arriver en retard, Timothée hocha la tête. En tout cas merci pour ce déjeuner et le dessert, c'était sympa et... ça m'a fais du bien de parler avec toi, elle sourit.
- Je t'en prie, ça m'a fais plaisir également. Je peux t'accompagner jusqu'à la boutique ? Victoria hocha la tête.

Tous deux prirent la direction de la boutique où, après une énième accolade les deux se séparèrent. La bonne humeur qui irradiait de la française était perceptible au loin, ce que Grace ne manqua pas et comme à son habitude posa tout un tas de questions. La brune évita de rentrer dans les détails, disant simplement qu'ils s'étaient expliqués et que les choses avaient reprit leur cours. Il fallait simplement qu'elle occulte cette peur qui ne demandait qu'à l'envahir. Elle en était capable. Elle l'avait fait par le passé, alors pourquoi pas maintenant ?

Timothée lui, ne rentra pas chez lui directement après ce moment avec la brune, il était de trop bonne humeur et décida de se promener un petit peu dans les rues de sa ville. Il avait tellement de projets à venir qu'il profitait de chaque instant de calme, observant ces rues qui l'avaient vu grandir, évoluer, débuter... Il ne serait pas l'acteur qu'il était s'il n'était pas d'ici. Cette ville l'avait façonné et fait de lui l'être qu'il était aujourd'hui. Il avait la fibre artistique dans les veines depuis sa naissance, la famille maternelle ayant de nombreux membres dans le milieu du spectacle et/ou du cinéma. C'était écrit depuis le début.

Au détour d'une rue il aperçu le Manhattan Plaza où vivaient ses parents et où il avait grandit. Il ne savait pas si Marc et Nicole étaient à la maison et décida donc d'envoyer un message à sa mère, c'était toujours mieux que de se retrouver comme un idiot devant la porte d'entrée. Après une réponse positive il s'approcha de l'entrée et sonna à l'interphone, la porte buzza quelques secondes plus tard et il pénétra dans cet immeuble qu'il connaissait si bien.

Emotion Chocolat (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant