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En arrivant dans la rue où vivait Victoria, le jeune acteur prit la direction de l'immeuble et sonna à l'interphone pour s'annoncer. Comme il s'y attendait c'était Grace qui lui avait ouvert et il se dirigea vers l'ascenseur, il espérait que la surprise allait faire plaisir à la principale concernée. Victoria n'était pas au courant de sa venue, il voulait lui offrir Simba et en même temps l'inviter à dîner quelque part ce soir. Il quitta la cage de métal une fois arrivé à l'étage souhaité et se dirigea vers l'appartement, où il sonna avant d'amener la peluche devant son visage. Ce fut Grace qui lui ouvrit, à sa grande surprise. Il abaissa la peluche et demanda après la brune. La réponse qu'il reçut le surprit d'autant plus.

- Elle ne t'as rien dit ? Il secoua la tête, elle a déménagé la semaine dernière. Elle a enfin trouvé un appartement sympa et a déplacé ses meubles là-bas.
- Oh, heu... je l'ignorais totalement. Désolé, j'aurais dû lui envoyer un message avant, je voulais lui faire une surprise...
- Je peux te donner son adresse. Comme ça la surprise sera toujours effective, elle sourit et Timothée accepta.

Elle lui donna l'adresse qu'il entra dans Google Maps en la remerciant avant de quitter l'immeuble. Elle n'était qu'à cinq minutes de là, à peine une rue plus loin. Il sourit en se dirigeant vers l'immeuble concerné et une fois devant il vit qu'il s'agissait d'un immeuble de quatre étages, il s'approcha de l'entrée et sonna prétextant avoir oublié ses clés et on lui ouvrit. Une fois dans le hall d'entrée il monta jusqu'au deuxième étage, puis jusqu'à l'appartement de la brune. Il se sentait un peu nerveux mais souffla un bon coup et amena la peluche à son visage, avant de sonner.

Il entendit un bruit de clés dans le barillet et le panneau de bois s'ouvrit sur une Victoria quelques peu surprise, ce n'était pas tout les jours que vous vous retrouviez face à un Simba bouclé devant votre porte. Elle ne put retenir son sourire et secoua la tête avant de prendre la parole.

- Bien que tu combattes beaucoup Simba au niveau de la crinière, je ne pense pas que tu puisses grogner, elle rit en entendant Timothée émettre ce qui ressemblait à un grognement et déplacer la peluche pour révéler son visage sur lequel trônait un énorme sourire. Qu'est-ce que tu fais là ? Comment tu...
- Grace. Je voulais te faire la surprise mais elle m'a dit que tu avais déménagé...
- Heu, oui je... Entres je t'en prie, elle s'écarta et le laissa entrer.

Elle s'écarta et le jeune homme se retrouva dans ce qui semblait être le salon de l'appartement. Le sol était en parquet de bois vernis, le mur juste en face de l'entrée était en briques et laissait apercevoir une ancienne cheminée, au-dessus de laquelle avait été mise en sorte de tablette/étagère. A droite de la cheminée non-utilisable était posé un radiateur en fonte repeint en blanc et sur le mur tout à droite, se trouvait la fenêtre qui donnait sur la rue. Devant le coin cheminée, la jeune femme avait disposé un canapé deux places avec une table basse, sous laquelle elle avait mis un tapis afin de protéger le parquet. Et en face du canapé, une télévision de taille normale était posée sur un meuble bas.

Derrière la porte et juste à sa droite, derrière le coin salon, étaient disposés trois grands paravents dont il aperçu entre deux un lit une place contre le mur. Tournant la tête vers la gauche il vit le coin cuisine, lui aussi avait un sol en bois et était muni d'un réfrigérateur, d'une gazinière collée contre ce dernier et enfin, l'évier de la cuisine à double bassin. Juste à gauche de l'évier se trouvait une autre fenêtre mais elle ne semblait pas laisser passer beaucoup de lumière. Il remarqua les deux grands placards juste face à la cuisine... c'était quelque-chose aux États-Unis, vous aviez des studios dignes de cages à poules, mais par contre vous aviez des placards énormes partout.

Une porte tout à gauche, juste après la cuisine, lui fit deviner qu'il s'agissait de la salle de bains. Celle-ci non plus n'était pas très grande. Le sol en était carrelé de blanc et de noir, ainsi que la moitié basse du mur qui était carrelé de petits carreaux blanc nacré, le reste du mur était peint en blanc. La baignoire se trouvait au fond, face à la porte, basse comme pour la majorité des appartements ici, et avait une barre de douche sur laquelle la brune avait installé un rideau de douche à l'effigie de Nemo. Au moins, s'était-elle dit, elle était raccord avec l'eau.

Derrière la porte avait été installé le lavabo et entre la baignoire et le lavabo, les toilettes. Face à ces derniers se trouvait une fenêtre brouillée qui devait probablement donner sur la rue, elle aussi. C'était petit mais elle se sentait chez elle et ça lui plaisait, c'était le principal. Son ancien appartement possédait un salon légèrement plus grand, mais c'était un détail pour elle qui avait toujours vécu dans de petits appartements en France.

Timothée fut sortit de son observation par la voix de la brune qui l'invita à s'asseoir sur le canapé, avant de lui demander ce qu'il souhaitait boire. Il enleva sa veste tout en lui répondant qu'un verre de soda irait très bien et s'assit sur le sofa, le regard allant directement vers la fenêtre et la vue extérieure. Il avait toujours Simba sur ses genoux et remercia la brune lorsqu'elle lui tendit son verre, s'asseyant à sa droite, un verre d'eau à la main dont elle but une gorgée avant de le reposer sur la table basse.

- C'est pour toi, dit-il en lui tendant la peluche qu'elle prit en souriant. Il y avait énormément de choix mais je me suis dis qu'un Simba c'était original.
- Il me manquait justement quelque chose pour accompagner mes nuits, elle sourit en regardant la peluche puis Timothée, merci, elle s'avança vers lui pour lui offrir un léger câlin.
- Je t'en prie, il but une gorgée de son soda et regarda vers le coin cuisine, c'est sympa chez toi.
- C'est petit, elle haussa les épaules. Mais j'ai réussi à rendre le lieu agréable.
- Tu t'es acheté un lit, il fit un geste vers les paravents derrière le canapé, sur la gauche.
- Oui, j'ai réussi à en trouver un pas trop cher et puis, c'est toujours mieux que de dormir au sol.

Timothée hocha la tête avec une onomatopée d'approbation puis la brune s'excusa encore une fois de ne pas l'avoir prévenu, tout était allé tellement vite qu'elle avait à peine eu le temps de prévenir ses proches et sa banque. Il lui posa des questions sur le loyer, la durée du bail et apprit que ce dernier était de treize mois. Victoria était donc encore là pour un peu plus d'un an car aux États-Unis, vous payiez pour la durée totale du bail peu importait que vous restiez ou non. Vous vous étiez engagé. Et puis, elle avait trois mois offerts, c'était une des raisons qu'il l'avait poussée à accepter.

Son loyer était de $1,417 net par mois, ce qui donnait du $1,675 avec les charges en plus. Mais avec son salaire et ses économies elle avait de quoi s'en sortir largement – elle avait pas mal mis de côté en vivant chez Grace. Le bouclé se souvenait sa première vraie recherche d'un appartement, lorsqu'il était revenu de Woodstock et qu'il avait eut envie de quelque chose à lui. Sa mère s'était proposée de l'aider puisqu'elle travaillait en tant qu'agente immobilière, mais le jeune homme avait refusé écumant les annonces et multipliant les visites. Forcément, en tant qu'acteur et avec son salaire, il n'avait pas rencontré beaucoup de réticences. Ah l'argent...

- Donc, dit-il après une gorgée de soda, tu restes ici encore un an ? Victoria hocha la tête, tu penses que ton contrat sera prolongé ?
- Je suppose, elle haussa les épaules. Je dois travailler pour renouveler mon Visa, et puis Kristin ne s'est pas plainte de moi jusqu'à maintenant.
- Tu te plais vraiment là-bas, il sourit.
- Hormis que je sens le chocolat tout le temps, oui.
- Oui, j'avoue qu'à terme ça peut devenir pénible. Mais bon, mieux sentir le chocolat qu'autre chose, non ?
- Je confirme, elle rit. Et toi alors, tu as un planning chargé de ce que j'ai pu voir : Cannes !
- Oui, il sourit en baissant la tête sur son verre qu'il tint sur ses cuisses, en juillet pour le festival. Il releva la tête et regarda par la fenêtre avant de planter son regard dans celui de la brune, je suis un peu stressé mais content également. Depuis le temps que l'on devait sortir ce film.
- Et vous allez tout déchirer, dit-elle en posant sa main sur la cuisse du brun pour appuyer ses mots. En même temps, je suis curieuse de voir ce film également.

La discussion dévia sur les films à venir et les avant-premières que devait faire le bouclé, ainsi que le Met Gala en septembre dont il ne pouvait rien dire, mais qui illuminait son regard de milles feux dès qu'il abordait le sujet ! Tout semblait tellement simple à les voir là, assis face à face sur ce canapé en tissu gris perle en train d'échanger des banalités de leur vie respective, mais ce n'était pas le cas. Il y avait toujours une gêne entre les deux et la brune contrôlait au maximum ses mots, ses gestes... Son besoin de toujours tout contrôler était présent et elle en avait conscience. Timothée aussi, mais il ne dit rien.

Il avait constamment cette sensation d'être lui-même en sa présence. Il n'avait pas besoin de faire attention à ce qu'il pouvait dire ou faire, car, même s'il venait à dévoiler une information qu'elle n'était pas censée savoir, il savait pour sûr qu'elle n'irait pas le divulguer. Il avait confiance en elle et depuis sa soudaine célébrité, c'était un sentiment qu'il ne connaissait que trop rarement. Sa naïveté avait quelques peu disparue, mais c'était aussi le signe qu'il grandissait et mûrissait.

- Tu sais que mes parents vivent juste à côté. Genre à cinq minutes à pied, Manhattan Plaza Appartments.
- C'est pas un hôtel de luxe ça ? Elle fronça les sourcils.
- Non, il rit en secouant la tête, juste trois rues plus loin environ il y a deux tours de 40 étages. L'endroit est appelé le Manhattan Plaza Appartments, c'est là que j'ai grandis une partie des dernières années avant de prendre mon envol.

Timothée resta deux bonnes heures chez la brune à discuter avec elle de cinéma, de séries, de documentaires, de décoration, etc. avant de rentrer chez lui. Il avait énormément de choses à préparer et la brune se demandait bien comment il arrivait à suivre... elle était fatiguée rien qu'à imaginer les déplacements qu'allait subir Timothée, sans parler des décalages horaires. C'était une chose qui l'inquiétait car nombre d'artistes, d'acteurs ou autres étaient tombés dans la consommation de somnifères pour palier ce manque de sommeil.

Parfois la fatigue vous faisait tomber raide et vous dormiez douze heures sans vous en rendre compte, mais parfois votre cerveau était toujours à l'heure de chez vous et se fichait que là où vous étiez, il était deux heures du matin et que vous deviez vous lever à sept heures. Pour lui il faisait encore jour, donc aucune raison de dormir... Victoria espérait que Timothée n'ait JAMAIS recours à ce genre de substituts. Il était encore jeune et pouvait s'adapter facilement.

« Fais attention à toi, avec tout ce travail et ces décalages horaires. »

« Ne t'en fais pas, j'ai l'habitude. Et avec tout le travail que j'ai, je pense que Morphée aura raison de moi à peine ma tête aura touché l'oreiller *emoji endormi*. »


* * *


Ce furent les larmes qui réveillèrent la brune cette nuit-là, les perles salées de son cauchemar dans lequel elle s'était retrouvée perdue, seule au milieu d'un hall de gare des bus en plein New-York. Personne ne parlait français et elle ne parvenait pas à sortir une phrase en anglais, répétant "S'il vous plaît, aidez-moi je suis perdue", jusqu'à se mettre à pleurer car elle n'avait aucun moyen de joindre ses proches en France. Elle détestait ce genre de rêve qui parfois devenait un rêve lucide et dont elle tentait de contrôler le contenu, sans grand succès.

Depuis son emménagement elle avait acheté une petite veilleuse qui diffusait de la lumière bleue et qu'elle avait branché dans le coin salon. Cela la rassurait, même si le store laissait passer un léger filet de lumière dû aux lampadaires sur le trottoir. Son premier réflexe en sortant de ce cauchemar fut de lutter contre l'envie de se rendormir, se calmer et chercher Simba dans son lit. Elle le trouva dans son dos et l'amena contre sa poitrine, le serrant contre elle et tentant de calmer les larmes qui menaçaient de couler. Tout allait bien. Tout, allait, bien.

Cette peluche avait rapidement pris une place importante dans sa vie et son cœur, elle provenait de l'un de ses deux seuls amis ici. C'était un doudou et peu importait qu'elle avait la vingtaine, il la rassurait. Un coup d'œil à l'heure sur son téléphone lui fit savoir qu'il n'était que 04h07 du matin, elle ferait mieux d'essayer de se rendormir avant le réveil de sept heures. Mais ce rêve l'avait tellement bouleversée qu'elle préféra se rendre sur internet et lut une fiction, petit à petit elle se calma et laissa Morphée l'emmener sans même s'en rendre compte.

Inutile de préciser que le réveil fut difficile avec cette coupure qui lui prit environ une heure de sommeil. Mais une bonne douche plus tard elle se sentit mieux et entama son petit-déjeuner : un bol de muesli chocolat et un grand verre de jus d'orange. Elle devait penser à freiner sur les agrumes car cela faisait pousser ses cheveux rapidement, et elle ne les avaient pas coupés depuis son arrivée six mois auparavant...Enfin si, elle avait un peu raccourcis vite fait ici et là mais sans plus. Et à voir la touffe bouclée qu'elle arborait, il était plus que temps de trouver un coiffeur !

Le problème des cheveux bouclés et frisés, c'était que lorsque vous les mouilliez ils avaient une forme et rendaient bien... mais une fois sec on avait le sentiment que vous ne vous étiez pas coiffés. Pourquoi est-ce que ça rendait bien sur Timothée et pas sur elle ? Il était né avec un gène spécial ou quoi ? Elle secoua la tête tout en terminant son bol de céréales, le rinça et le laissa sécher sur le coin de l'évier avant de terminer de se préparer. Une fois sûre de n'avoir rien oublié, elle quitta l'appartement qu'elle ferma à clef et prit la direction de son travail.

L'été arrivait et les températures faisaient un yo-yo insupportable passant de douze à trente-deux degrés, puis de la pluie pendant une semaine avec une moyenne de quinze ou vingt degrés. Cela rendait l'atmosphère moite et la brune détestait cela. Heureusement qu'il y avait l'air climatisé pour les sauver un petit peu de cela. Elle espérait survivre à son premier été ici. Au moins, elle prendrait des couleurs, ce n'était pas si mal dans un sens. Quoique, sa peau était fâchée avec le soleil depuis sa naissance et ne bronzait pas. Par contre elle rougissait très bien et donnait de jolis coups de soleil. Il lui fallait de la crème solaire à tout prix.

Emotion Chocolat (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant