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- Et voilà pour vous, cinq dollars et vingt-sept cents. Et votre ticket, sourit la brune en tendant la monnaie rendue à son client. Bonne journée.
- Merci à vous aussi.

Elle remercia le client et une fois qu'il eut quitté la boutique, attrapa sa bouteille d'eau posée sur le comptoir derrière, l'ouvrit et en but plusieurs longues gorgées. La climatisation était en marche mais malgré cela, Victoria avait l'impression d'être prisonnière d'un four. Chaque client qui passait la porte laissait passer une chaleur lourde de l'extérieur, un véritable contraste entre les vingt degrés intérieur et les trente dehors. Le meilleur moyen de tomber malade en somme. C'était étonnant que le chocolat n'ait pas fondu, heureusement que les vitrines étaient réfrigérées.

Le festival de Cannes approchait à grands pas, dans moins de quarante-huit heures le bouclé allait fouler le tapis rouge avec l'équipe du film The French Dispatch, qui était en compétition pour la palme. Intérieurement la française espérait que ce film remporte un prix, même si ce n'était pas la palme d'or il méritait d'autres prix. Victoria se dit que, peut-être n'était-elle pas suffisamment objective vis à vis du bouclé... après tout, il était son ami donc évidemment qu'elle voulait le voir réussir.

D'ailleurs, les comptes infos ne cessaient de parler de Cannes et de Venice où serait présenté Dune en avant-première mondiale. Ce film qui était attendu depuis plus d'un an et dont on pensait ne jamais le voir. La brune dut avouer que, bien que l'univers fantastique dont faisait preuve le film n'était pas d'ordinaire sa tasse de thé, la bande-annonce donnait vraiment envie. Ou était-ce le jeu de Timothée... à voir.

Mais derrière ce semblant de bonne humeur, de sourire, de joie de vivre, la brune cachait toujours le manque de son hexagone natal. Elle n'en parlait à personne car elle trouvait cela ridicule, mais il lui arrivait souvent de sentir les larmes lui monter aux yeux lorsque, dans un magasin, elle tombait sur un produit français qu'elle adorait ou un équivalent. Elle avait d'ailleurs acheté un drapeau français de taille moyenne et l'avait mis au mur au-dessus de son lit. Une petite manière de ramener un peu de chez elle, ici.

Timothée était son seul point d'attache avec la France, c'était probablement pour cela qu'elle s'en éloignait autant qu'elle s'en rapprochait. Rien n'était simple avec elle. Et le fait que l'acteur soit surchargé l'arrangeait grandement, ils se parlaient moins de cette façon et l'attachement se faisait moins sentir. Par contre elle ne pouvait rien contre toutes les vidéos ou photos qui envahissaient les réseaux, notamment Twitter, où on voyait le jeune franco-américain avec des fans et/ou parler français. Lorsqu'elle pleura devant l'une d'elle, elle en sût pas ce qui lui manquait le plus : entendre les gens parler sa langue maternelle, ou le bouclé.

Peut-être un petit peu des deux.

- La météo annonce des orages pour ce soir, annonça Grace en arrivant derrière elle.
- Oh non, pitié, elle grogna. Il fait déjà suffisamment lourd comme ça. Je ne sais même pas comment j'ai réussi à trouver un ventilateur, les gens semblent se jeter dessus tous les ans, elle secoua la tête.
- Tu as un mur en pierre, en été ça garde le frais tu sais. Enfin, si tu fermes le store sinon..., elle loucha légèrement sur l'écran du portable de sa collègue, il est à Cannes ? Elle demanda en faisant un geste du menton vers une vidéo qui tournait en boucle sur l'écran.
- Apparemment, elle haussa les épaules. Le festival commence demain, ça me paraît logique. Mais je ne pense pas qu'il y reste toute la durée, il doit préparer Venice et le Met Gala. Je l'envie d'être en France en ce moment.
- Ça te manques ?
- Parfois, elle regarda furtivement son amie. Mais il y a les appels vidéos et puis, heureusement j'ai des contacts avec mes amis là-bas. Vous allez devoir me supporter encore un an, vous pensez tenir ? Elle sourit.
- Oh tu sais, je te supportes depuis six mois alors..., la brune lui tapa légèrement le bras, eh ! Bon, cela dit, j'aurais pu avoir pire.
- Mouais, rattrapes toi, t'as raison. Plus sérieusement, je suis contente de pouvoir rester encore un an ici. J'espère que les choses resteront stables parce-que je ne pense pas survivre à de nouvelles péripéties. J'ai eu mon lot pour l'année je pense.
- Tu sais que, quoiqu'il arrive, je suis là et que tu peux venir à la maison.
- Merci Grace, elle sourit. Une chose est sûre, tu vas me manquer une fois que je serais partie.
- Arrêtes tu vas me faire pleurer, rit la blonde, faisant rire son amie également.

Manger chaud le midi aurait été une torture pour Victoria. Rajouter quelque chose de chaud dans son corps qui cuisait déjà depuis ce matin, pas question ! A la place elle décida d'acheter une salade préparée dans un supermarché du coin. En général l'été elle se transformait en tortue et ne mangeait quasiment que des salades, vertes, de pâtes, de lentilles... du moment que c'était frais. Et interdiction de boire du sucré, ou alors juste un verre ou deux. Elle pouvait boire jusqu'à trois litres d'eau par jour lors des journées les plus chaudes, avec l'impression d'avoir une éponge dans l'estomac.

L'arrière boutique était le meilleur endroit où se poser pour la pause de midi, il y faisait frais et l'air climatisé était un véritable petit bijou. Elle profita de ce moment pour également aller voir son fil d'actualité Twitter, répondre à des messages de Clarisse ou de ses proches et aussi, savoir le programme du bouclé pour ce fameux festival. Sa crainte était que des fans ne divulguèrent les lieux où ils l'apercevait et du coup gâchaient sa tranquillité. Il devait être en train d'essayer de récupérer au maximum du décalage horaire, tout en suivant un planning réglé au millimètre près.

Tous se demandaient quelle tenue est-ce qu'il allait bien pouvoir porter sur le tapis rouge du MIDEM à Cannes, et bien qu'on le lui ai demandé dans ses mentions, Victoria n'en savait fichtrement rien ! Les seules personnes au courant devaient être son équipe et lui-même évidemment. Timothée en France était toujours quelque chose, il avait dit une fois que son "côté français" ressortait et, il était vrai qu'en y regardant de plus près... il avait un petit truc de différent quand il était dans l'hexagone.

Emotion Chocolat (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant