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À la base, ils s'étaient juste posés sur le canapé pour regarder un film, téléfilm, série... quelque chose qui passait sur l'une des nombreuses chaînes du câble. À la base, Victoria était assise à droite du sofa et Timothée à sa gauche, à quelques centimètres d'elle. À la base, Victoria avait juste tourné la tête vers le bouclé, qui avait fait de même et leurs visages, qui n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre s'étaient rapprochés à l'initiative du brun. Aucun ne sut comment, ni pourquoi, mais une vingtaine de minutes après ils étaient allongés sur ledit canapé, s'embrassant comme si leur vie en dépendait.

La brune était tellement perdue dans les bras du bouclé qu'elle ne pensa à rien d'autre. Ce ne fut que lorsqu'elle sentit les lèvres du bouclé dans son cou qu'elle rouvrit les yeux, passant ses bras, qui étaient autour du cou de l'acteur, sur son torse et le repoussa par les épaules. Elle appela son prénom à deux reprises avant que la tête abritant une masse bouclée ne se redressa. Il vit immédiatement au regard de la brune que quelque chose n'allait pas et se redressa en s'excusant, se retrouvant adossé au bras gauche du canapé, aux pieds de la jeune française.

- Je suis désolé je voulais pas...
- Non, c'est rien, fit la brune gênée. C'est juste que..., elle secoua la tête.

Victoria se redressa et s'assit la jambe droite repliée sous elle, tête baissée, se mordant la lèvre inférieure, gênée. Timothée se passa une main dans les cheveux, les rendant encore plus désordonnés qu'ils ne l'étaient déjà, détendit sa jambe gauche mais garda la droite pliée sur l'assise du canapé. Il voyait bien que quelque chose avait troublé la brune, mais il ne savait pas comment lui faire aborder le sujet. Victoria avait eu peur et Timothée l'avait compris, il devait donc la rassurer, ce qu'il fit en se rapprochant d'elle sur le canapé.

- Eh, il posa sa main droite sur son genou gauche, je suis désolé Victoria je voulais pas...
- Non, c'est que tu..., que je..., elle secoua la tête et eut un petit rire nerveux, c'est tellement ridicule.
- Je suis sûr que non. Il vit Victoria fixer la fenêtre et secouer la tête, eh, tu sais qu'il va falloir qu'on aborde le sujet à un moment ou à un autre...

Il ne voulait pas la forcer, mais il voyait qu'elle se faisait violence pour ne pas parler. La peur, encore et toujours. Il pouvait comprendre qu'elle ait peur car leur relation prenait de l'ampleur, c'était normal. Mais il y avait autre chose que la brune gardait pour elle, quelque chose qui la rongeait et dont elle ne parlait pas par honte, par gène peut-être... Ce n'était pas qu'elle n'avait pas confiance en Timothée, c'était en elle qu'elle n'avait pas confiance. Et forcément, elle s'était persuadée que si elle lui disait toute la vérité, le bouclé allait en rire et la laisser tomber. Elle était attachée à lui, elle ne pouvait plus le nier maintenant.

- Écoutes, si tu veux en par...
- Tu es le premier Timothée, elle le coupa en tournant la tête vers lui quelques secondes avant de baisser les yeux sur son jogging, triturant la ficelle.
- Le premier ? Il avait une idée de ce qu'elle voulait dire, mais il voulait qu'elle le dise clairement.
- Le premier copain, elle se leva finalement du sofa ayant besoin de bouger. Le premier que j'embrasse, le premier avec qui je m'oublie, au point de faire une séance de making out sur son canapé... le premier tout, Timothée, elle fit de grands gestes avec ses bras tout en parlant.
- Je trouve que tu te débrouilles plutôt bien pour quelqu'un qui n'a jamais embrassé auparavant, dit-il dans un demi-sourire.
- Timothée ! Je suis sérieuse là. Je... Je sais c'est ridicule. Toi t'es là, elle fit un geste du bras droit vers lui, t'as de l'expérience, t'as déjà eu des copines... Et puis moi... je sais rien du tout. Elle se tourna vers la fenêtre sentant les larmes monter.
- Eh, eh, eh, il se leva à son tour et se rapprocha d'elle, y'a pas de honte à avoir Victoria. Et je ne trouve pas ça ridicule, chacun va à son rythme. Tu sais, dans la vie il n'y a pas d'âge limite pour quoi que ce soit, tout vient en temps voulu. Et puis, il passa ses bras par-dessus ses épaules et colla son torse au dos de la brune, je pensais ce que j'ai dis. Tu embrasses bien pour quelqu'un qui n'a pas d'expérience, ajouta-t-il avec un sourire.
- Oh tais-toi, rit la brune dans un sanglot en se tournant vers lui pour lui donner un léger coup sur le torse, faisant rire Timothée.
- T'inquiètes pas, tu peux me poser les questions que tu veux, je te répondrais.

La brune hocha la tête mais ne répondit pas, profitant simplement de ce moment dans les bras du bouclé avec la vue sur Manhattan. Toute cette médiatisation à venir autour de son copain l'effrayait, mais elle savait qu'il lui fallait faire avec. Ce n'était pas comme si elle n'était pas au courant de son métier, elle avait eu l'occasion de découvrir sa popularité au cours des derniers mois que ce soit parles vidéos YouTube ou sur les réseaux sociaux. Timothée avait des milliers de fans de tous âge, beaucoup de pages ou comptes lui étaient consacrés et il avait également quelques de détracteurs.

Timothée la garda dans ses bras un petit moment, lui demandant si elle avait envie de sortir pour manger une glace. Les températures atteignaient facilement les trente degrés Celsius avec un ressenti de quarante, autant dire que l'air était étouffant et ce même avec un léger vent. Ce dernier était plutôt chaud, donc il n'avait pas vraiment d'intérêt. Labrune tourna la tête vers lui en le regardant comme si un troisième œil venait de lui pousser entre les sourcils, sortir par ce temps était de la folie ! Elle était bien là, avec l'air conditionné. Pourquoi sortir ?

- Sinon on va acheter de la glace et on la mange ici, il haussa les épaules, mais je trouvais plus sympa d'aller chez un glacier.
- Si je me chope un coup de chaud ce sera de ta faute.
- J'en prends le risque, il lui embrassa la joue gauche, alors on y va ?
- Allons-y Monsieur Chalamet, elle soupira et faisant mine d'être agacée. On peut rien te refuser à toi...
- C'est les boucles ça, ça donne un charme, il rejeta la tête en arrière faisant rire la brune.
- Bon aller dépêches-toi avant que je change d'avis.

Il rit et tous deux se changèrent pour quelque chose de plus supportable avant d'enfiler leurs baskets et quitter l'appartement. Ils se rendirent dans un supermarché appelé Morton Williams où l'on trouvait de tout. Évidemment, les prix étaient ceux de Manhattan, mais la brune n'était plus surprise voir une bouteille d'Evian d'1,5 L à $3,50. Ce qui l'étonnerait serait si les prix étaient trois fois moins chers. Timothée en profita pour faire quelques courses, son garde-manger et réfrigérateur étant à moitié vides. Ils traversèrent donc les rayons prenant deux paquets de spaghettis ici, un verre de café là, une barre de chocolat Hershey's,un gallon d'eau qui devait faire trois litres au moins, des crackers, un paquet de Mac N Cheese, deux pizzas surgelées, un paquet de thé et la glace pour laquelle ils étaient initialement venus.

Ils décidèrent de prendre un pot de la marque Haagen-Dazs parfum vanille, à presque cinq dollars le pot elle avait intérêt à être bonne pensa la brune alors qu'ils se dirigeaient vers la caisse. Timothée déballa son panier sur le tapis et acheter également un sac réutilisable, vendu par le magasin. Vous savez ces cabas suffisamment grands pour accueillir la moitié du caddie ou du panier, et avec des anses immenses qui permettent de le porter à l'épaule.

Le bouclé rangea ses achats, paya et tous deux quittèrent le supermarché pour retourner à l'appartement, espérant que rien ne fondrait jusqu'à leur arrivée. Par chance tout resta intact et le bouclé, après s'être lavé les mains, déballa et passa une lingette désinfectante sur chacun des objets, avant de les ranger à leur place. C'était un réflexe que nous avions presque tous en rentrant chez nous, mais qui se perdait tout de même remarqua la brune. Les gens oubliaient que nous avions toujours un virus dans la nature et qu'il était loin d'être inoffensif...

- Tu gardes vraiment un truc de chaque film ? Demanda la brune debout devant le bahut où trônaient toutes sortes d'objets.
- Quand je peux, oui, répondit le brun de la cuisine, mais pour Little Women on n'avait pas le droit.
- J'ai entendu que souvent pour question de budget, les objets, vêtements, etc, étaient empruntés.
- Ça arrive, il était en train de ranger quelques peu son garde-manger. Mais parfois j'arrive garder un petit truc, il releva la tête vers elle une boîte de café entamé en main, ça te dit un café ?
- Non merci. J'ai bu deux thés et si je bois encore un café tu vas me voir devenir Spiderwoman, elle rit.
- Spiderwoman, il répéta en penchant la tête vers la droite, j'aimerais bien voir ça tiens.
- Je sais qu'on est à New-York mais, entre nous si un jour je me mets à grimper au plafond je crois que tu risques seulement d'avoir peur.

Le bouclé secoua la tête en souriant et se prépara un mug de café. Il y ajouta un sucre et vint ensuite au salon où il posa sa tasse sur la table basse, retournant dans la cuisine pour remplir un grand verre d'eau pour la brune, qu'il posa à côté de son café. Tandis que le jeune homme prit un dossier orange et l'ouvrit sur la table basse, étalant toutes sortes de papiers, la brune prit place à sa droite et surfa sur internet. Elle discuta un peu avec Clarisse à qui elle n'avait toujours pas dit qu'elle était avec le jeune acteur, c'était un secret qu'elle aimait garder et en parlerait le moment venu. En attendant ce n'était qu'entre eux, même si elle se demandait s'il en avait parlé à ses parents et sa sœur.

- ça ne te déranges pas si je fais un appel vidéo avec Clarisse ?
- Tant que tu ne lui fais pas un tour de l'appartement, ça va, il sourit.
- T'inquiètes, je bouge pas du canapé. Je peux t'emprunter un casque ? Si je dois me lever ce sera plus facile de laisser le téléphone que de l'emmener et lui faire involontairement voir le palace dans lequel tu vis, Timothée rit en secouant la tête.
- Sers-toi, il fit un geste vers le bahut sur lequel trônaient plusieurs casques sans fil.

La brune choisit un de la marque Apple, l'alluma et connecta le Bluetooth de son portable avant d'appeler la brune par Messenger. Cette dernière remarqua aussitôt qu'elle n'était pas chez elle, la tapisserie grise n'était pas son mur et Victoria dû lui dire qu'elle était chez Timothée. Elle le montra furtivement, prenant soin de ne pas montrer le reste de l'appartement. Le bouclé lui fit un signe "peace" avec l'index et le majeur, un stylo coincé entre son pouce et sa paume, avant de retourner à sa tâche. La brune savait qu'il faisait mine de ne pas s'intéresser à ce qu'elle disait, mais il parlait français et comprenait ce qu'elle disait. Elle fit donc exprès de dire certaines choses sur lui en l'observant, le voyant sourire légèrement tout en continuant à étudier ses papiers.

- Tu sais qu'il y a du potentiel entre vous, dit Clarisse en souriant.
- Arrêtes, on est plus proche de 0,004 %, elle rit. Ce serait idiot de tout gâcher, tu sais comment ça s'est passé auparavant...
- Oui. Mais tu ne comptes pas fuir dès la première peur ?
- Non, elle secoua la tête, pas cette fois. Sinon, parles-moi un peu de ce crush, ça avance ou quoi ?


* * *


Le problème de Victoria, c'était que lorsque tout allait trop bien son cerveau lui mettant ce que l'on appelait en anglais des redflags. Plus simplement, son subconscient essayait de prendre le dessus et lui mettre en tête que ce n'était pas normal, que tout ce bonheur cachait quelque chose et qu'il fallait s'en méfier. Et en général, Victoria se plongeait dans la musique pour essayer d'oublier ces pensées qui voulaient s'imposer. La musique, son lieu-sûr, celui dans lequel elle se plongeait et se calmait. Elle l'avait choisit durant ses séances EMDR et ne le regrettait pas.

La brune était donc tranquillement chez elle, casque sur les oreilles en train d'écouter sa playlist Spotify de plus de 900 titres, lisant une fan-fiction en même temps comme elle le faisait souvent. Sauf que, pour une raison inconnue, un mot dans ce chapitre en cours débloqua quelque chose dans son cerveau. Une porte s'ouvrit et rapidement cela devint un "rabbithole", comme le tunnel dans lequel tombait Alice dans le dessin animé. Elle tenta de se concentrer mais au bout de la troisième relecture des mêmes lignes, elle soupira d'agacement. Pourquoi son cerveau lui faisait-il cela ? À croire qu'il ne voulait pas la laisser être pleinement heureuse.

Et autant dire que la chanson qui arriva dans ses oreilles ne l'aida en rien. Lafee "Wer bin ich ?", une chanson dans laquelle la chanteuse se demandait pourquoi son copain l'aimait, pourquoi elle, qu'avait-elle fait pour mériter autant d'amour ? C'était exactement les questions que se posait la brune. Pourquoi Timothée ? Parmi tous les humains de cette Terre, pourquoi lui ? Elle qui n'avait jamais eu de chance avec personne auparavant, qui voyait tous ses camarades avoir des flirts alors qu'elle tout le monde semblait la détester. Tous les garçons qu'elle avait aimé avaient fui comme la peste en découvrant ses sentiments, alors que parfois ils étaient des amis avant tout.

Alors si demain Timothée prenait la poudre d'escampette, elle ne serait qu'à moitié surprise. Ce n'était ni le premier, ni le dernier après tout. Il allait rapidement la trouver envahissante, ennuyante, trop attachée... bref toute excuse serait la bienvenue pour la laisser tomber. C'était pour toutes ces raisons qu'elle ne voulait pas s'attacher. Mais c'était trop tard. Quand elle s'en rendit compte, elle l'était déjà trop. Et comme souvent elle se laissait aller à une imagination débordante, à des rêves d'une vie parfaite... avant de voir ses angoisses ressurgir et voir des signes inexistants partout.

À force de penser, rapidement les larmes vinrent noyer ses yeux. Oh, elle tenta bien de les retenir pendant un long moment, respirant, se concentrant sur autre chose... Mais son subconscient était là et poussait pour faire valoir son idée : Timothée allait finir par la quitter bientôt. Elle se força à ne pas pleurer, ses yeux étaient douloureux et une seule larme ou deux s'échappaient à intervalles réguliers. Il fallait qu'elle fasse front. Se battre contre soi n'était jamais facile, c'était fatiguant autant physiquement, qu'émotionnellement. Mais elle se força.

Sa réaction première aurait été de se coucher, casque sur les oreilles et laisser la mélancolie prendre possession d'elle. Mais là, il n'en était pas question ! Elle devait tenir. Elle devait être plus forte que ce que son propre cerveau tentait de lui faire croire.

Emotion Chocolat (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant