13 - Plus personne ne dors tout le monde pense à son biff.

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Le lendemain je me lève le sourire aux lèvres, j'descend et j'fais le petit déj pour mon nouveau frelon. Une fois finit, je l'appelle mais il me répondait pas. Et Dieu seul sait comme j'ai hurlé son nom comme une ouf dans toute la maison. J'suis montée voir dans sa chambre mais il y était pas..

Putain sii j'dois l'chercher dans toute la baraque j'suis pas sortie d'l'auberge. L'inconvénient d'avoir une aussi grande maison c'est q'tu sais même pas où commencer à chercher.

J'lai cherché partout, dans toutes les chambres, toutes les salles de bains, au grenier, à la cave, à la salle des armes, dans mon bureau, dans la salle où y'a la play, partout.. Sauf à la salle de sport. Mais qu'est ce qu'il irait fouttre là bas déjà ? Il est à peine dix heure. J'suis partie voir, et finalement il était bien là bas, assis sur le ring, la tête dans les jambes et les mains en sang.

« * Mais questu m'fais là ?
- J'voulais faire comme toi..
* Kader j'fais pas de boxe moi.
- J'voulais faire comme toi..
* Ouais j'ai compris ça va, lève toi j'vais t'soigner.

- depuis taleur il avait pas bougé il était toujours dans la même position et il m'répetait qu'il voulait faire comme moi -

* Kader ? »

Il s'est levé, il est resté même pas plus de cinq secondes debout qu'il est retombé coup sec sur le sol après. Là il bougeait vraiment plus, mais plus du tout. J'ai touché son front, il était pire que brûlant. J'ai appelé les ambulances et aussi Smaël quand même.

Des fois il m'gonfle Smaël. Il comprends rien de chez rien, à part si ça l'arrange. J'ai l'impression qu'il en rajoute. Là par exemple, j'lui explique la situation du tipeu et il m'dit d'le ramener chez lui. J'lui ai vite dégagé cette idée là d'la tête, Kader je le garde j'ai dit et j'ai qu'une parole moi. Que ça lui plaise ou non.

Avec le temps Kader c'était devenu comme mon ptit frère, mon fils même. Il veut absolument faire de la boxe alors il en fait avec Lyes, j'fais pas de boxe, j'aime pas l'sport. J'avoue que j'le gâtait grave, il voulait un truc il l'avait. Il dormait avec moi des fois, il faisait vraiment tout avec moi ça devenait grave. Il changeait, il tapait des crises de gosses et tout, et là vraiment il voulait plus m'lacher. J'disait rien quand il faisait des caprices, mais quand j'lai vu fumer (des clopes de MON paquet en plus), j'ai vu rouge.

J'avais envie d'le cogner.

« Moi : Kader donne moi vite une bonne raison tout d'suite, et qui vaut, pour pas que j'te défonce là maintenant.
K : ...
M : Vite.
K : Ness wAllah..
M : Nan jure pas, jure pas. Tu t'fous d'moi ?
K : Nan..
M : Alors tu m'fais quoi là ?
K : J'veux faire comme toi..
M : Kader, écoute bien, j'suis pas un exemple, faut pas faire comme moi. Tu crois que moi ça m'fait plaisir d'être comme ça ? Tu crois ça m'fait keaffer qu'les gens flippent de moi ? Tu crois quoi, que ça m'enjaille qu'on m'prenne pour un monstre, une légende ? Nan, j'prends sur moi c'est tout. J'suis pas un putain d'exemple, faut pas Kader, faut pas jt'ai dit. »

Faut qu'il ai un avenir prometteur pas qu'il fume qu'il tue et qui s'amasse des millions d'blé dans l'illégalité.. J'ferait c'qu'il faut pour qu'il reste droit mon Kadz, et si c'est les coups qu'il faut donner, j'suis prête à l'faire, il m'détestera sur le moment, mais plus tard il m'remerciera. Parce que la rue c'est traître, elle te charme comme elle peu, alors qu'elle pourrait donner ta vie contre une nouvelle qualité d'teushi. La rue elle t'apprends pleins de vices sans t'préciser que les pires viennent d'elle, elle t'apprends des principes sans t'avouer qu'elle elle en a aucun.

La rue nous forge nous inculque de vraies valeurs ? Ah bon ? Mais quel valeurs on a sans mentir ? On est tous prêt à tirer sur celui qui nous douille 10g alors qu'on vends des kilos par jour. C'est ça avoir des valeurs ? Et j'en parle comme si j'étais hors du lot alors que j'suis la première à tout retourner pour un gramme perdu.

J'suis allée dans mon bureau, j'y réfléchissait. Kader c'est mon espoir hors de question qu'il sombre..

« Bilel : Nessquik t'as d'la site-vi.
M : *rires* C'est pour ?
B : *rires* Le bizz, j'fais monter ou quoi ?
M : Ouais ouais. »

Trois coups frappent à ma porte. J'gueule "entrez", la porte s'ouvre, et devinez qui s'est pointé dans mon bureau.

Quelle charmante visite.

Nan mais je rêve sérieux qu'est ce qu'il fou là ? En l'voyant j'suis direct tombée en fou rire. Un vrai fou rire, totalement.. Nerveux. Ouais voilà, j'riait de nervosité. Parce qu'au plus profond de mon être mon passé revenait brutalement, il ressurgissait et ça m'énervait royalement, à l'intérieur de moi même je bouillonait.

Ce passé j'essayait d'oublier, ce passé que j'pensait avoir enterré..

Lui il était là, devant mon bureau, toujours avec son air fier alors qu'il a des cernes qui touchent le sol.

« Moi * Qu'est ce que tu fou là ?
Lui - Belle baraque en tout cas.
* Abrège.
- J'veux du taf.
* T'as pas honte ?
- Ness..
* J'vois pas pourquoi jtaiderait vu que quand j'avais besoin d'aide t'étais pas là Samir. Ni toi, ni Elyna.
- Parce que j'suis endetté d'tout-par, j'vais pas laisser mon fils sans rien l'autre conne elle travaille pas ! Ness wAllah faut qu'tu m'aides..
* *rires* C'est mon dos tout ça ? J'ai quelque chose à avoir là dedans moi ?
- ..
* J'ai changé ? J'te fait peur ? J'suis devenue un monstre ? J'ai pas de coeur ?
- Tout.
* Quand ma mère est décédée t'as fait quelque chose toi ?
- Nan..
* T'étais trop occuper à baiser Elyna pour voir que j'allais mal. C'est con ça.
- Aide moi à m'en sortir, pour mon fils..
* Demain tu reviens ici, à la même heure, j'vais te caser sur le prochain coup j'pense. J'veux pas de merci ni rien Samir, lève toi vite et sort d'ici c'est tout. »

Il s'est levé, et s'est dirigé vers la porte. Avant d'partir il m'a quand même dit merci.. Il me soule aussi lui. Si il fait rien de louche, j'le garde, sinon, j'le fume. Le discours du daron sous les dettes c'est connus donc stop deux minutes. Ptetre qu'il disait la vérité parce qu'il avait les larmes aux yeux, mais honnêtement j'men fou. J'ai peut être une part d'humanité finalement.

Quand j'y pense, quand j'étais au plus bas, le seul à avoir été là c'était Smaël. Quand mon frère est tombé, il était là pour ma mère et moi. Quand j'voulais m'faire des thunes j'lai forcé à m'trainer où il vendait, pourtant j'suis sur que c'est pas ce qu'il voulait. Quand ma mère est tombée malade il était là, quand j'étais dans le coma, quand elle décédée, pareil il était là aussi. Avant j'étais dans ma ptite bulle, j'avais de beau projet pour mon futur, mais la dure réalité m'a rattrapé et m'a montré ce monde de brute.

Coeur de pierre, vie, mort, égoïsme, homme.

« Macabre est mon macadam. »

Macabre est mon macadam.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant