10.

514 27 2
                                    

Après cette petite ballade digestive, tous deux décidèrent de se rendre chez le bouclé qui était le plus près et surtout parce-que la brune n'avait pas envie de rentrer. Elle passait un super bon moment et n'avait pas envie de rejoindre son appartement, se retrouver seule avec ses pensées envahissantes à chaque fois qu'elle tentait de fermer les yeux. Ils s'étaient donc retrouvés aux alentours de minuit moins le quart devant la porte du bouclé, ces derniers temps elle avait le sentiment de se retrouver souvent ici.

Elle entra et enleva ses chaussures comme elle le faisait d'habitude, les posant sur le tapis avant de s'avancer vers le salon. A chaque fois qu'elle passait à côté de la bibliothèque elle y jetait un coup d'œil, regardant les tranches des livres, les récompenses, les cadres photos ici et là. Son œil fut attiré par une tranche qui était celle du Tome 2 de "Call Me By Your Name". Victoria l'avait trouvé en anglais et lu récemment n'ayant pas pu résister à l'envie de savoir, si oui ou non, Elio et Oliver avaient droit à une seconde chance. Elle le prit en main, le feuilleta avant de le reposer à sa place.

Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait tout ça, mais c'était probablement la première qu'elle se rendait compte que Timothée et elle ne vivaient pas dans un même monde. Il avait dit une fois que la majorité de ses récompenses étaient chez ses parents, aux côtés de ceux qu'il avait reçu en sport étant plus jeune. Elle en effleura un du bout des doigts, celui du HFA Hollywood Film Awards reçu en 2017 qui représentait un H doré, posé sur un socle rond. Elle n'osa pas le toucher mais le prix paraissait plutôt lourd, comme presque toutes les récompenses faîtes d'or.

Elle s'avança vers la fenêtre et observa la vue, tous ces buildings avec des fenêtres illuminées à divers endroits donnait l'impression d'un Force 4 en milles fois plus grand. Elle se retourna en entendant le bouclé approcher et vit qu'il tenait deux tasses de chocolat chaud, lui entendit une qu'elle prit en le remerciant puis tous deux s'assirent sur le canapé. Timothée alluma la télévision et zappa à la recherche d'une rediffusion ou d'un programme sympa à regarder, à cette heure il devait bien y avoir quelque chose pour les insomniaques.

Évidemment lorsqu'il tomba sur The Office US, son choix fut fait. Il mis les sous-titres en français afin que la brune puisse suivre également, puis posa la télécommande à sa gauche. La brune était à sa droite, assise en indien et buvait tranquillement son chocolat tout en appréciant le calme, simplement brisé par le son de la télévision. Une fois sa tasse vidée elle la posa sur la table basse et se réinstalla, pliant cette fois ses jambes afin de coincer ses pieds entre le dossier et l'assise du canapé. Sa tête reposait sur le dossier du canapé mais instinctivement elle finit par la poser sur l'épaule droite de son ami. Son front était dans le creux où se rejoignaient la nuque et les épaules.

Elle pouvait sentir les vibrations dans le torse et la gorge du bouclé lorsqu'il riait ou souriait, elle sentait son pouls, calme, qui rapidement devint comme une berceuse à ses oreilles et le rythme faillit l'endormir. Ce que le bouclé remarqua probablement car il baissa légèrement les yeux et vit qu'elle luttait pour garder les siens ouverts, ce qui le fit sourire. Il passa son bras derrière elle pour l'amener à ses cheveux où il lui fit des papouilles, souriant encore plus en l'entendant soupirer. Normalement, Victoria n'aimait pas qu'on lui touche les cheveux, mais elle était tellement fatiguée et Timothée était délicat il fallait le reconnaître. Sans vraiment s'en rendre compte elle se pelotonna un peu plus contre lui.

- Tu vas pas t'endormir sur moi quand même ?
- Hum ? Elle releva la tête.

Timothée avait baissé la sienne pour lui parler et lorsque la brune releva la tête, leurs visages étaient à moins de deux centimètres l'un de l'autre. Surprise dans un premier temps, la brune ne répondit pas et oublia presque la question qu'il venait de lui poser. Le bouclé aussi fut troublé. Son regard passait de ses yeux à son nez, sa bouche, sonnez, son menton, ses yeux, sa bouche... Tout à coup la télévision n'existait plus, le bruit extérieur qui passait par la fenêtre entrebâillée, non plus. Victoria tentait de garder son regard fixé dans celui de Timothée mais, quand vous aviez une bouche à un centimètre de vous, il était difficile de ne pas la voir.

Ne voulant pas faire quelque chose qu'elle ne souhaitait pas, le jeune homme l'interrogea du regard, cherchant un quelconque refus à ce qu'il s'apprêtait à faire. Un très léger hochement de tête lui répondit. Lentement, comme dans un ralenti exagéré, le bouclé avança son visage vers celui de la brune et tout aussi délicatement, posa ses lèvres sur les siennes. Ce n'était qu'un baiser en surface mais pour la brune c'était un feu d'artifice, une sensation en elle qu'elle ne comprit pas mais qui la faisait se sentir bien. Le baiser resta innocent, en surface. Pas de langue, pas de dents, non. Juste deux personnes qui échangeaient un simple baiser, mais qui voulait dire tellement de choses.

Ce fut Timothée qui s'écarte le premier, posant son front contre celui de la brune, les yeux fermés et les mains dans le dos de celle-ci. Il pouvait sentir le pouls de la brune qui s'était accéléré, tout comme le sien qu'il sentait dans sa nuque. La brune avait ses mains sur son torse, tenant légèrement son t-shirt entre ses doigts. Ils allaient devoir en discuter, mais pour l'instant il ne voulait pas briser ce moment. Il avait si peur qu'elle disparaisse de nouveau...

Doucement il ouvrit ses yeux et plongea dans ceux noisettes de la brune qui le fixait. Il ne put retenir le sourire qui naquit sur ses lèvres et avança celles-ci pour les capturer une fois encore, avant de se reculer afin qu'ils soient face à face. Leurs visages n'était qu'à deux centimètres l'un de l'autre, il pouvait voir dans les iris face à lui à quel point elle était perdue et combien toutes les émotions y passaient. Il descendit ses mains pour les amener de chaque côté de la taille de la française, cherchant les bons mots.

- Ne fuis pas, s'il te plaît, dit-il en la voyant diriger son regard sur sa gauche. Pas maintenant Victoria, s'il te plaît, ajouta-t-il dans un souffle. S'il te plaît. Regardes-moi, elle ramena son regard vers le sien, est-ce que tu sais ce que tout ça veut dire ? Elle hocha la tête en tentant d'échapper à son regard mais il le maintint.
- J'ai peur Timothée, dit-elle d'une petite voix.
- Je sais, il passa son bras droit dans son dos et le caressa de haut en bas, mais tout ira bien, tu verras. Tu me fais confiance ? Nouveau hochement de tête, j'ai besoin que tu le dises Victoria.
- Oui, je te fais confiance.
- Alors tout ira bien, il l'attira à lui et la serra dans ses bras.

La tête de la brune était posée de sorte que son oreille était en contact direct avec le cœur du bouclé, ses bras étaient autour de la taille du jeune acteur et lui avait passé ses bras autour des épaules de la brune, son menton posé sur le dessus du crâne de la française. Il lui embrassa plusieurs fois les tempes en lui disant que tout irait bien, qu'il était là et qu'elle n'avait pas à avoir peur. C'était presque un rêve pour la jeune femme qui se dit que son réveil allait sonner, et que tout ceci partirait en fumée.

Cette nuit-là la brune dormit chez le bouclé, celui-ci avait insisté car il était tard et était resté sagement sur son canapé, maudissant son mètre quatre-vingt-deux. La brune dû trouver le sommeil aux alentours de trois heures et demi du matin, elle ne cessait de repenser à ce baiser et la sensation fut toujours la même. Cette sensation qu'elle connaissait et adorait autant qu'elle détestait, cette vulnérabilité qu'elle ressentait à nouveau et contre laquelle elle ne pouvait pas lutter.

« Clarisse, il faut que je te parle de quelque chose un de ces quatre, mais pour le moment je ne peux rien dire car je n'en suis pas certaine. »

« Pas de soucis, ma belle. Tu sais que si tu veux parler, je suis là. »

Puis elle avait laissé Morphée l'emporter. Timothée lui aussi avait eu du mal à trouver le sommeil, toutes sortes d'émotions lui passaient par la tête et ce foutu canapé trop petit qui l'empêchait de trouver une position confortable. Investir dans un canapé plus grand, pensa-t-il, avant de se raviser car il n'avait pas la place pour. Il s'était endormit avec un léger sourire sur les lèvres, heureux. Lorsqu'il ouvrit les yeux ce fut à cause d'un klaxon qui le fit sursauter. Il secoua la tête en voyant qu'il avait oublié de fermer la fenêtre cette nuit, il prit son portable sur la table basse et vit qu'il était sept heures et demi.

S'étirant et se levant il se rendit à la salle de bains puis se lava les mains et se rendit à la cuisine, où un coup d'œil à son garde manger le fit grimacer. Il y avait des céréales, du pain de mie, du thé, des petits-beurre Il pouvait faire des toasts, s'il avait du fromage dans son réfrigérateur, ce dont il n'était pas certain. Timothée faisait ses courses un petit peu en fonction du moment, n'étant pas souvent chez lui il évitait d'acheter des provisions pour le mois.

Secouant la tête il décida qu'un bon petit-déjeuner devait être fait de bagels et de café. Il se rendit dans sa chambre et ne put s'empêcher de sourire en voyant la brune endormie sur le côté droit, serrant un coussin contre elle. Il ouvrit tout doucement son dressing, s'aidant du flash de son téléphone pour trouver un jogging et un haut correct, avant d'aller prendre une douche. Ils devaient discuter de ce qu'il s'était passé hier, même si la brune était terrifiée il leur fallait en parler.

Il retourna dans la chambre pour prendre une paire de baskets et une casquette au hasard dans le bas de son dressing, il sortit tout aussi doucement et partit enfiler ses baskets au salon. Alors qu'il vérifiait qu'il avait toutes ses affaires dans sa sacoche : porte-feuilles, portable, il entendit la porte de sa chambre s'ouvrir et se retourna pour tomber sur la brune, encore légèrement ensommeillée. La veille, elle avait emprunté un t-shirt au brun ainsi qu'un bas de pyjama fin. Il ne retint pas son sourire en la voyant les cheveux en bataille et se frottant les yeux, puis elle remarqua qu'il était prêt à partir.

- Tu t'en vas ? Elle fronça les sourcils.
- Je voulais acheter du café et des bagels pour le petit-déjeuner. Il la vit hocher la tête, se retenant de poser la question qui lui brûlait les lèvres, tu veux venir avec peut-être ?
- Si ça ne te déranges pas...
- Non, il secoua la tête en souriant, tu n'as qu'à prendre quelque chose dans l'armoire, il fit un geste vers la chambre où disparu la brune rapidement le faisant rire légèrement.

Victoria ferma la porte de la chambre et ouvrit le dressing, prenant un t-shirt à manche longues bleu et un bas de jogging de la même couleur. Elle se changea et se dirigea ensuite dans la salle de bain, mouilla ses boucles et prit le peigne du bouclé pour tenter de les démêler...sans vraiment de succès. Ils étaient frisés et une partie refusait de coopérer la faisant soupirer avant de sortir de la salle d'eau. Elle s'approcha de l'acteur, prit la casquette qu'il avait sur la tête et la mit sur la sienne. Elle enfila ses chaussures, prit son portable et son porte-feuilles et informa qu'ils pouvaient y aller.

Durant tout le trajet jusqu'à Tompkins Square Bagels Timothée eu envie de lui prendre la main, ou le bras, passer son bras autour de ses épaules, mais se retint. Il ignorait que la brune avait la même envie mais avait peur de le voir mal réagir, elle occupa donc ses mains pour illustrer ses propos. Victoria parlait beaucoup avec les mains, on lui avait fait la remarque plusieurs fois mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle donnait corps à ce qu'elle disait et c'était parfois difficile de ne pas le faire. Et justement, la française était en train de lui parler des chansons de Within Temptation qu'elle avait découvertes.

Il aimait l'écouter parler, sa passion se ressentait et son regard pétillait. Il découvrit que la brune adorait chanter mais n'avait jamais osé prendre de cours, estimant que c'était une dépense inutile et que l'idée même était ridicule. Timothée ne fut pas d'accord et lui dit qu'elle devrait tenter, ajoutant qu'il aimerait bien l'entendre chanter un jour ce qui lui valu un léger coup sur le bras droit. Victoria chantonnait de temps en temps mais avait trop peu d'assurance, même un karaoké pouvait devenir difficile pour elle. Et puis, la voix ça se travaillait au quotidien et elle ne pouvait le faire. D'une parce-que ses voisins risquaient de ne pas apprécier et ensuite, car elle n'avait pas une hygiène de vie compatible.

Finalement ce fut la brune qui prit Timothée par le bras, étant trop grand pour qu'elle puisse passer sa main autour de ses épaules. De sa main droite elle continuait de faire des gestes en parlant ce qui le fit sourire, lui demandant si elle n'avait pas des origines italiennes et la réponse le surprit quelques peu car oui, la brune possédait de la famille en Italie. Une tante qui vivait là-bas depuis plus de trente ans avec son mari dont la famille était originaire de l'île. Elle lui demanda s'il avait gardé quelque chose de son apprentissage de la langue latine, mais malheureusement non. C'était un peu l'un des désavantages dans ce genre de métier, vous appreniez des choses quine vous serviraient pas forcément plus tard.

près une vingtaine de minutes de marche ils arrivèrent devant le Tompkins Square Bagels et y pénétrèrent. Labrune prit un bagel aux pépites de chocolat et Timothée prit son éternel bagel aux œufs et au bacon. Ensuite, avant de dévorer leur commande ils se rendirent au Mud Coffee où Victoria se choisit un Sunshine Iced Tea et Timothée un jus d'orange frais. Et ensuite ils se posèrent quelque part et dégustèrent leur petit-déjeuner. La brune ne parla pas, elle regardait le lac et les bateaux qui y naviguaient, appréciant le léger vent frais qui venait les effleurer, buvant une gorgée de son gobelet entre deux bouchées.

Timothée la regarda et vit qu'elle avait les yeux encore ensommeillés, ce qu'il trouva adorable. Il ne voulait pas briser ce silence confortable entre eux, mais ils devaient parler de ce baiser échangé la veille. Il se doutait que tout un tas de questions devaient tourner dans la tête de Victoria et qu'elle devait se faire violence, pour ne pas laisser sa peur gagner et fuir comme la dernière fois qu'ils avaient partagé un moment comme celui-ci. Elle dût entendre ses pensées car elle prit la parole une minute plus tard.

- Je ne vais pas fuir, pas cette fois en tout cas, elle coupa un bout de son bagel et le mit en bouche.
- Je sais que tu as peur Victoria, mais il va bien falloir qu'on en parle...
- Ça voulait dire quoi pour toi ? Demanda-t-elle en baissant la tête faisant mine de regarder les miettes au sol.
- Je... S'il te plaît Victoria, regardes-moi, elle releva la tête, je sais que tu dois te dire que c'est un peu tôt mais, je le voulais vraiment, il la vit essayer de retenir un sourire. Et je sais que tu dois te poser pleins de questions en ce moment, mais tu peux me les dire et j'essayerai de te répondre le plus honnêtement possible.

Victoria baissa à nouveau la tête. Oui, elle avait peur. Encore oui, elle avait tout un tas de questions mais ne savait pas comment les formuler. Il y avait tant de choses qu'elle voulait lui dire mais la peur du ridicule l'en empêchait. Timothée dût remarquer qu'elle devint tendue car il passa doucement son bras droit autour de ses épaules, lui dit que tout irait bien et lui embrassa rapidement la tempe gauche. Il retira son bras ensuite pour venir passer sa main dans son dos, avant de la retirer complètement.

- J'ai envie de te parler, mais j'ai peur de la façon dont tu vas réagir. J'ai peur de voir le jugement dans tes yeux et, je t'assure Timothée je ne serai pas capable de le supporter. On m'a déjà assez jugée par le passé à cause de cela...
- Eh, eh, tu as le temps. Je ne t'obliges à rien. Je veux juste savoir... est-ce que, est-ce que tu es prête à commencer quelque chose avec moi ?
- Je crois, oui, dit-elle d'une petite voix. Mais j'ai peur Timothée. Je suis terrifiée, elle releva les yeux vers lui et il remarqua qu'elle avait les larmes aux yeux.
- Ça va aller. Tout ira bien ne t'en fais pas, il la prit dans ses bras et lui embrassa la tempe droite.

Victoria ferma les yeux et passa son bras gauche dans le dos de son maintenant petit-ami, serrant son t-shirt dans son poing et luttant contre les larmes. Mon Dieu, tout paraissait si... irréel. Elle avait vraiment se réveiller et tout cela ne serait qu'un rêve. Ça ne pouvait pas être vrai, elle n'arrivait pas à croire qu'elle, la petite française, vendeuse de chocolat dans une boutique était maintenant la copine d'un acteur franco-américain. On voyait ça dans les fictions, pas dans la vraie vie... Et pourtant.

Lorsqu'ils défirent leur étreinte, le bouclé fouilla dans sa sacoche et en sortit des lunettes de soleil qu'il mit sur le nez de la brune. Cela cacherait ses yeux rougis et en même temps, les protégeraient de la lumière à laquelle il la savait sensible. Ils finirent leur petit-déjeuner l'esprit et le cœur plus léger, l'un goûtant un bout du bagel de l'autre avant de reprendre la route pour rentrer chez le bouclé. Victoria avait envie de lui prendre la main mais se retint. Timothée le sentit et passa alors son bras droit autour de ses épaules, laissant la brune lui attraper la main droite avec les siennes. Il remarqua aussi le petit sourire de la brune, elle semblait heureuse. Non, elle était heureuse.

Peut-être que la vie lui souriait, finalement.

Emotion Chocolat (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant