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Un éternuement.

- À tes souhaits. Un nouvel éternuement. 'Tes souhaits. Encore un, à tes souhaits.
- Grace, tu vas pas me le dire à chaque fois, grogna la brune. Foutu pollen je n'en peux plus. Et cette chaleur, Mon Dieu ça se termine quand chez vous ?
- Bienvenue à New-York, rit-elle.
- Je suis étonnée que mon air conditionné n'ait pas cramé, elle tourne en continu toute la soirée et la nuit. Heureusement que j'ai un mur en pierre, ça garde le frais.

Victoria pensait bêtement que la grosse pomme était exempte de pollen mais visiblement ce n'était pas le cas, et elle bénissait le port du masque qui la protégeait quelques peu des grains et fleurs virevoltants dan les airs. Ce matin en se rendant à la boutique elle avait eu la très désagréable sensation d'un pollen dans ses narines, ce qui les avaient aussitôt fait couler. Bon, son allergie n'était pas aussi forte que chez d'autres qui eux avaient la gorge prise et les yeux rougis et gonflés, mais ça n'en restait pas moins désagréable. Passer l'aspirateur était un supplice lorsque celui-ci était rempli de ces grains allergènes. Elle gardait donc le masque dans ces moments-là histoire de protéger son nez au maximum.

D'ailleurs, avec cette chaleur la jeune française supportait mal son masque en coton qui lui tenait chaud, mais ne supportant pas les masques dit chirurgicaux, elle n'avait pas d'autre choix. Sa mère lui avait fait envoyer un paquet de dix qu'ils avaient reçu, elle les avaient fait trempé et espéraient qu'ils feraient l'affaire jusqu'à ce qu'elle en eu acheté d'autres. La situation s'était améliorée apparemment et elle en était ravie, le vaccin était arrivé et le port obligatoire levé dans certains endroits en France. Malgré tout elle restait prudente et préférait le garder ; et puis en hiver c'était pratique, ça gardait le nez au chaud.

Râlant face à son nez qui se mit à couler suite à ses éternuements successifs, la jeune femme se rendit à l'arrière et entreprit de se moucher et en profita pour se rincer la bouche également. Le pollen était partout et vous en avaliez facilement sans le vouloir. Elle changea de masque et rejoignit ensuite son amie derrière le comptoir afin de servir les clients qui arrivaient. Depuis ce matin ça n'arrêtait pas ! À croire que tout le monde s'était passé le mot. Mais tant mieux, ça bougeait et elle aimait cela.

Enfin, elle aimait lorsque les clients était sympathiques et compréhensifs. Ce qui n'était pas le cas de la dame devant elle en ce moment. Américaine typique habillée d'une chemise blanche visiblement de grande marque, surmontée d'une veste dans les tons gris-bleus et une jupe crayon de la même couleur. Ses chaussures étaient des talons aiguilles de couleur noire et ses cheveux longs et lissés étaient blonds. Même à travers son masque, Victoria pouvait voir les grimaces qu'elle faisait et l'agacement qui la gagnait. Son pied tapait sur le sol doucement de temps à autres, ce qui commençait lentement à énerver la brune qui avait envie de lui faire une ou deux remarques.

À la place, elle se mordit la joue et prit son meilleur sourire, même si on le ne voyait pas, et s'occupa d'elle en essayant d'avoir l'air enjouée. Et comme la française s'y attendait, cette femme demanda ce qui ne se trouvait pas en vitrine. Victoria demanda alors à Grace s'ils en remettraient plus tard, ce à quoi la blonde répondit négativement. Tous avaient été vendus dans la matinée et ils n'en ressortiraient que le lendemain. La réponse ne plu évidemment pas à Madame qui fit une moue, bah voyons pensa la brune, elle veut pas non plus qu'on lui les fasse sur mesure aussi ?

- Quand même, dit la cliente, vous devriez avoir du stock en réserve.
- Nous en avions deux-cent, fit remarquer Victoria poliment, mais ils ont eu beaucoup de succès et nous-même avons été surprit par cela. Si vous voulez, nous pouvons prendre commande et vous pourrez venir les chercher demain matin.
- Ah non, c'est aujourd'hui que je voulais en manger. Vous avez quoi d'autre sinon, dans le même genre ?

Prends sur toi Victoria, prends sur toi. Dans cinq petites minutes elle ne sera plus là. Victoria lui proposa alors des "pralinés Louise blancs", ajoutant qu'ils étaient légers et très bons, se mariant très bien avec telle ou telle boisson. Mais la femme en face d'elle fit une moue avant de secouer la tête et dire qu'elle n'était pas intéressée. Victoria puisa dans ses ressources scolaires et lui demanda donc si elle avait une préférence, chocolat noir, au lait, blanc, blond peut-être, ou un autre parfum... Et là, miracle, elle lui répondit qu'elle aimait bien le caramel. Ouf se dit alors la brune, elle était sauvée. Elle lui montra donc tout l'assortiment qui contenait du caramel, priant intérieurement pour qu'elle en achète et disparaisse.

Il y avait pas mal de clients et Grace pendant ce temps devait gérer seule la foule, alors que la file à l'extérieur était d'au moins une dizaine de personnes. Qu'est-ce qui se passait, était-ce la fête du chocolat qu'ils venaient tous en même temps ? Finalement, par chance, la cliente difficile finit par choisir un assortiment de dix chocolats au caramel. La française les emballa, encaissa et souhaita une bonne journée à cette américaine qu'elle espérait ne plus jamais revoir de si tôt. La cliente suivante était une mamie toute mignonne, qui cherchait quoi acheter pour les quarante ans de sa fille. Victoria lui posa diverses questions et la vente se passa très bien. Il fallait plus de clientes comme elle.

Profitant d'un petit moment d'accalmie, la brune se prépara un café noisette, qu'elle accompagna d'un chocolat au même parfum. Tout en remuant et buvant son liquide favori, elle regardait les gens et les véhicules traverser les rues. Son esprit se perdit vers Timothée et leur relation qui évoluait tout doucement, mais sûrement. Jamais elle n'aurait pensé un jour que sa vie allait prendre un tel tournant, elle qui avait tellement d'aprioris sur la vie et sur les gens... voilà qu'elle était en couple avec un acteur franco-américain. Elle en oubliait parfois que Timothée était un acteur et plus ou moins connu, il vivait si simplement et ils parlaient rarement de tout cela lorsqu'ils étaient ensemble, le bouclé préférant l'entendre parler de ses journées à la boutique.

- OK, je ne veux pas savoir à quoi tu penses, fit Grace en la sortant de ses pensées.
- Quoi ? De quoi tu parles ?
- T'es toute rouge Vic'...
- J'ai chaud Grace, elle roula des yeux. Et en plus ce café ne m'aide pas, elle reposa la tasse sur le comptoir derrière elle. Quand je pense au Met Gala, certaines stars vont avoir des tenues extravagantes qui vont les faire transpirer toute la soirée.
- Mais non voyons, une star ça ne transpire pas Victoria, elle mit ses mains sur ses hanches et pinça les lèvres. Elles ont un système d'anti-transpiration intégré, c'est bien connu, Victoria rit. Non mais c'est vrai, on n'a jamais vu une célébrité transpirer, à croire elles se baladent avec leur maquilleur tout le temps.
- Harry transpire lui. En même temps quand tu vois ses tenues de scènes...
- Ah, tu as de la visite.

Avant que la brune n'ait le temps de demander à sa collègue de quoi elle parlait, elle vit la porte s'ouvrir pour laisser passer le bouclé. Il arborait le sweater "SOS" Stella McCartney accompagné d'un jean clair à coupe droite, tenu par une ceinture de couleur noire. Sur sa tête était disposée une de ses éternelles casquette, qui laissait entrevoir une partie de sa tignasse bouclée et probablement non coiffée, pensa la française. Il les salua d'un sourire qui rejoint ses yeux comme souvent puis leur demanda comment elles allaient, avant de prendre commande de quelques chocolats.

Il expliqua vaguement qu'il était au musée pour une dernière réunion avant le Met Gala, mais comme souvent il n'en dit pas plus de peur de vendre la mèche. Victoria elle-même n'en savait rien et ne voulait rien savoir. Même si, évidemment, sur les réseaux, certains fans venaient lui demander si elle avait un indice de sa tenue... Malheureusement non. Elle ne savait ni la couleur, ni s'il y avait des motifs... c'était le plus grand secret. Timothée allait bien finir par leur donner quelque chose dans un post' aléatoire sur Instagram.

Emotion Chocolat (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant