20 - Quand j'regarde mes cicatrices j'me sent si seule et si triste..

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DANS LA PEAU DE NESS.

Vous l'savez, rien est jamais simple, quand tu décide d'arrêter pour te ranger c'est là que tu risques le plus de t'faire coffrer. C'est pour ça que les policiers sont arrivés et ont décidés de partir de force avec mon Sofiane. Pour rajouter une couche à ça je reçois plus de lettres de mon frère depuis un moment. Du coup ici on s'efforce tous de croire que tout va bien pour lui. Personne parle de lui, son absence, personne ne me demande de ses nouvelles, c'est devenu le nouveau sujet tabou, comme Smaël. Ça m'rends triste que ce soit ma chair, mon sang qui soit partie au front, même si j'avais largement préféré qu'il reste, je pouvais pas m'opposer à son choix. J'ai promis de toujours le soutenir.

On dit que le bonheur est jamais seul parce que quand il frappe à ta porte tu verras toujours le malheur traîner des pieds derrière, c'est comme le bien qui est toujours suivie du mal, ou la vie qui est suivie de près par la mort. Ça résume bien la vie ça en plus, ça résume bien nos vies, et c'est quand t'en comprends le sens que tu réalise notre triste sort.

Cette nuit j'ai pas dormi. Le marchand d'sable est pas passé, trop occupé à b*iser Morphée. Kader et moi on était au salon, on attendait. On attendait que le temps passe et qu'il prenne toutes nos peines avec lui.

Imaginez devant vous, deux êtres spectateurs de leur propre malheur. Ils ont ni les mots pour apprendre à espérer ni ceux pour se réconforter. Ils laissent leurs douleurs hurler en silence devant leur immense impuissance et leurs yeux pleurent à l'invisible leurs propre existence. C'est triste, c'est moche.

C'était notre état le jour du jugement.

Sofiane est accusé de posséder des stocks de stupéfiants. Ce qui est totalement faux évidement, mais tsais quand la justice décide de te fouttre un beur en taule, y'a toutes les preuves qu'il faut bizarrement.

J'étais assise au premier rang, avec Lyes à ma droite et Kader à ma gauche, y'avait aussi ses potes du quartier, y'avait du monde c'est vrai. Ça fait quarante-huit heures qu'ils l'ont fouttu loin de moi, deux jours que j'dors pas, j'suis à bout, épuisée, fatiguée. J'veux juste qu'ils me le rendent. C'est vraiment tout c'que je veux. J'étais stressée et j'avais peur, j'supporterai pas qu'ils l'éloignent de moi encore plus longtemps. J'avais les mains moites et j'tenait pas en place, j'arrêtait pas de bouger de gesticuler, j'étais pas tranquille.

« Lyes : Ness arrête c'est bon khlass (stop) il a rien fait il va sortir..
Moi : Commence pas Lyes hefek laisse moi.
L : Wakha (d'accord) comme tu voudras. »

Quand j'ai croisé le regard de Sofiane, j'voulais pleurer. On savait tout les deux qu'il irait, coupable ou non, quand même en prison. Lyes et Kader essayait de me rassurer et c'est à peine si ça marchait. J'aurais aimé avoir des putains de pouvoirs magique, le prendre avec moi et disparaître loin de tout ça.

C'est triste mais c'est la vie, c'est ma vie.

Ouais ma vie est triste ouais. J'ai grandis dans la tristesse moi et au jour d'aujourd'hui y'a pas deux semaines qui s'alignent sans que quelque chose m'attriste. J'aime la vie avec un poignard dans le coeur de toute façon, j'dois sûrement être née pour souffrir. Mais il mérite pas ça Sofiane. C'est lui qui m'a poussé pour que j'arrête toutes ces conneries. Il a rien à faire ici...

Tout le monde ferme sa gueule et l'audience commence.

Il est assaillit de questions auxquelles il peut pas répondre et moi dans tout ça j'pouvais rien faire et ça me tuait. Ça me tuait parce qu'ils faisaient exprès et je le savais. Je voyait la Juge qui souriait, les policiers et le parquet se marrer..

Des larmes roulaient sur mes joues.

Sofiane en pouvait plus, il avait compris leur petit jeu et il devenait insolent. Il était plus qu'énervé et ça se comprenait. J'aurais voulu ne pas assister à ça, j'aurais voulu que ma mère soit avec moi, qu'Issam me réconforte une dernière fois et j'aurais sûrement voulu que mon père soit là. Peut être qu'il aurait servi à quelque chose de bien au moins une fois dans sa vie.

« La Juge : Le jury a rendu son verdict, Sofiane K******* est soumis à une peine de seulement six mois vu le manque de preuve dont deux avec sursis. Fin de l'audience. »

Seulement six salope ? Six mois c'est pas assez tu crois ? J'voulais tout casser, mais c'est vrai que six c'était pas grand chose par rapport au trente mois d'Issam..

Tu sais quand t'es pas bien, t'es pas serein. Si t'es pas serein on en revient au départ et tu deviens rien frangin, et crois moi que si t'es rien, t'auras pas d'autre futur qu'une vie d'chien. Mais ça c'est moi ça. J'ai pas d'père, plus d'mère, j'sais pas c'que devient mon frère.. Et mon mec est en taule. Ma vie est de mauvaise humeur depuis ma naissance et sa colère est pas prête de passer j'ai bien l'impression.

C'est pas ça la vie d'chien ?

Quand on m'dit "puisque qu'il faut vivre autant le faire avec le sourire" j'ai envie d'frapper la personne. Comment tu veux sourire ? Et si jamais j'souris c'est pour quoi ? D'ailleurs j'ai décidé de plus vivre mais d'me laisser vivre. J'ai plus envie d'me battre, c'est une perte de temps et j'ai plus la force. De toute façon la vie met toujours des coups qui mettent k-o donc autant que j'la laisse gagner c'est moins risqué.

« Macabre est mon macadam. »

Macabre est mon macadam.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant