Sentant à peine les rayons du soleil flirter avec son visage pâle, Emma se leva d'un bond pour sortir de son lit. Un sourire accroché aux lèvres, elle sortit en coup de vent de sa chambre pour ouvrir en grand celle de son amie brune. Ne distinguant pas la chevelure en dehors de la couverture, la blonde plongea tel un rapace sur sa cible. Son corps s'écrasa contre celui de la serveuse, lui arrachant un cri de surprise mélangé à la douleur. Alors qu'elle se débattait pour échapper à cette masse qui faisait de plus en plus pression, des rires firent irruption au-dessus des draps. Ruby arriva finalement à s'extirper, retrouvant une Emma avec les larmes aux yeux, un rictus au coin de chaque commissure et les bras enroulant son ventre.
– Ça te fais marrer de m'écraser dès le matin ? bougonna la serveuse en s'enfouissant de nouveau dans la couette.
– C'était tellement drôle de te voir gigoter comme un vers ! s'esclaffa la blonde en calmant son rire.
– Super..., répondit froidement la jeune femme, enfonçant son visage contre l'oreiller.
Voyant l'inexistante bonne humeur de son amie, Emma resta stoïque l'espace d'un instant. Cette dernière finit par se pencher vers la brune, découvrant son visage recouvert par des traînées humides.
– Pourquoi tu pleures ?
– Pour rien, c'est rien.
– T'as déjà oublié ce qu'on s'était dit ? piqua-t-elle malicieusement. On doit toujours être là l'une pour l'autre, et qu'on devait-
– Tout se dire, compléta-t-elle dans un souffle. Je déteste cette foutue phrase, grogna la brune.
– Moi aussi, ricana doucement la jeune femme avant de s'allonger en face d'elle. Allez, dis-moi ce qui te chiffonne.
Ruby rumina un moment, grattant nerveusement la peau autour de son ongle. Elle reprit calmement sa respiration, effaçant en même temps les perles d'eau salée qui roulait contre ses joues.
– Je suis partie chez Dorothy hier soir après que tu sois sortie du diner, commença-t-elle lentement. Sauf que j'étais en colère, en colère pour le mal qu'elle t'a fait et aussi parce qu'elle m'a prise pour une conne.
L'impulsion donnée au dernier mot fit faiblir la blonde, ressentant toute la haine et la tristesse logée dans l'être tout entier de la serveuse.
– Je n'aurais sûrement pas dû faire ça, mais, lorsque je suis rentrée, j'ai déversé toute ma rage sur elle. Je m'en veux tellement, si tu savais..., expira la serveuse en ravalant ses sanglots.
– T'en vouloir pour quoi ? T'as fait ce que tu devais faire, la rassura la jeune femme en gardant une légère distance entre elles.
– Je m'en veux parce que j'ai rien vu, s'agaça la plus âgée. Il y avait des trucs qui clochaient, comme la fois où j'ai trouvé une veste en cuir qu'elle n'avait jamais portée. Elle doit sans doute être à cette saleté, argua-t-elle en serrant du poing.
– Tu pouvais pas le savoir, Rub', essaya doucement la blonde.
– Peut-être, mais j'aurais dû Emma ! s'exclama durement celle-ci, avant de reprendre fragilement. Pour finir en beauté, j'ai rompu avec Dorothy par la même occasion et... Et ça me fait mal putain.
C'est dans cette ultime confession que Ruby fondit en larmes, cachant brusquement son visage dans les draps. Face à cette réaction, la blonde ne sut que faire, complètement paralysée. Mais alors que les pleurs continuèrent, ses yeux parcoururent vaguement la pièce, arrivant à une chaise installée dans un coin. Après plusieurs papillonnements, une silhouette se dessina sur l'assise, faisant apparaître une élégante femme habillée d'une robe bordeaux. Sa belle brune était là. Elle la revoyait dans cet imposant sofa, l'encourageant à répondre à l'étreinte de son fils. Et en cet instant, c'est exactement ce qu'elle reproduisit. Alors, avec un léger sourire aux lèvres, Emma se décida et vint tendrement enlacer son amie pour la réconforter.
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Sous toutes ses faces
FanfictionAprès plusieurs années passées derrière les barreaux à cause de problèmes psychologiques, Emma est obligée de prendre rendez-vous avec une professionnelle : le Docteur Mills. Et rien ne risque d'être facile, bien au contraire. Mais c'est avec patie...