Macabre est mon macadam.

4 - Entre le marteau et l'enclume, j'ai du aiguisé ma plume.

1er Juin 20**, 8h, palais de justice.

On attend tous patiemment que l'audience commence.

Smaël ? C'est le balafré. Il est là, calme, à coté de maman. Comme si c'était une situation parmi tant d'autre, tout le monde stress sauf lui, genre self-control.

Pas la peine de décrire l'état de ma mère je pense, ou je dois encore dire que tout ce bordel ça l'épuise ?

Moi j'fais les cent pas, l'attente est insupportable. J'aime pas attendre, j'ai l'impression de perdre mon temps. J'aime pas perdre du temps, ça me donne l'impression que je gâche ma vie. Je sais déjà qu'elle est fouttue ma vie, pourquoi en rajouter des couches ?

D'ailleurs on va faire court, il a pris deux ans et six mois ferme pour trafic et possession de stupéfiant.. Trente mois de prison.. Putain..

Mais c'est énorme trente mois.

Ma mère hurle son mal être, lentement des larmes coulent sur mes joues.. Silencieusement, je pleure, je supplie Smaël du regard pour rentrer, ils se dirigent lui et ma mère vers la sortie, je les suit en essuyant mes joues, j'ai mal à la vie.

Le trajet est silencieux. Je réfléchis à qui aurait bien pu dénoncer mon sang. C'est pas une idée à écarter qu'on ai pu le balancer. J'cogite surtout à ce que nous allons devenir avec ma mère en vérité. Smaël doit déjà être là pour sa mère et sa sœur on va pas lui rajouter une famille en plus sur les bras.. Tu vois papa, c'est encore ta faute ça. Si t'avais été là, tu penses vraiment qu'on aurait eu besoin de compter sur les autres ?

Toutes ces histoires m'assaillent. J'suis fatiguée mais j'trouve pas l'sommeil.

Les mois passent et je les compte tous minutieusement. Il restait vingt-huit mois à tenir pour mon frère, soit il venait seulement de purger deux mois et le manque de lui dans ma vie commençait à s'faire sentir de ouf. Son absence me bouffe de l'intérieur, mais j'disais rien j'la fermait. Attristée, peinée, oppressée, renfermée, c'est que les deux premiers mois et j'suis déjà dans un sale état.. A la maison l'ambiance laisse vraiment à désirer, maman est à cran, moi j'suis énervée la plupart du temps. A chaque remarque j'me braque, j'me sent mise à nue, j'me sent seule.

Elyna fait ce qu'elle peut pour être là pour moi, elle me soutient avec son nouveau pote, Samir.

Samir c'est le gars du bus, le narquois, celui que je déteste, que j'supporte pas. Je l'aime toujours pas, même si je parle avec lui des fois.. C'est hypocrite. Très hypocrite. Mais il a les mots qui soulage, qui apaise alors des fois il m'appelle et on parle, de tout comme de rien. Il est gentil dans le fond, mais je l'aime quand même pas, c'est tout, c'est comme ça.

J'prends d'la thunes et j'bouge au tabac, j'achète trois paquets de cigarettes. J'espère que j'tiendrais longtemps avec vu le prix que j'ai payé.. J'achète deux briquets au cas ou et je fume. Pourquoi ? Je sais pas. C'est plaisant comme sensation, l'odeur, l'effet.. J'aime tout de ce cylindre de tabac. Cette sensation d'être légère.. Pourquoi s'en priver ? J'étais dans mon petit monde. J'pensais, j'réfléchissais, jusqu'à ce qu'on me sorte de mes pensées.

« Tu fume toi ? »

Je lève la tête et je vois Smaël.

Je prend pas vraiment la peine de lui répondre, ça se voyait non ? Un silence de mort était pesant, ça sentait l'air frais, le tabac.. Et.. Et une autre odeur dégueulasse parce qu'il venait d'allumer son joint.

> Ça pue la mort ton truc.
- Dans tous les cas un jour ça sentira la mort puisqu'on naît pour mourir.
> Pathétique. J'te pensais avec plus de repartie.
- Ça sert à rien de penser, faut savoir.
> Change de disque vieux sage tu vas m'endormir.

C'était chiant d'essayer de tenir une discussion avec lui. Il faisait trop l'ancien, il était encore plus mystérieux que moi. J'aime pas ça. Dans la vie y'a de la place pour qu'une seule personne mystérieuse, j'vais pas le laisser prendre ma place, hors de question. De toute façon, les mystères c'est comme de l'acné, un jour ou l'autre ça se perce.

Entre mystérieux, fallait bien qu'on s'entende..

J'avais changé sans vraiment m'en rendre compte. J'étais devenue dure, très peu ouverte. J'ai envie de me sentir grande, libre. Je veux faire la miss. Je fumais toujours et j'aimais ça de plus en plus. Dans tout ça ma mère j'la voyait très rarement, le peu de fois où j'la voyais elle m'les cassait pour que j'trouve un taffe. Maman j'veux pas travailler. Je veux pas. J'ai pas envie de faire quelque chose de ma vie, ça me tente pas du tout. Pour l'instant je veux rester à rien faire, jusqu'à ce que quelque chose m'intéresse.

Elyna et Samir je les voyait de moins en moins, pour tout vous dire moins j'les voyait mieux c'était. J'avais pas besoin d'eux en réalité. Ils étaient facultatifs, je pouvais les laisser sur le coté sans trop m'en soucier. Ils étaient une espèce de couple et j'aimais pas ça, je préférais m'en éloigner le plus possible.

« C'est en souffrant qu'on progresse. »

Surtout n'hésitez pas à commenter.

« Macabre est mon macadam. »