Chapitre 26 : Sous pression

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– Monsieur Hopper.

Ses paumes claquèrent contre la surface boisée, faisant faire volte-face au rouquin qui avait les yeux comme hypnotisés sur son écran.

– Oui, Docteur Mills ? fit-il d'une voix légèrement ébranlée.

– Prévenez-moi lorsque mademoiselle Swan arrivera au cabinet, ordonna rapidement la brune en commençant à partir, alors que l'homme se leva pour la suivre.

– Aucun problème, mais puis-je savoir la raison de votre demande ?

Atteignant la cage d'escalier, la jeune femme se retourna pour tomber nez à nez avec le réceptionniste dont les pommettes prenaient une couleur rosée. Son comportement fit rouler d'exaspération les yeux de la concernée, d'autant plus agacée par la situation.

– Ce n'est pas une demande que je vous fais là, mais bien un ordre, monsieur Hopper. Alors j'aimerai simplement que vous fassiez ce que je vous dis, c'est bien clair ?

À cette réponse acerbe, il resta le bec cloué quelques instants, finissant par reprendre fébrilement :

– Très clair, Docteur Mills.

Satisfaite, mais surtout pressée, la psychiatre monta prestement les marches amenant à son bureau, refermant la porte où elle s'accouda tout en expirant bruyamment. Malgré la délicieuse nuit de Noël qu'elle venait de passer avec son amante, les méninges de Regina fonctionnaient à plein régime. L'appel de son supérieur la tourmentait bien plus qu'elle ne l'aurait pensé, tellement qu'elle s'était lâchement enfuie dès le réveil de la blonde, prise de nausée et de sueurs froides. Son bonheur était pourtant au bout de ses doigts, mais il fallait que ce crocodile remette tout en question avec de simples mots. L'amour l'avait tellement aveuglé qu'elle en avait oublié les conséquences de cette liaison : son métier était en péril.

Elle reprit contenance et se précipita à son fauteuil pour s'y asseoir mollement, massant durement ses tempes qui commençaient à être douloureuses. Il fallait qu'elle se calme pour essayer de trouver une solution à ce problème. Même s'il y en avait bien une, elle lui était tout bonnement inconcevable. Alors qu'elle malmenait le stylo coincé entre ses dents, la porte du cabinet s'ouvrit à la volée, laissant apparaître une tignasse dorée complément ébouriffée.

– Tu m'expliques ce qu'il se passe ?

La brune se tendit aussitôt à l'entente de cette voix si particulière à ses yeux. Elle allait passer un très mauvais quart d'heure, et elle le savait.

– Cet abruti n'est même pas capable de faire correctement son boulot..., siffla la psychiatre en sortant un carnet de son sac, préférant amplement s'y plonger.

– Pardon ?

Ses iris ambrées se levèrent une fraction de seconde pour s'ancrer à ceux de jade, légèrement décontenancés par cet aveu fait inopinément à voix haute.

– Rien, répondit simplement la brune en baissant le regard alors que des bruits de pas ricochaient aux quatre coins de la pièce.

À peine eut-elle le temps de reprendre son stylo-plume entre ses fins doigts qu'il lui fut subtilisé, se faisant durement claquer à l'autre bout de la table par la main frêle.

– Regina.

La concernée, dont la main vide planait dans l'espace, pinça brièvement le bout de ses lèvres tout en apposant son menton au creux de sa main, contrariée. Néanmoins, cette réaction ne passa pas inaperçue chez la blonde qui vit très clairement le changement si soudain de son amante, détonnant de la veille. Même si depuis ces derniers temps Emma avait réussi à faire un véritable travail sur elle, la jeune femme ne pouvait cacher une douce colère naissant au fond de ses entrailles.

Sous toutes ses facesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant