5 - Bam.

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J'avais mis la radio à fond, pendant que je jouais à la wii, et tout s'est éteint. D'un coup. Là, j'me suis rappelé que ma mère avait pas pu payé.. Manque d'argent oblige hein.

C'est en partie ma faute parce que je compte pas le nombre de fois où elle m'a dit d'aller chercher un travail.. Et je l'ai jamais fait. Je l'ai laissé seule dans sa merde pendant que je fumais à droite à gauche avec un mec encore plus tordu que moi. Je me sentais bête, j'me sentais vraiment bête. C'était tant pis pour moi, j'allais vraiment la connaître la hess. En fond en comble même.

J'suis qu'une putain d'égoïste.

Ça sonne à la porte, j'me dépêche pour aller ouvrir et c'est Smaël..

Je le fixe sans rien dire.

Lui - Pose là ta question.
* Qu'est ce que tu fous là ?
- Je sais pas.
* Fais moi rentrer là où t'es.
- De quoi tu parles ?
* Ton réseau, ton gang. Ce qui te rapporte de la maille.
- Tu sais dans quel monde t'essaie d'entrer ?
* Celui de la survie.
- Celui du vice Ness.
* J'ai besoin d'argent.

J'hésite, et pour la première fois de ma vie j'ai peur. Peur d'échouer, de finir au placard. Peur de perdre les personnes que j'porte dans mon cœur. Peur de vivre, de mourir, d'aimer, de faire confiance. Pendant que je réalisais tout ça, il était déjà parti. Je referme la porte et me laisse tomber contre celle-ci. Je réfléchis un moment et regarde l'heure sur mon téléphone. C'est bizarre que j'sois encore seule parce que normalement ma mère est déjà rentrée depuis longtemps..

J'appelle sur son portable, ça sonne, ça sonne > messagerie.

J'réessaie, toujours la même. J'appelle à son travail, et ils me disent qu'elle à finit son service y'a longtemps..

J'cherche même pas à savoir, j'appel la police directement. Ma mère c'est ma vie, donc pour la trouver j'ferai n'importe quoi. Ils m'disent qu'elle est à l'hopital, qu'une voiture l'a percuté quand elle sortait pour régler la facture d'électricité.

Là j'me sent encore plus conne. Comment on peut être aussi débile ? J'suis qu'une fille indigne. J'essuie mes larmes, ça sert à rien de pleurer, c'est fait c'est fait. C'est une perte de temps de regretter, je cours après la montre je vais pas me permettre de perdre du temps. J'sors en pyjama j'en ai totalement rien à foutre. Je sors un salem général aux teneurs de murs, pas l'time d'les saluer un à un. J'marche vite, puis finalement j'cours vers l'arrêt de bus.. Le prochain qui va à l'hopital passe dans trente minutes. J'attends ou pas ? Si jamais j'attends, imaginez c'est les trente minutes de trop ? Et si jamais j'attends pas, j'y vais comment ? Un sentiment qui m'est inconnu s'empare de moi encore une fois, la peur. J'ai pas quatre mille solutions, j'dois aller demander aux gars s'ils peuvent me déposer. J'demande gentillement avec la ptite mine de la meuf en detresse ils me regardaient tous comme si j'avais demandé vla l'oseille. Même après avoir dit que c'était pour aller voir ma mère.. Aucune entraide dans s'quartier de merde ! Sur le coté je vois Elyna et Samir, eux carrément ils ont fait mine de pas me voir, de pas me reconnaître.

Je dois avouer que ça m'est resté en travers de la gorge. Je regarde toute cette foule avec un regard horrifié.. Ça confirme bien ce que je pensait d'eux, je les hait.

J'y suis allée à pied.

On dit que les meilleurs partent les premiers, maman toi t'es la meilleure des meilleures ça veux dire que tu vas partir aussi ? Comment j'ai pu te laisser alors que j'te voyais tomber ? Il est trop tard quand j'me rends compte que j'risque de te perdre. Mais mieux vaut tard que jamais, pas vrai ? J'en ai des sueurs froides de te voir sur ce lit d'hôpital.

Je rentre comme je suis venue, à pattes. Je reste chez moi, assise dans le canapé. Je reçois des messages, des appels. D'un peu tout le monde, Smaël, Elyna, Samir. Samir me proposait d'aller manger, il s'excuse de ce qu'il dit il m'avait pas reconnu j'ai trop changé. En faite j'pense tellement à ma mère que j'ai pas la tête à manger.. Et puis j'étais en galère il a pas vraiment bougé le petit doigt pour m'aider alors c'est vraiment la dernière personne avec qui j'ai envie de manger.

Les mois défilent et c'est toujours pareil quand je vais voir ma mère.. Pleins de fils, pleins de machines autour d'elle. Le médecin entre et m'explique qu'elle est dans le coma artificiel parce que si elle était en vie son coeur l'aurait déjà lâché depuis belle lurette..

Ça fait un moment que je "travaille" mais aujourd'hui c'est mon premier rendez vous à la caserne, la caserne c'est un peu le QG. C'est Smaël qui m'emmène. Je dois vous avouer que c'est un endroit totalement abandonné, rayé de la carte même. Il tape trois coups sur une sorte de trappe en tôle, et la porte s'ouvre. On aurait dit la caverne d'Ali Baba, sauf que la pièce elle était remplie de gars, pas de trésor.

On passe par un couloir sombre, sombre comme la nuit, c'était un des couloirs les plus long et sombre de ma vie. A la fin on est arrivé devant une porte en bois, il a encore frappé trois fois, mais cette fois il m'a laissé seule. Un petit rectangle coulisse, une paire d'oeil me fixe, le rectangle se referme et la porte s'ouvre. J'vois trois gars, ou plutôt trois murs parce qu'ils sont quand même bien costaud.

Derrière le bureau c'est sûrement le patron, qui m'avait dit d'entrer et de m'asseoir d'ailleurs. J'fait ce qu'il me dit. On s'fixe dans les yeux, longtemps, au moins cinq minutes et il finit par me dire :

- Pourquoi tu baisse pas les yeux ?
> Parce que j'ai pas peur.
- T'as pas peur ?
> Nan.
- Même si j'fait ça ? (il pointe son arme vers moi)
> T'as quel intérêt à en tirer ? Aucun, t'auras un corps à cacher des alibis à trouver.. Ton crime est pas propre, c'est pas préparé. Baclé.
- Pourquoi tu veux travailler pour moi ?
> Besoin de maille.
- T'as quel age ?
> J'ai pas d'âge, j'ai besoin de maille.
- Pourquoi tu prends pas un taf ? T'es au courant que c'est pas pour les meufs ce genre de truc ?
- J'ai besoin d'argent c'est tout taf de meuf ou pas en fait.
> J'te passe cent grammes, la semaine prochaine tu reviens ici, même jour, même heure il doit plus rien te rester et normalement tu dois avoir mille balle, tu m'donneras cinq-cent et tu garderas le reste. Allez bouge.
- Bah donne moi le sachet déjà wesh.

(il ouvre un tiroir et me tend un sachet de poudre blanche)

J'me lève et pars, elle est insupportable sa présence. Il pose trop de questions, gars j'ai besoin d'argent c'est tout y'a quoi de plus à savoir ? Devient pas une migraine comme ça, y'a pas d'intérêt.

Quelques jours après j'avais vendu la totalité de la came, donc rebelotte, retour à la caserne. Cette fois ci c'était presque vide, ça paraissait encore plus flippant.

> T'as perdu la marchandise ?!
- (je rigole et lui sort les mille balle) Fais confiance un peu.

Au final il m'a laissé les mille euros. Une semaine mille euros. Une semaine, juste une. Sept putain de jours m'ont ramené mille balle..

Si ça c'est pas la classe mon gars.

« Macabre est mon macadam. »

Macabre est mon macadam.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant