Sous toutes ses faces

Chapitre 20 : À cœur ouvert

Le café noir lui brûlant les papilles, elle expira de contentement avant de ressentir la chaleur se propager dans tout son être. Ils venaient de revenir de la bibliothèque comme d'habitude, empruntant un nouvel ouvrage coloré. La propriétaire fut ravie de voir le petit garçon s'émerveiller sur le livre qu'elle lui conseillait, faisant fondre sa mère par tant de mignonnerie. C'est pour cette raison que le jeune Mills s'était précipité à l'étage, esquivant de peu les remarques de son aînée pour ne pas être resté avec elle. Pour se réconforter, Regina avait préparé ce liquide brunâtre qu'elle adorait, ainsi qu'une part de tarte aux pommes de la veille.

Et en cet instant, entre deux gorgées, de larges commissures se formèrent au coin de ses lèvres. Ce sourire n'était dû qu'à une seule chose, qu'à une seule personne. Comme convenu, les deux jeunes femmes s'étaient retrouvées autour d'un repas, discutant de choses légères tout en flirtant comme des adolescentes. Cette bouffée d'oxygène avait grandement soulagé la psychiatre, retrouvant une nouvelle façon de vivre et d'aimer. Elle sourit naïvement en lisant le message à peine expédié de sa jolie blonde, écrivant une réponse tout aussi aguicheuse avant de lâcher son cellulaire, un air satisfait sur son minois.

Mais alors qu'elle terminait sa boisson chaude, quelqu'un toqua à la porte d'entrée. C'est tout naturellement que la brune se leva, passant une main dans sa chevelure, pour s'avancer jusqu'à l'endroit où provenait ce bruit. Sa main abaissa la clenche dorée, laissant apparaître une forte silhouette qui lui fit grincer des dents.

– Tu es complètement idiote ma parole ? explosa-t-il en marchant brusquement vers la jeune femme.

– Moi aussi cela me fait très plaisir de te voir, Robin, railla la concernée en fermant la porte dans son dos. Pourquoi viens-tu pour me dire ceci ?

– Peut-être parce que tu as oublié que Will est mon meilleur ami ? éructa le brun, faisant se décomposer le docteur. Alors comme cela, tu as porté plainte contre moi ?

– Je n'ai pas à me justifier, décida Regina en lui tournant le dos, allant jusqu'à la table de la salle à manger.

– Oh si justement, tu as des choses à me dire, fit-il en la rattrapant, la forçant ainsi à s'asseoir sur une chaise.

– Tu veux entendre que j'ai porté plainte pour enfin être tranquille, c'est cela ?

– Pourquoi aller jusque-là ? Hein ? Pourquoi ne pas simplement discuter ensemble ?

– Parce que je n'avais pas d'autres solutions, se défendit la brune en gardant ses pupilles ancrées dans celles remplies de fureur.

– Tu n'es qu'une sale égoïste ! Tu te rends compte ce que je risque par ta faute ?

– Moi, égoïste ? pouffa-t-elle légèrement. Excuse-moi, mais entre ton soudain penchant pour la boisson, tes menaces, tes remarques, mais surtout, tes mains devenues beaucoup trop baladeuses et violentes... Je pense avoir assez subi.

– Alors c'était pour cette raison que tu as voulu que l'on se revoie au parc la dernière fois ? C'était juste pour avoir une preuve supplémentaire sur ce que je te fais soi-disant subir ?

– Mais tu te fiches de moi ? s'indigna la brune en faisant de grands yeux. Tu as mis la misère à Emma en l'amenant dans ton piège à la noix juste... Parce que tu m'aimes ? Est-ce que tu penses vraiment que tout ceci était nécessaire ?

L'homme resta le bec cloué, avalant avec difficulté sa salive coincée le long de sa gorge.

– Tu ne crois pas que mon corps recouvert de bleus et de coupures ne suffit pas pour montrer le mal que tu m'as fait ? reprit-elle durement, laissant le trentenaire muet.